Aveyron : les clarisses disent adieu ce dimanche à Mur-de-Barrez

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  • Sœurs Monique et Marie-Joie dans le cloître avant de tourner la page en Aveyron.
    Sœurs Monique et Marie-Joie dans le cloître avant de tourner la page en Aveyron. oc
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Olivier Courtil

Fondé en 1653, le monastère Sainte-Claire ferme ses portes. Les sœurs donnent rendez-vous ce dimanche pour partager un dernier moment d’amitié.

La pétition symbolique sur internet contre la fermeture du monastère en dit long sur le lien noué au fil du temps entre le chef-lieu du Carladez et la population. Après 369 ans de présence, la barre tout aussi symbolique de moins de cinq religieuses au monastère, rend l’élection d’une abbesse impossible et clôture cette longue histoire. À cela s’ajoutent la dimension des bâtiments, l’âge et la santé des sœurs. "Cela fait quelque chose. Quand on est ici, on n’a plus envie de partir. Les paysages à contempler, l’oraison sur l’horizon, il faudra en faire le deuil", confie sœur Monique. Elle est arrivée à Mur-de-Barrez voici 42 ans en provenance de Saint-Antonin-Noble-Val, en qualité d’infirmière au centre de soins qui se trouvait alors en mairie, lieu du couvent des Franciscaines. Six ans plus tard, elle rejoint les clarisses rue de la Berqué pour faire office de cuisinière, infirmière, en charge de l’hôtellerie et de l’accueil. Avec 45 couchages, le monastère a longtemps accueilli des familles puis des couples, des personnes seules. Et un nombre incalculable d’âmes et de cœurs en près de quatre siècles en Carladez pendant lesquels le monastère a pu compter jusqu’à 37 religieuses.

Un accueil sans condition

Pour sœur Marie-Joie, la mère abbesse et la seconde religieuse présente encore au monastère, cette fermeture est la seconde qu’elle vit, après le monastère de Mazamet. " Je ne voulais plus de responsabilité après deux fermetures ", dit-elle pour annoncer son départ dans les Alpes-de-Haute-Provence. Et d’ajouter : " J’ai découvert ici une région merveilleuse avec un accueil sans condition. Il ne reste désormais que le monastère de Voreppe en Isère pour l’accueil. " Elle rappelle " qu’on peut reprendre une vie civile ou faire le vœu d’un autre monastère, qu’on est libre de choisir, de partir ensemble ou seule. " Elle a choisi de partir loin de l’Aveyron pour tourner la page et ne pas être trop marquée par les souvenirs qui reviennent fatalement à la surface. Comme l’accueil d’un motard sous la pluie à trois heures du matin, entre Noël et la Saint-Sylvestre, l’hiver dernier, par sœur Monique. Une prise de risque toujours face à l’inconnu. " On s’enrichit de l’autre ", répond-elle. Cette ouverture débouche sur cette journée de partage, ce dimanche avec messe à 10 h 30 en l’église Saint-Thomas-de-Cantorbéry, vin de l’amitié offert par la municipalité sur l’esplanade, repas au gymnase, et concert de Bruno Bonhoure à 18 h en l’église. " On ne pouvait pas partir sans rien faire ", résume sœur Monique.

Faire avec le cœur c’est toujours ce qui a dicté l’ordre des clarisses. " Le but, c’est la rencontre avec les gens, le lien d’amitié. " Au passage, les deux sœurs tiennent à saluer le père Soubrier. " C’est lui qui nous a accompagnés dans notre cheminement ". Un cheminement qui a pris la voie, samedi dernier, de l’ultime messe dans la chapelle du monastère. De l’émotion, nul doute qu’il y en aura encore ce dimanche. Les sœurs donneront un paquet de cartes postales à chaque convive, surtout leur sourire, leur joie, et leur éternel enthousiasme, à l’image du poème "Jeunesse" de Samuel Ullman qui fut accroché dans leur salle de restauration : " La jeunesse n’est pas une période de la vie, elle est un état d’esprit, un effet de la volonté […] Vous resterez jeune tant que vous serez réceptif. Réceptif à ce qui est beau, bon et grand. Réceptif aux messages de la nature, de l’homme et de l’infini. " Voilà qui explique leur longévité et celle du monastère à Mur-de-Barrez.

"C’est un coup dur pour la communauté religieuse et dans son ensemble, pour l’accueil, l’économie et le lien avec toute la population. L’enjeu est de préserver un projet d’intérêt général, avec toujours l’idée d’accueil et de transmission. On est vigilant demain pour ne pas voir l’installation d’une communauté religieuse sectaire.

Pierre Ignace, maire de Mur-de-Barrez

Pèlerinage le 8 septembre

Le pèlerinage du 8 septembre à Notre-Dame de Lez marquera la fermeture définitive du monastère. Des sœurs voisines de Bonneval, de Toulouse, et d’ailleurs accompagneront les clarisses en chemin. Le lendemain, jour neuf, le 9 septembre donc, les sœurs partiront dans leur nouveau monastère. Il est bon de préciser que la vente des biens est gérée par l’association Saint-Claire présidée par Jean-Pierre Trin, l’historien du village, pour être versé à la fondation des monastères. "Nous avons fait vœu de pauvreté, on renonce à tout bien. C’est la particularité des Franciscains et des Clarisses, que les sœurs manifestent leurs besoins et l’abbesse tient compte selon nécessité. C’est un garde-fou, la personne passe avant tout", concluent-elles. À noter que l’ordre des clarisses ne disparaît pas complètement en Aveyron puisque demeure le monastère, rue Sainte-Claire, à Millau.
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Les commentaires (3)
guinet Il y a 1 année Le 27/08/2022 à 11:32

Avec les royalties liés aux barrages hydroélectriques, les communes et communauté de communes du nord Aveyron n'ont aucun problème financier.
Elles pourront investir ce lieu afin de le préserver.

Mézac Il y a 1 année Le 27/08/2022 à 10:09

Les collectivités locales trouveront une utilité à ce lieu, après l'avoir racheté aux autorités catholiques... comme pour les écoles Saint-Pierre de sinistre mémoire.
Pour l'Église c'était une charge insurmontable... pas pour les contribuables de tout le Nord-Aveyron...
Saint-Pierre est en cours de restauration pour un coût exorbitant et une utilité très discutable.
Il fallait bien ôter ces épines du pied de l'Église.

Altair12 Il y a 1 année Le 27/08/2022 à 09:35

Que de générosité !
Que de don de soi !
Que de valeurs !