Incendie de Mostuéjouls dans l'Aveyron : "La forêt va mettre entre 70 et 80 ans à se régénérer"

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  • Des états des lieux sont dressés sur le terrain.
    Des états des lieux sont dressés sur le terrain. PNR -
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Jennifer Franco

Jérôme Bussière est chargé de mission biodiversité, forêts et zones humides au Parc naturel régional des grands causses.

Quel premier état des lieux dressez-vous sur la forêt touchée par l’incendie ?

Le feu fait partie de la vie de la forêt. Lorsqu’elle n’est pas perturbée par l’activité humaine, il peut y avoir des incendies qui, la plupart du temps, sont liés à la foudre. Cela fait partie du rajeunissement de la forêt. Le souci, c’est que dans un paysage habité, neuf feux sur dix sont d’origine anthropiques, que ce soit accidentel ou criminel.

Et c’est surtout la superficie qui est impactée avec une grosse inquiétude sur l’avenir. Après un feu, la forêt va se reconstituer. Cela va mettre entre 70 et 80 ans pour retrouver son état d’avant-incendie. Le jeune pin sylvestre essentiellement touché ici, va se recoloniser plus ou moins spontanément si on laisse faire.

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Combien de temps la forêt peut-elle mettre pour se reconstruire ?

Tout dépend de l’intensité de l’incendie et de différents critères. Le feu de Mostuéjouls est un sinistre qui a l’air d’avoir été virulent. L’inquiétude, c’est l’impact que cela a pu avoir sur le stock de graines disponibles dans le sol en profondeur. Mais notre grosse inquiétude, aujourd’hui, ce sont les impacts du changement climatique et du coup, des phénomènes à répétition empêchant la forêt de se réinstaller. À la place, c’est une autre végétation qui pousse. On le voit en Méditerranée avec les garrigues qui sont des fourrés arbustifs n’évoluant plus au-delà de ce stade-là. Aujourd’hui, c’est 7 % de la superficie de pins sylvestres dans le PNR qui est touché.

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Comment s’organise le diagnostic ?

Il ne faut pas se précipiter et analyser la situation. Nous avons été sollicités par la maire de Mostuéjouls pour apporter notre conseil. L’objectif est de faire un diagnostic général de la forêt avec l’ensemble des acteurs : l’Office national des forêts (ONF) pour la partie publique, et le Centre national de la propriété forestière (CNPF) qui accompagne les propriétaires privés. L’un des risques, ce sont les attaques de rongeurs. Le plus fréquent, c’est le sténographe. D’un côté, il y a des arbres qui ont brûlé. Et de l’autre, des arbres qui sont très affaiblis. Du coup, il y a des insectes qui vont en profiter. Cela peut donc impacter des arbres sur le secteur incendié. Mais aussi des arbres voisins.

À quel moment, un arbre est-il déclaré mort ?

En général, il faut attendre de voir si la nature reprend ses droits. Par exemple, sur le feu de Comprégnac en juin, on voit que des arbres (du chêne blanc, NDLR) ont encore des feuilles vertes sur la cime. On suppose qu’ils doivent être encore vivants mais affaiblis. Certains ont commencé à rejeter de la souche, c’est-à-dire à faire des nouvelles tiges. Donc, cela repart. Il y a tout un travail de diagnostic à réaliser pour identifier les zones les plus sinistrées et celles où se trouvent les survivants.

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Les commentaires (1)
Aquoibon Il y a 1 année Le 30/08/2022 à 23:10

A quoi bon replanter? Sans eau, ils ne pousseront pas !