Aveyron : de nouvelles tensions après des attaques de vautours

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  • Les vautours font partie  d’un vaste programme de réintroduction depuis plusieurs dizaines d’années.
    Les vautours font partie d’un vaste programme de réintroduction depuis plusieurs dizaines d’années. Archives ML - EVA TISSOT
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Mathieu Roualdés

Certains éleveurs et syndicats agricoles dénoncent de nouvelles attaques de charognards, devenus prédateurs selon eux. Cet été, le président du Département Arnaud Viala est monté au créneau en interpellant le ministre de l’Agriculture sur le sujet.

Si la sécheresse occupe à elle seule l’actualité agricole de ces dernières semaines, l’Aveyron, lui, s’est trouvé une autre bête noire : le vautour. Connu pour être un agent naturel d’équarrissage, il est de nouveau accusé par certains de s’attaquer à des animaux d’élevage. C’est ainsi que samedi 30 juillet, sur le parvis de la DDT (direction départementale des territoires) à Rodez, une poignée d’éleveurs "remontés" et soutenus par les syndicats ont jeté au sol trois cadavres de veau. Tués, selon leurs dires, quelques jours plus tôt par une attaque de vautours sur la commune de Vezins-de-Lévezou.

" Le soir, mon neveu et son gamin étaient allés les voir, tout allait bien. Mais le lendemain, j’ai reçu un appel de mon voisin me disant que des vautours volaient au-dessus de la parcelle, témoigne l’agriculteur. J’avais quatre veaux, le seul rescapé a été retrouvé tremblotant, il ne savait plus où il était. Mais j’en ai un qui a été attaqué presque entièrement par les vautours, et deux autres partiellement. Les vaches, elles étaient effrayées, elles bavaient, elles étaient en sueur, on voyait qu’elles avaient été poursuivies ". En mai 2021, sur cette même commune de Vezins-de-Lévezou, une éleveuse avait dénoncé une attaque de vautours sur l’une de ses juments. Impossible à vérifier, mais pour la FDSEA cela constituait déjà "l’attaque de trop". Pour le syndicat majoritaire, c’est certain : les vautours sont passés au fil des années de charognards à prédateurs. Une conclusion réfutée par plusieurs spécialistes de la faune qui, dans plusieurs études, expliquent que les vautours peuvent s’en prendre, dans des circonstances exceptionnelles, à des animaux très faibles et mourants, mais en aucun cas à des animaux en pleine santé. Leur morphologie et plus précisément leurs pattes ne leur permettrait pas, contrairement aux aigles, de faire vaciller de plus grosses bêtes…

Arnaud Viala prend position

Dans ce débat, Arnaud Viala, président du Département, et Jacques Molières, président de la chambre d’agriculture, ont tranché. La semaine passée, les deux hommes ont cosigné une lettre à destination du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. "Depuis le 28 juillet, plusieurs attaques importantes se sont produites sur le territoire du Lévezou et la commune de Vezins. Un éleveur a subi la perte de trois veaux, en très bonne santé. Sous le choc, il a suivi le protocole en appelant l’Office français de la biodiversité afin qu’il puisse constater l’attaque et prévenir les vétérinaires pour exercer les prélèvements nécessaires. Ils n’ont pu se déplacer que le samedi matin, soit deux jours après l’attaque. La direction départementale des territoires de l’Aveyron a également été alertée de la situation. Aussi, cette situation suscite de nombreuses problématiques. La première concerne le protocole et la réactivité insuffisante pour obtenir des prélèvements de bonne qualité. Avec les températures, il était indispensable que le vétérinaire puisse être sur le lieu des attaques plus tôt. Il est donc primordial que le protocole soit revu", écrivent-ils conjointement.

"Sur l’ensemble du territoire"

Avant de dénoncer le fait que l’un des derniers comités vautours avec les pouvoirs publics, à Rodez en juin 2021, n’avait été suivi "d’aucun avancement"… Des mesures de régulation furent demandées par le monde agricole à l’époque. "Les vautours s’attaquent à nouveau à des animaux vivants et en bonne santé. Ces actes soulèvent un problème de gestion du nombre de vautours sur le département de l’Aveyron et une prolifération trop importante. Le manque de nourriture engendre des déplacements de vautours qui s’en prennent aux troupeaux sur l’ensemble du territoire aveyronnais", assurent les deux élus, dans la lettre. Et à ces derniers de demander une indemnisation pour les éleveurs touchés, celui de Vezins-de-Lévezou en l’occurrence.

"Vous n’êtes pas sans savoir combien ces sujets sont potentiellement polémiques et suscitent des réactions d’incompréhension et même de rejet réciproque entre les éleveurs et d’autres catégories de défenseurs de la nature. Il ne faut pas laisser se déclencher ces antagonismes qui sont de nature à provoquer des incidents majeurs dans le monde rural", concluent-ils en demandant au ministre quelles actions ce dernier souhaite-t-il mettre en place dans le futur. Et de lui lancer une invitation à venir dans l’Aveyron.

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Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 1 année Le 02/09/2022 à 08:38

Ceux qui vivent la nature au quotidien subissent les mesures démagogiques prises par nos gouvernants pour complaire aux idéologies utopistes des bobos-écolos-citadins ! ! !