Logipren : le logiciel réunionnais qui sauve les prématurés

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    Logipren : le logiciel réunionnais qui sauve les prématurés
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BPI France

Le logiciel Logipren aide à la prescription de médicaments et de nutrition parentérale dédié à la néonatalogie et il équipe aujourd’hui deux tiers des hôpitaux français. Rencontre avec la fondatrice de Logipren. 

"En réanimation chez les nouveau-nés, 16 % des prescriptions comprenaient une erreur. Autrement dit, on se trompait une fois sur six !", a déclaré Béatrice Gouyon, médecin pédiatre en néonatologie et fondatrice de Logipren, lors de la remise des prix "10 000 startups pour changer le monde" qui pense le futur de la French Tech. En réponse à cette problématique, la société a développé un logiciel de prescription intelligente croisant les données des nouveau-nés et prématurés avec le médicament choisi pour proposer un protocole adapté. Aujourd’hui, deux tiers des hôpitaux français sont équipés du logiciel, ce qui en fait une référence dans le milieu de la néonatologie.

L'entreprise, répondant à un problème de santé publique, a d’ailleurs bénéficié de dispositifs de soutien européens, nationaux mais également d’aides spécifiques aux entrepreneurs réunionnais.

Big média : Comment vous est venue l’idée de créer Logipren ?

Béatrice Gouyon : Par la force des choses ! En 2005, mon mari, le Professeur Jean-Bernard Gouyon, et moi avons identifié un problème récurrent en France dans les services de néonatologie : celui des erreurs médicamenteuses, aux conséquences beaucoup plus graves chez les bébés que chez les adultes. Une prescription manuelle à destination des nouveau-nés prématurés sur six est erronée, la plupart du temps à cause d’un dosage administré trop important dû à un mauvais calcul, car le poids des nourrissons évolue tous les jours.

BM : Comment Logipren pallie ce genre de difficultés ?

BG : Le logiciel permet d’automatiser les calculs de dosage en fonction des paramètres de chaque nourrisson, notamment de son poids, son âge gestationnel mais également post-natal, réduisant considérablement le risque d’erreur médicamenteuse. Ainsi, il croise les données avec celles du médicament choisi et calcule la prescription : dosage, volume, dilution, rinçage etc. Logipren permet également la comparaison des prescriptions entre services hospitaliers, de manière anonyme, afin que les médecins puissent améliorer leurs pratiques grâce à l’enrichissement d’une base de données nationale d’études.

Opter pour un modèle économique pérenne en créant son entreprise

BM : Pourquoi est-il devenu nécessaire de faire évoluer votre projet de recherche en société ?

BG : Le projet de recherche a été amorcé grâce à des fonds apportés par des laboratoires pharmaceutiques à l’association de la société française de néonatologie. Initié à Dijon, il a ensuite déménagé au CHU de La Réunion, où David Gruson - le directeur de l’époque -, enthousiasmé par le projet l’a porté afin qu’il puisse bénéficier d’une subvention FEDER (fonds européen de développement régional) nécessaire à son développement.

Fin 2015, lorsque la subvention prend fin, une quinzaine d’hôpitaux étaient déjà équipés. Mais les demandes continuaient d'affluer. Il a donc fallu opter pour un modèle économique pérenne et moins dépendant de subventions publiques, d’où la bascule de Logipren en société privée.

BM : En quoi l’identité réunionnaise de votre projet a favorisé son développement ?

BG : A La Réunion, il y a moins de projets d’entreprise qu’en métropole. Lorsque l’on y propose un projet utile, viable économiquement et innovant, on est très vite repéré. Les charges sociales sur les salaires y sont également réduites, ce qui nous a permis de recruter plus de monde que si nous étions restés à Dijon. Le soutien du directeur du CHU de La Réunion a été précieux, donnant du poids au projet pour obtenir les subventions FEDER puis celles de Bpifrance, pour lesquelles l’antenne locale de Saint-Denis nous a accompagnés dans le montage des dossiers.

BM : Quelles sont les ambitions de Logipren ?

BG : Notre activité nous permet de facilement travailler à distance : la partie technique de Logipren est gérée depuis La Réunion alors que nous opérons dans tous les DROM (sauf Tahiti), en métropole, à Madrid et Rabat depuis peu. Nous équipons quasiment tous les services français de réanimation en néonatologie et nous souhaitons désormais élargir notre proposition vers la pédiatrie générale et les urgences pédiatriques. Nous démarrons également notre commercialisation en Espagne et bientôt au Royaume-Uni.

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