Paris. Grâce à Laurence Masukawa, Aveyron et Japon font très bon ménage en cuisine

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  • Laurence Masukawa a découvert le Japon en général et Tokyo en particulier en 1989 à l’occasion d’un stage étudiant. L’Aveyronnaise a eu un (double) coup de foudre, notamment pour Yoshio, devenu son mari en 1998. Ensemble, ils ont donné naissance au restaurant Chez André du Sacré-Cœur à Ningyocho, station de métro de la capitale japonaise.	DR
    Laurence Masukawa a découvert le Japon en général et Tokyo en particulier en 1989 à l’occasion d’un stage étudiant. L’Aveyronnaise a eu un (double) coup de foudre, notamment pour Yoshio, devenu son mari en 1998. Ensemble, ils ont donné naissance au restaurant Chez André du Sacré-Cœur à Ningyocho, station de métro de la capitale japonaise. DR
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Rui DOS SANTOS

Aveyronnaise d’origine ayant grandi à Montmartre à Paris, elle a goûté, jeune, au pays du soleil levant, avant d’épouser un Japonais et de créer, avec lui, dans une fréquentée station de métro de Tokyo, un restaurant baptisé Chez André du Sacré-Cœur, hommage à l’établissement parisien de ses parents.

Les séjours linguistiques peuvent mener à tout. à des stages professionnels, à un job aussi mais également, et c’est plus rare, à... l’amour ! Laurence Masukawa a goûté aux trois et son histoire a d’ailleurs fait la Une de "20h30 le samedi", l’émission de Laurent Delahousse sur France 2. Marie-Pierre Farkas, Alexandre Marcellin et Matthieu Houel, les trois journalistes de la chaîne du service public, ont ainsi permis, avec un reportage de 22 minutes, de faire plus ample connaissance avec cette Aveyronnaise d’origine qui a jeté un pont gastronomique entre l’Aveyron et le Japon.

Née à Paris, elle a grandi près de Montmartre. Sa grand-mère Germaine, qui venait d’Auvergne, avait le café-billard Au vrai cidre, situé rue de Steinkerque, où des parties de belote sans fin réunissaient les gens du quartier et où les conversations allaient bon train. "Montmartre ressemblait, dans les années 30, à un village, avec beaucoup de petits commerces, des drapiers et des merceries. C’était aussi l’époque des chansons de rues et des cabarets, rappelle, avec un grand sourire, la petite-fille. Ma grand-mère me parlait souvent du Japon quand j’étais enfant". Elle est intarissable sur le sujet : "Elle rêvait d’aller voir les cerisiers et le mont Fuji. Elle m’a donné l’envie de mieux connaître ce lointain pays".

Elle a alors découvert l’art et la musique japonaises grâce à des expositions dans la capitale, décidant, également, d’apprendre le japonais durant ses études de commerce à Lyon. Son premier séjour à Tokyo a eu lieu en 1989, dans le cadre d’un stage étudiant. "Je ne parlais presque pas la langue mais le président de la société Daiai, où se passait le stage, m’a beaucoup aidé à mieux comprendre ce pays si différent, se souvient-elle. J’ai poursuivi ma vie japonaise l’année suivante au sein de la société Mitsui Petrochimie, puis à l’université de Waseda".

Un hommage à ses parents

Au bout de trois ans, elle maîtrisait le japonais et elle a alors débuté sa vie professionnelle dans le consulting. Elle a travaillé à la Seric, société qui représente nombre de sociétés françaises au Japon, puis à J.D. Power Asia Pacific. C’est là qu’elle a découvert Shochikuan, un restaurant de sobas (nouilles japonaises), proche de son bureau : "J’aimais beaucoup cette spécialité locale et j’ai fait la connaissance de Yoshio, le fils de la maison, un jeune homme très sérieux". Elle n’imaginait pas du tout que cette rencontre aboutirait à... un mariage, célébré en 1998 ! "J’ai quitté l’univers du consulting pour revenir à mes origines, explique-t-elle. J’ai travaillé plusieurs années au sobaya. Elles ont été précieuses car j’ai appris le métier".

Avec son mari, Laurence Masukawa a ensuite décidé de donner naissance à son propre restaurant à Ningyocho, station de métro de Tokyo, qu’elle a baptisé Chez André du Sacré-Cœur, un vibrant hommage à l’établissement que ses parents tenaient à Montmartre et où elle a passé son enfance et son adolescence. L’histoire familiale s’est même répétée : quand André, fraîchement arrivé de son Aveyron natal, a été boire un café au bistrot Au vrai cidre, il a vu dans Lucienne, jeune étudiante en comptabilité tout en aidant ses parents au service, si appliquée dans son travail, sa future femme. Mariés quelques mois plus tard, ils ont repris le café, le transformant peu à peu. Ils y servaient des boissons mais aussi des viennoiseries, des plats du jour traditionnels, des desserts.

En un peu moins d’un quart de siècle, Laurence et Yoshio Masukawa n’ont fermé qu’à deux reprises : après l’explosion, en mars 2011, de la centrale nucléaire de Fukushima, ils étaient devenus la cantine de ceux qui n’avaient plus de quoi se nourrir. Et, pendant la crise sanitaire liée au Covid-19, ils ont baissé le rideau durant deux semaines. Heureux de reprendre, dès leur retour, les soirées musette dans ce bistrot avec des nappes à carreaux rouges et blancs, où les Japonais mangent avec des fourchettes et reprennent les chansons d’Edith Piaf au son d’un accordéon. Un autre monde !

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