Millau. "Interdiction de piétonniser mon boulevard", le cri de commerçants millavois mécontents

Abonnés
  • En ce jour de marché, derrière les étals du boulevard Sadi-Carnot, la grogne ne faiblit pas.
    En ce jour de marché, derrière les étals du boulevard Sadi-Carnot, la grogne ne faiblit pas. Photo C.C.
Publié le
Cyril Calsina

Une dizaine de boutiques ont affiché le message sur leur vitrine depuis vendredi.

Il n’est pas 11 h 20. Les maigres averses de pluie et de grêle ne sont pas tombées. Alors que le boulevard Sadi-Carnot grouille de monde, comme la plupart des vendredis matin, la colère s’affiche derrière les étals du marché. Scotchée à une dizaine de vitrines éparpillées aussi sur Bonald, une feuille A4 témoigne la colère de commerçants : "Interdiction de piétonniser mon boulevard" s’inscrit en capitales. Comme pour mieux souligner "l’erreur monumentale", selon eux, d’interdire les voitures sur ces deux artères.

À Poz salade, Mike songe à tout arrêter ici et déménager son bar à crudités. "Je suis à – 50 % par rapport à l’année dernière. Cela fait deux mois que je ne peux pas me verser de salaire, je puise dans ma trésorerie, je viens de recevoir la facture pour ma terrasse, je multiplie les PV sur ma voiture, j’ai perdu beaucoup de clientèle, on m’a volé… Bref, juillet et août ont été horribles. J’ai rencontré la maire, elle m’a promis que quelqu’un viendrait, mais personne n’est venu. Je me sens abandonné. Si ça ne change pas, je m’en vais de Millau. Vous avez vu les trottoirs larges du boulevard ! Ça ne sert absolument à rien qu’il soit entièrement piéton."

"Une prise d'otages"

À l’origine de cette foudre placardée, le patron de la bijouterie Canac ne souhaite pas s’exprimer. Pour lui, le message suffit, mais lance cependant un "c’est une prise d’otages." Et a même écrit à la maire : "Un grand merci Mme Gazel pour votre test de piétonnisation sur la période d’été. Une réussite du genre ! Vous avez réussi à vider le boulevard Sadi-Carnot de toute clientèle. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Du jour au lendemain, moins de 50 % de chiffre d’affaires et cela n’est pas en lien avec la météo, ni la crise actuelle, ni la lunaison… Car, pour votre gouverne, j’étais en hausse de chiffre d’affaires depuis trois ans sans interruption avant votre grand projet. Comme le dit le proverbe, seuls les imbéciles ne changent pas d’avis ou bien tardent à le faire. Ne réfléchissez pas trop longtemps dans vos réunions stériles."

Chez Arlabosse aussi, on affiche la couleur de la grogne. André-Guilhem Tuffery annonce une perte aux alentours de 20 % impactée par "la piétonnisation. D’autres sont à moins 50 % et, quand on arrive à des chiffres comme ça, ce n’est plus que la faute à la canicule ou au pouvoir d’achat. Ici, c’est un autre paramètre qui n’aide pas et n’était pas indispensable. Ce serait le contraire, j’aurais dit que j’avais eu tort. Je dis oui au geste pour la planète et aux générations futures mais, pour qu’il y en ait, il faut que les générations présentes puissent vivre." Pour le commerçant, l’effet ne se limite pas sur ce boulevard : "On le constate partout. Depuis dix jours, il fait moins chaud, mais le centre-ville reste vide l’après-midi. C’est un constat mathématique, très objectif. Il n’y a plus de vie."

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?