Rodez. Pénurie d'apprentis en Aveyron : "On va vers d’importantes difficultés"

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  • Pierre Azémar est allé à la rencontre de plusieurs artisans du département. Ici au côté de François Arnaud (à gauche).
    Pierre Azémar est allé à la rencontre de plusieurs artisans du département. Ici au côté de François Arnaud (à gauche).
Publié le
Philippe Henry

En visite chez plusieurs artisans du département, le président de la chambre de métiers Pierre Azémar fait le constat, partagé par de nombreux professionnels, que cette pénurie d’apprentis et de main-d’œuvre plus généralement pourrait mettre en difficulté le fonctionnement de certaines entreprises.

Tout au long de la journée de mardi, Pierre Azémar, le président de la chambre de métiers et de l’artisanat a rencontré plusieurs artisans dont les métiers sont aujourd’hui en tension.

Au début du mois de juillet, celui-ci alertait déjà sur la nécessité absolue pour certaines entreprises de trouver des apprentis ou des jeunes intéressés par l’alternance. Et ce, afin d’assurer un renouvellement des générations. Car "à ce rythme-là, il nous faudra plus de 60 ans pour renouveler tous les artisans qui vont céder leur entreprise. On va vers de grosses difficultés si on ne trouve pas plus d’apprentis. L’Aveyron compte un peu plus de 8 500 entreprises artisanales, pour 12 000 actifs", expliquait alors Pierre Azémar. Et en allant à la rencontre de ces artisans, le président de la chambre de métiers a pu vérifier, une nouvelle fois, ce constat.

Pour le traiteur François Arnaud, basé à Rodez, la situation est d’autant plus compliquée que "la saison redémarre bien. Après presque deux années où nous avons dû nous adapter, tout réinventer, nous avons désormais dû mal à trouver du personnel qui puisse rester pour assurer des missions".

Bien évidemment, certaines professions, comme la restauration, la mécanique ou encore le bâtiment, souffrent encore d’une image difficile. " Il faudrait également dépoussiérer celle du métier de traiteur. Car ici, on cuisine tout de A à Z. De l’entrée au dessert. C’est un formidable apprentissage pour celui qui veut toucher à tout", explique François Arnaud.

Dos rond

Même si le nombre d’inscriptions à la chambre de métiers et de l’artisanat de l’Aveyron est en hausse pour cette rentrée, de nombreux secteurs restent en tension. Le déficit d’image de certains métiers est en cause. Mais pas seulement. Pour Pierre Azémar il est aussi important d’ouvrir " les portes de nos entreprises, des artisans. Expliquer ce que l’on fait et que, bien souvent, les conditions de travail ne sont plus les mêmes que celles d’autrefois ". Surtout, " ce sont des emplois durables et non-délocalisables ".

D’autres freins existent, comme ceux de la mobilité ou de l’hébergement. Un internat pouvant accueillir une cinquantaine d’élèves a bien été inauguré au début de l’année 2021.

D’autres aides à la mobilité sont également débloquées par les institutions. Mais, "un tiers seulement de nos offres d’apprentissage sont pourvues, environ un quart dans le secteur des services, et je ne parle pas du secteur du bâtiment", déplorait, début juillet, Pierre Azémar.

Alors, en attendant de trouver des bras, les artisans s’adaptent, font le dos rond. "D’habitude, on pouvait trouver des étudiants qui pouvaient assurer certaines soirées, notamment le week-end, pour arrondir leur fin de mois. On cherche aussi désespérément des plongeurs. On ne trouve personne, poursuit François Arnaud. Malheureusement, ça ne fonctionne plus aujourd’hui. Je pense très sincèrement qu’on va droit dans le mur. Je ne vois pas comment on peut continuer comme ça encore longtemps."

La région Occitanie espère atteindre le nombre de 10 000 apprentis. "Nous n’en sommes plus très loin et l’État met en place des aides importantes pour les entreprises qui font confiance à un alternant – jusqu’à 5 000 euros pour un mineur et 8 000 euros pour un majeur", détaille le président de la chambre de métiers. Alors que le taux de chômage est au plus bas en Aveyron, cette pénurie de main-d’œuvre dans ces secteurs clés pourrait s’avérer pénalisante pour les entreprises de l’artisanat. "Certains se voient contraints de ne pas pouvoir répondre à des appels d’offres, en particulier dans le secteur du bâtiment, car ils n’ont pas les bras nécessaires pour cela", glisse Pierre Azémar.

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