Le parcours en Aveyron d'un certain Jean Moulin, "artiste, préfet et résistant"

Le préfet Jean Moulin a laissé une trace indélébile dans l’histoire du département. Un médaillon posé devant la préfecture, à Rodez, est là pour le rappeler. Aujourd’hui pourtant, le souvenir de cet homme qui a marqué l’histoire de France par son héroïsme a tendance à s’étioler et surtout, son rapport avec le département de l’Aveyron reste largement méconnu.

Ce samedi soir, aux Archives départementales à Rodez, en partenariat avec le Centre européen de Conques, la Société des lettres de l’Aveyron, et l’association des Amis d’Eugène-Viala et du Lévezou, se tient une conférence autour de la figure de Jean Moulin. Christine Levisse-Touzé, directrice de recherche associée à l’université Paris-Sorbonne, conservateur général honoraire du patrimoine de la ville de Paris, présidente du Conseil scientifique du musée de l’Ordre de la Libération, vient exceptionnellement raconter le destin de cet homme tout à la fois "artiste, préfet et résistant".

Élevé dans une famille républicaine, "il n’a eu de cesse de défendre, tout au long de sa carrière, ces valeurs qu’il avait fait siennes", rappelle Christine Levisse-Touzé. Préfet de l’Aveyron durant une courte période de neuf mois (20 mars-26 avril 1937 ; 20 avril 1938-21 janvier 1939), Jean Moulin n’en laisse pas moins une empreinte forte par sa pratique de l’administration qui, selon lui, "devait avant tout être vivante et humaine et que, pour ce faire, elle exigeait un contact étroit avec les populations et avec leurs représentants…".

Fan de Conques et du peintre Eugène Viala

Amoureux des arts et du patrimoine, le préfet de l’Aveyron va profiter de son séjour pour se rendre fréquemment à Conques, et notamment parcourir à bicyclette la route des crêtes entre Rodez et Conques, en sportif qu’il était. Un cliché où il pose avec sa mère à Conques, en décembre 1938, existe d’ailleurs.

Grand collectionneur d’art, il va s’enthousiasmer pour l’œuvre de l’aquafortiste Eugène Viala et nouer une correspondance avec son fils. Fin janvier 1939, il quitte l’Aveyron pour la préfecture d’Eure-et-Loir. La suite de l’histoire est connue. "Jean Moulin n’hésitera jamais à aller au bout de ses engagements et à rester fidèle à ses valeurs", assure Christine Lévisse-Touzé.

Le nombre de places étant limité, la conférence n’accueillera pas davantage de public, sauf ceux ayant déjà leurs places.