Opération Manticore : l’Aveyron sous le feu des combattants pour un exercice militaire de grande ampleur
Jusqu’au 10 octobre, dans le département et ceux limitrophes, une opération militaire de grande ampleur, baptisée Manticore, rassemble jusqu’à 3 000 hommes, 300 véhicules et une trentaine d’hélicoptères.
Dans les rues du village d’Auriac-Lagast, quelques véhicules militaires circulent et laissent difficilement entrevoir l’ampleur de l’opération militaire qui se déroule depuis le 12 septembre, et jusqu’au 10 octobre, en Aveyron et dans plusieurs départements limitrophes.
Un exercice d'ampleur
Non loin de l’église du bourg, l’un des centres opérationnels de cet exercice a été déployé depuis plusieurs jours. Baptisée Manticore, elle réunit plus de 3 000 hommes, 300 véhicules ainsi qu’une trentaine d’hélicoptères.
Derrière les barbelés et les militaires en armes qui filtrent l’entrée de la tente abritant les officiers en charge du renseignement, le lieutenant-colonel Stéphane, du 5e régiment d’hélicoptère de combat (RHC), basé à Pau, coordonne les opérations.
Un contexte international tendu
Dans un contexte international particulièrement tendu, cet exercice de grande ampleur doit permettre aux militaires de s’entraîner dans des conditions proches de la réalité des conflits actuels.
"Nous nous préparons à des combats de hautes intensités, explique le lieutenant-colonel Stéphane. L’objectif est également d’assurer une meilleure coopération interarmées, interalliée."
En effet, trois unités sont en première ligne dans cet exercice : le commandement des forces spéciales terre, qui "est chargé de conduire des opérations en zone ennemie et en toute discrétion", et notamment en centre-ville de Rodez où une opération de nuit devrait être menée, la 11e brigade de parachutiste qui se déploie sur la zone de combat grâce à ses parachutistes et, enfin, la 4e brigade d’aérocombat qui est la seule unité de l’armée de Terre qui emploie l’hélicoptère comme outil de combat.
Militaires espagnols
Sauf que face à la sécheresse, l’usage des munitions d’exercice et des feux de bivouac ont été interdits par la préfecture, jusqu’à nouvel ordre. Les militaires français fonctionnent en étroite collaboration avec leurs homologues espagnols et notamment ceux du 4e bataillon d’hélicoptères de manœuvre, basé à Séville. Dans cet exercice militaire qui se déroule sur plusieurs départements, Auriac-Lagast est devenu le point central des opérations qui sont menées 24 heures sur 24.
Par exemple, "nous préparons ce soir (hier soir, NDLR), une opération autour de la ville d’Issoire (Puy-de-Dôme). Cela peut paraître loin, mais c’est le propre des hélicoptères de combats. Nous avons la capacité de conduire des actions dans la profondeur. Ce que nous appelons sur le deuxième échelon de l’ennemi. Sur des forces qui ne sont pas encore engagées au contact mais qui pourraient nous concerner d’ici plusieurs jours, voire plusieurs semaines , détaille le lieutenant-colonel Stéphane.
"Préparer au combat de haute intensité"
L’exercice est défini à partir des renseignements obtenus sur le terrain, planifié sur les cartes d’état-major affichées sous la tente du centre opérationnel. Son objectif premier est de préparer les militaires à ce qu’ils nomment donc "le combat de haute intensité. Il s’agit d’un combat qui pourrait opposer des forces armées qui seraient équivalentes. Nous nous y préparons déjà plusieurs années. Nous suivons une feuille de route qui nous amène vers un exercice majeur (lire encadré sur la page suivante) qui aura lieu en 2023".
Plusieurs spécialités associées
Deuxième point, Manticore permet de travailler "des savoir-faire de base qui sont essentiels au combat de haute intensité, en association d’autres spécialités. Nous associons les hélicoptères de l’armée de terre avec des fantassins, des logisticiens, des artilleurs", complète le lieutenant-colonel Stéphane.
Enfin, cette coopération avec les militaires étrangers permet "de travailler avec des alliés qui sont issus, pour la plupart des pays membres, de l’Otan. Nous avons une matrice, des codes et des procédures communes. Même si dans le détail, chaque pays a sa propre façon de travailler, cet exercice a également pour but d’affiner ces petits détails pour être opérationnel le jour où nous serons engagés ensemble", conclut le lieutenant-colonel Stéphane.
Concernant les effectifs déployés sur le terrain, deux tiers sont français et le reste issu des régiments espagnols. Les militaires communiquent entre eux en anglais.
Pour les militaires engagés sur cet exercice, "il n’y a aucun intérêt à se préparer à un scénario de conflit qui serait improbable, poursuit-il. Notre objectif est de coller au plus près de la réalité".
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