Assassinat à Millau jugé aux assises : "À la favela, ça boit et ça fume toute la journée"

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  • Me Arnaud Cagnac et Me Anabel Montels-Estève, avocats de la défense.
    Me Arnaud Cagnac et Me Anabel Montels-Estève, avocats de la défense. Centre Presse - Mathieu Roualdès
Publié le , mis à jour

Avant d'évoquer les faits  ce vendredi 23 septembre, la cour d'assises de l'Aveyron s'est penchée ce jeudi 22 septembre à Rodez sur la personnalité d'Alexandre Canet et ses fréquentations à Millau. Accusé d'avoir assassiné "un ami" dans la rue au mois d'août 2019, sur fond de jalousie, le quadragénaire encourt la perpétuité. 

C’est un milieu où chacun a son surnom. Il y a "Vinz", "Tonton", "le Vieux" ou encore "Mycose". Alexandre Canet, lui, n’en a pas. Il se fait simplement appeler "Canet" et on le reconnaît à ses nombreux tatouages : une hirondelle sur le cou, une phrase sur l'arcade sourcilière, une lune sur une main, des dates sur l'autre. Au début des années 2010, lorsqu'il quitte Rodez pour Millau, il découvre "la favela". Dans la cité du gant, c'est le surnom qu'on donne à un immeuble de fortune situé à deux pas de la gare. Dedans, à la faveur de loyers abordables, s'y côtoient misère sociale, toxicomanes, petites frappes... Et personne ne fait secret du trafic de stupéfiants qui s'y déroule. 

Quand il y emménage, Alexandre Canet a déjà plusieurs années de détention à son actif et un parcours ancré dans la délinquance. Au tribunal de Rodez, tout le monde le connaît et rares sont les magistrats qui n'ont pas déjà eu affaire à lui. À Millau, il s'installe avec Audrey, sa nouvelle compagne. Il ne cache pas qu'elle est "alcoolique". Lui se définit davantage comme "toxicomane". Sa première consommation de cannabis remonte à ses 12 ans, l'héroïne puis un fort traitement de substitution ont rapidement suivi... "La favela" n'est pas vraiment le meilleur endroit pour s'en sortir. "On y boit et on y fume toute la journée, il y a toujours des embrouilles, des ragots", résume un habitant.

"Je règle Vinz et toi après"

C'est ici qu'Alexandre Canet fera la connaissance de Vincent Schubert, dit "Vinz", quelques mois avant de lui porter un coup de couteau fatal à l'abdomen, le 10 août 2019 à proximité de la rue de la Capelle. Les deux hommes s'entendent bien, se dépannent en drogue et aiment partager un café avant d'errer dans les rues de Millau. Mais en février 2019, à "la favela", un bruit court. On dit que lors d'une soirée arrosée, Audrey a trompé Alexandre Canet avec "Vinz". Entre eux, les relations se tendent. Jusqu'au 9 août, où tout dérape... Ce vendredi-là, les policiers millavois sont appelés pour un différend conjugal dans la rue. Il s'agit d'Audrey et d'Alexandre. Elle est conduite à l'hôpital, un médecin lui prescrira 15 jours d'ITT. Le lendemain, elle dépose plainte. Devant les enquêteurs, elle raconte que l'histoire de jalousie a ressurgi au sein du couple. Son compagnon l'aurait alors menacé de mort avec un couteau avant de l'étrangler et de la frapper à coups de poing.

On est samedi 10 août. À 15h32, Audrey reçoit un message : "Je règle Vinz et toi après". Alexandre Canet est chez Patrick, dit "Tonton", lorsqu'il l'envoie. Une demi-heure plus tard, un deuxième message est envoyé : "C'est clair, je suis dangereux. Il vient de prendre un couteau dans le bide". Puis un dernier message à 16h28 : "J'ai les flics au cul, t'es contente !" Alexandre Canet est arrêté peu après 18 heures, sur les berges de Millau, en compagnie de son ex-compagne et de l'une de ses filles. Il est dans un état second. Les analyses révèlent un taux d’alcool de 1,58g/l, la présence de cannabis, de Subutex, d'antidépresseurs et d'anxiolytiques... "Vinz" décédera un mois plus tard des suites de ses blessures au centre hospitalier de Lapeyronie à Montpellier. Il avait 44 ans et trois enfants.

"Je ne suis pas une mauvaise personne"

"C'était un ami", a rappelé l'accusé, hier au terme du premier jour de son procès consacré à sa personnalité. Avant cela, il a semblé groggy de médicaments dans le box où ses paupières tombaient régulièrement à l'évocation de sa vie. "Je n'ai jamais su parler de moi. Je ne suis pas une mauvaise personne. J'ai fait des mauvais choix...", a-t-il assuré. "Je n'ai jamais vu personne sortir indemne de la favela. Il n'y a que des toxicos, c'est un milieu pourri", avait témoigné juste avant la mère de ses trois enfants devant les jurés aveyronnais.

Ces derniers se pencheront plus précisément sur cette rixe mortelle aujourd'hui (vendredi, NDLR). Et sur la qualification pénale. Poursuivi pour assassinat, Alexandre Canet encourt la perpétuité. Mais lui comme ses conseils ont toujours nié la préméditation du geste, tout comme l'intention de donner la mort. 

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