Aveyron : entre Rodez, Paris et Montrozier, Pauline Roy met de la poésie dans le verre
Pauline Roy aurait pu mener une carrière classique dans les musées parisiens mais la découverte fortuite de la gravure sur verre a changé sa vie. Aujourd’hui installée entre la capitale et l’Aveyron, elle ne regrette pas son choix et s’épanouit tous les jours dans son art.
Si Pauline Roy est née à Paris, en 1976, c’est bien à Montrozier, sur le causse Comtal, qu’est situé le berceau de sa famille. Un village où, enfant, elle a passé toutes ses vacances avec ses nombreux cousins et où elle aime toujours revenir.
Arts graphiques et architecture d'intérieur
Après sa scolarité à la capitale, elle obtient le diplôme de l’école Penninghen en 2000 où elle a été formée aux arts graphiques et à l’architecture d’intérieur. Mais elle se destine plutôt à une carrière dans le domaine culturel, délaissant ainsi le côté créatif et artistique. Elle intègre ensuite l’école du Louvre où elle apprend l’histoire de l’art avant d’être embauchée, en 2008, au musée national des arts asiatiques Guimet en tant que chef de service de l’identité visuelle. Une carrière somme toute classique qu’elle aurait pu poursuivre…
"Le verre s’est imposé naturellement"
Mais ses mains la démangent. Elle découvre "par hasard" la sculpture sur verre, en 2018. "J’avais acheté tout le matériel pour m’amuser", se souvient-elle.
Une activité qu’elle exerce comme un hobby dès qu’elle a un peu de temps libre. "Pendant deux ans, je suis venue souvent en vacances en Aveyron pour graver. Je découvrais par moi-même."
Elle décide de quitter le musée en 2019, soit six mois avant le confinement : "Le travail au musée Guimet ne me plaisait plus." "J’ai alors réfléchi à ce que je voulais faire : libraire, fleuriste… Des métiers qui m’intéressaient. Mais le verre s’est imposé naturellement."
Chez Ver’Art à Rodez
Et le confinement, qui, en mars 2020, a paralysé le pays, a été pour Pauline Roy l’occasion de franchir le pas : "Je suis allée voir Ver’Art à Bel Air, à Rodez. Je leur ai demandé si je pouvais utiliser leurs machines. Ils m’ont ouvert leurs portes avec beaucoup de simplicité et de sincérité", se rappelle-t-elle.
"C’est là que j’ai gravé pendant 150 heures, à la main, le vase que j’avais fait souffler à Lyon par Vincent Breed, une "star" du soufflage." Ce dernier la présente au graveur Gilles Charbier, une référence dans son domaine. "Il faut de la chance pour percer des super rencontres", souligne Pauline.
"J’ai découvert un environnement hyper sain. Des gens sympas, hyper travailleurs et humbles. Ce qui me correspond tout à fait", insiste-t-elle. "J’adore travailler avec eux !"
"Et puis travailler en Aveyron, dans ma région de cœur d’où est originaire ma famille, et qui naturellement m’ouvre ses bras, c’est magique !", se réjouit-elle.
Après ce début plein d’envie et d’enthousiasme, tout va ensuite très vite pour la désormais graveuse. "J’ai participé au programme "Design et métiers d’art : créer, développer et pérenniser son métier d’entrepreneur" proposé par les Ateliers d’art de Paris" qui m’a permis d’être accompagnée durant 8 mois." La carrière de Pauline était lancée.
Première exposition et premières commandes
Et chaque jour la conforte dans son choix d’avoir quitté le musée et d’avoir osé persévérer dans la gravure sur verre. Elle continue donc d’apprendre et de découvrir ce milieu des artisans d’art où elle apprécie cette "solidarité incroyable". Elle est ainsi formée au sablage durant trois semaines dans l’atelier parisien du graveur sur verre Gilles Chabrier.
Les créations se multiplient. Pauline peaufine son art et expose en juin 2022 au Salon Révélation à Paris – "un des plus beaux salons des métiers d’art d’Europe" – au Grand Palais éphémère.
"C’est la première fois que je présentais mon travail, note-t-elle. Cinq pièces durant cinq jours. On rencontre énormément de gens, ça vous lance tout de suite, on entre dans le concret", insiste-t-elle. "Il faut apprendre à se vendre, répondre à des commandes…"
Aujourd’hui "installée" dans son activité d’artisane graveuse et conceptrice d’objets décoratifs et de mobiliers en verres, Pauline Roy passe en dizaine de jours par mois pour ses créations dans l’atelier de Ver’Art à Rodez.
D’ailleurs, avis aux propriétaires privés ou publics de lieux de culture : Pauline meurt d’envie d’exposer ses œuvres en Aveyron.
Et s’y installer définitivement ? "J’en rêve", sourit-elle. "On vient d’ailleurs d’acheter une maison à Gillorgues."
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