Près de 8 femmes britanniques sur dix ont subi des discriminations dans l'industrie musicale

  • La peur des représailles empêche souvent les victimes de parler des abus qu’elles subissent dans l'industrie musicale.
    La peur des représailles empêche souvent les victimes de parler des abus qu’elles subissent dans l'industrie musicale. Gorodenkoff / Shutterstock
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Le monde de la musique n’échappe pas au sexisme et au harcèlement sexuel. Un nouveau rapport de l’Incorporated Society of Musicians évalue l’ampleur de cette tendance inquiétante au Royaume-Uni. Malheureusement, il semblerait qu’elle ne fasse qu’empirer.

L’organisation britannique a mené l’enquête auprès de 660 personnes travaillant dans le secteur musical. Elle a constaté que 66% des répondants ont déjà été victimes de discrimination sur leur lieu de travail. Ils n’étaient que 47% à en dire autant en 2018.

Sans surprise, la grande majorité de ces discriminations étaient perpétrées à l’encontre de femmes, de personnes en situation de handicap ou issues d’une minorité ethnique. Ainsi, 82% des professionnels de la musique noirs, caribéens ou africains ont été harcelés par un supérieur hiérarchique ou quelqu’un ayant de l’influence sur leur carrière. "J'ai été confrontée à des comportements sexistes et à des intimidations à plusieurs reprises au cours de ma carrière. Cela fait 29 ans que je travaille dans cette industrie", a confié une victime à l’Incorporated Society of Musicians (ISM).

La peur des représailles empêche souvent les personnes concernées de parler des abus qu’elles subissent et de se tourner vers les responsables des ressources humaines des entreprises pour lesquelles elles travaillent. Ces derniers contribuent parfois à cette culture du secret en minimisant les agressions et discriminations qui leur sont rapportées, comme le révèlent plusieurs témoignages recueillis par l’ISM. "Les RH n'en tiennent pas compte. J'ai vu la même chose arriver à des collègues. Ils l'ont signalé et ont subi encore plus d'humiliations et de pertes d'emploi", peut-on lire dans l’un d’entre eux.

Les freelances sont plus susceptibles que leurs collègues salariés de ne pas dénoncer les dérives sexistes, racistes et validistes (discriminantes envers les personnes en situation de handicap) de l’industrie musicale. La raison ? Leur statut précaire. Beaucoup d’entre eux ne peuvent pas prendre le risque de perdre des contrats de travail en nommant publiquement leurs agresseurs.

A cela s’ajoute un manque de connaissances concernant les recours légaux qui s’offrent à eux. "Même s'ils décident de porter plainte, ils n'ont pas accès aux processus habituels que l'on trouve dans la plupart des entreprises, comme le département des ressources humaines, et ils n’ont donc souvent personne à qui s'adresser", déplore l’ISM dans son enquête.

L’organisme affirme que ces facteurs contribuent à créer un environnement de travail néfaste pour de nombreux professionnels de la musique, dans lequel "les agresseurs ne risquent aucune sanction". "Cela doit cesser. Les personnes victimes de discrimination doivent se sentir en sécurité pour se manifester et faire part de leurs préoccupations. Si nous ne provoquons pas ce changement culturel, rien ne changera", a déclaré Deborah Annetts, directrice générale de l'ISM.

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