À Manchester, un laboratoire teste les drogues des fêtards pour leur éviter des overdoses

  • Des étudiants en chimie de l’université métropolitaine de Manchester analysent les drogues trouvées sur les fêtards jusqu’à minuit, voire 2 heures du matin selon l’affluence.
    Des étudiants en chimie de l’université métropolitaine de Manchester analysent les drogues trouvées sur les fêtards jusqu’à minuit, voire 2 heures du matin selon l’affluence. Shidlovski / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - La prise de drogues chez les (jeunes) noctambules reste un grand sujet de préoccupation pour le monde de la nuit. Le Warehouse Project, un collectif spécialisé dans l’organisation de soirées, lutte contre ce phénomène inquiétant en faisant tester les drogues trouvées sur les fêtards en laboratoire.

Le laboratoire en question, Mandrake, est tenu par l’Université métropolitaine de Manchester. Il est le seul à bénéficier en Angleterre d’une homologation du ministère de l’Intérieur, selon The Sunday Times. Cette dérogation permet à des étudiants en chimie de l’université d’analyser les drogues trouvées sur les fêtards jusqu’à minuit, voire 2 heures du matin selon l’affluence. Ils photographient chaque échantillon confisqué, avant d’en tester la composition et la puissance.

L’ancien détenteur de l’échantillon est tenu informé des résultats de ces analyses, si elles ont révélé une anomalie ou une très forte concentration de substances stimulantes, entactogènes ou hallucinogènes. Par exemple, il recevra une alerte sur son téléphone si les tests du laboratoire d’analyse de drogue Mandrake ont permis d’identifier un "Blue Punisher".

Cette appellation renvoie à des pilules bleues contenant souvent de fortes quantités de MDMA (le principe actif de l’ecstasy). Le laboratoire Mandrake a précédemment découvert que certaines d’entre elles peuvent contenir jusqu’à 477 mg de MDMA, soit quatre à cinq fois la quantité habituelle que l'on trouve dans les pilules d'ecstasy. Un jeune homme de 19 ans, Harley Girven, a succombé à une overdose, en septembre 2021, après avoir consommé deux "Blue Punisher" lors d’une soirée du Warehouse Project.


"Les drogues sont là"

Face à l’ampleur du phénomène, le Warehouse Project a mis en place un système de notification via son application pour alerter les détenteurs des drogues analysées par Mandrake en cas de danger important, mais aussi toutes les personnes présentes à l’événement durant lequel les substances illicites ont été saisies. Cette application contient également des informations spécifiques comme les horaires de passage des DJ participant à la soirée, afin d’inciter un maximum de fêtards à la télécharger. Cette initiative semble porter ses fruits puisqu’elle avait été téléchargée plus de 117.000 fois deux semaines après son lancement, en septembre, d’après le Sunday Times.

Le Warehouse Project se défend toutefois d’approuver ou d’encourager la consommation de stupéfiants durant ses soirées. Il revendique une démarche pragmatique et préventive, comme en témoigne la présence de volontaires de l’organisation à but non lucratif W.E.L. Safe à chacune de ses soirées. "Toute personne qui dit organiser un événement de grande envergure, qu'il s'agisse d'une boîte de nuit ou d'un festival, et qui dit : "Eh bien, il n'y a pas de drogue ici", est soit a) stupide, soit b) en train de mentir. Les drogues sont là, alors nous devons en parler", a déclaré Sacha Lord, cofondateur du Warehouse Project, au quotidien anglais.

Et il y a urgence à agir. De plus en plus de jeunes Britanniques prennent des drogues dans un contexte festif, mais pas uniquement. Ils sont nombreux à utiliser ces substances pour échapper à leurs problèmes quotidiens, comme le révèle une nouvelle étude de l’association The Mix. Un tiers des 16-25 ans déclarent ainsi avoir consommé une drogue (de catégorie A, B ou C) au cours des douze derniers mois, contre 22% en 2021. Cette tendance inquiétante est amplifiée par plusieurs facteurs comme les tabous autour de la consommation de substances illicites et une méconnaissance autour des services luttant contre la toxicomanie. "Par conséquent, des centaines de milliers de jeunes souffrent en silence au lieu de se faire aider", regrette The Mix.

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