Aveyron : ils transportaient 120 kilos de pollen de cannabis cachés dans le réservoir

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  • Nouvelle audience de convoyeurs de drogue ce lundi au tribunal.
    Nouvelle audience de convoyeurs de drogue ce lundi au tribunal. -
Publié le , mis à jour

Deux transporteurs marocains, arrêtés le 20 septembre dernier sur le viaduc du Millau, comparaissaient ce lundi devant le tribunal de Rodez.

Les semaines se suivent et se ressemblent au tribunal de Rodez. Les années même pourrait-on dire. Les transporteurs de drogue, plus communément surnommés "les mules", arrêtés par les douaniers millavois se succèdent dans les salles d'audience. Seulement quelques jours après la condamnation d'un jeune espagnol à trois ans de prison pour avoir convoyé plus de 300 kilos de drogue, c'était ce lundi au tour de deux Marocains. Eux transportaient près de 120 kg de pollen de cannabis, dissimulés dans un caisson étanche qui flottait dans le réservoir de leur ensemble routier... Et encore une fois, la question a été posée au tribunal : "Doit-on remplir les prisons avec ces transporteurs, maillons faibles d'un réseau ?".

Pour les avocats, de l'Aveyron et d'ailleurs, la réponse est toute trouvée : c'est non. Souvent, ils regrettent que les investigations ne soient pas plus poussées et que les vraies têtes de réseau ne soient jamais retrouvées...

Depuis des années, en revanche, le ministère public a décidé ne pas faire de cadeau. Les réquisitions se comptent en nombre d'années. "Certes, la juridiction est habituée à ce genre de dossiers. Aujourd'hui, on pourrait presque se dire qu'une centaine de kilos, ce n'est pas beaucoup tant on a l'habitude... Mais je rappelle simplement la valeur marchande de ces produits : dans notre cas, c'est plus d'un million d'euros", a rappelé Léa Lardy, nouvelle substitut du tribunal, lors de l'audience de ce lundi. Avant de requérir quatre ans de prison ferme pour les deux convoyeurs. La juge Emeline Garde et ses assesseurs ont décidé autrement.

Il assume et dédouane son coprévenu

Il faut dire que cette fois, l'affaire était un peu particulière. En détention provisoire depuis le 20 septembre dernier, jour de leur arrestation, les deux hommes ont d'abord nié être au courant de la marchandise qu'ils transportaient. Mais ce lundi devant le tribunal, changement de version. Le plus jeune des prévenus, vivant à Tanger, "assume". "Ma mère est malade, j'avais besoin d'argent, on m'avait promis 3.000€ pour ce voyage. J'ai accepté, je regrette, je suis désolé". Surtout, "je ne veux pas envoyer un innocent en prison", dit-il, espérant ainsi voir son compatriote, avec lequel il n'a pas échangé un seul regard ni un mot, repartir libre de l'audience.

Ce dernier, âgé de 48 ans et père de quatre enfants - dont un serait policier au Maroc -, a toujours nié son implication dans le trafic. Selon ses dires, il avait accepté une mission pour livrer des fruits et légumes en Espagne. Et arrivé sur le continent européen, il a fait équipe avec son coprévenu qui l'a guidé vers la France et la région parisienne. Ce serait en Andalousie que la drogue a été mise dans le réservoir, assurent-ils tous les deux. Une version peu crédible pour l'accusation. "Ce Monsieur nous prend tous pour des imbéciles. Il ment. On a retrouvé 500€ en liquide sur lui, il prend avec lui un jeune homme dont il ne connaît même pas le prénom, on n'a aucun contrat avec la société de transport, durant le trajet le tracteur de l'ensemble routier est changé à plusieurs reprises et il ne s'interroge jamais", explique Léa Lardy. Derrière ses réquisitions, on imagine bien les pressions, voire arrangements au sein du réseau depuis le 20 septembre dernier afin de solder cette affaire... "Ces gens-là disent ce qu'on leur dit de dire, ils récitent. Par peur des représailles et parce qu'on sait que s'ils ne font pas de faux pas, leurs familles seront certainement mises à l'abri", ne cachait pas une avocate ruthénoise, la semaine passée encore.

Dans l'affaire du jour, le tribunal a relaxé le plus âgé des prévenus. Celui qui avait assumé sa participation a écopé de deux ans de prison. Il a été incarcéré à la maison d'arrêt de Druelle. Et a demandé à retourner dès que possible purger sa peine au Maroc. 

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