Carburants en Aveyron : "J'ai été facturé 60 centimes d'euros de plus par litre", dénonce un patron de station-service

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  • Jacques Vaysse est le président de la branche carburants de la Fédération nationale de l'automobile.
    Jacques Vaysse est le président de la branche carburants de la Fédération nationale de l'automobile. Centre Presse Aveyron - José A. Torrès
Publié le , mis à jour

Le garagiste Sud-Aveyronnais Jacques Vaysse, président de la branche carburant à la Fédération nationale de l'automobile, pousse un coup de gueule. 

En raison du mouvement de grève reconduit dans les raffineries Total et Esso-ExxonMobil, de nombreuses stations-service sont en rupture de stock ou en manque d'approvisionnement. Une situation aggravée par le fait que les stations-essence sont prises d'assaut par les automobilistes à la suite des ristournes cumulées du gouvernement (30 centimes d'euros) et de TotalEnergies (20 centimes d'euros).

Jacques Vaysse, le président de la branche carburants à la Fédération nationale de l'automobile, est garagiste à Salles-Curan en Aveyron. Son commerce est composé d'un atelier de réparation automobile, assure de la vente de véhicules neufs et d'occasions, le dépannage et possède une station-service en automate fonctionnant 24 h sur 24. 

Quel regard portez-vous sur le bras de fer entre les salariés d'un côté et de l'autre, TotalEnergies et ExxonMobil de l'autre ?

C'est injuste. C'est encore une fois les travailleurs qui sont pénalisés. On parle de la pénurie de carburants mais on ne parle plus du prix. Ma dernière livraison de gasoil date de vendredi 7 octobre. J'ai été facturé 600 € de plus le m3, c'est-à-dire 60 centimes d'euros de plus par litre. Vous vous imaginez ce que cela représente ! Nous avons payé le gasoil 60 centimes TTC de plus par litre. C'est fou. 

Les pétroliers font encore et toujours ce qu'ils veulent. Et c'est encore et toujours le Français moyen qui va être pénalisé.

Nous sommes à 2,329 € le litre de gasoil. Il y a quelques jours, nous étions à 1,729 €

Comment cette hausse se traduit-elle à la pompe ? 

Aujourd'hui, lundi 10 octobre, on se retrouve avec un prix du litre qui explose. Nous sommes à 2,329 € le litre de gasoil. Il y a quelques jours, nous étions à 1,729 €. Mais personne ne bouge. J'ai l'impression que les Français sont résignés. La question a changé. On ne me dit plus "c'est cher" mais "est-ce que vous avez du carburant ?" Et depuis quelques jours, malgré le prix, ma station-service commence à être prise d'assaut.

On ne me dit plus "c'est cher" mais "est-ce que vous avez du carburant ?"

Ont-ils vraiment le choix ?

Aujourd'hui, 95 % des automobilistes roulent avec un véhicule thermique. La voiture électrique ne pourra jamais avoir sa place. S'il y en avait autant que ça, il n'y aurait pas autant de files d'attente dans les stations-service. Pour moi, le véhicule électrique c'est de l'escroc-écologie.

Cette augmentation, c'est de la spéculation

Cette augmentation, c'est de la spéculation. Il faut appeler un chat un chat. Ce sont les gros pétroliers qui s'enrichissent depuis un moment, depuis le début de la crise. Il faut bien faire le distinguo. Un indépendant comme moi achète son carburant en raffinerie. Ensuite, je paye son transport puisque je suis indépendant. Comme le gasoil augmente, de fait, le transport augmente aussi. C'est le fournisseur qui définit le prix. Je fais deux chèques. Une enseigne Total n'est pas maître de ses prix. Cela s'affiche automatiquement sur son totem. Elle ne fait pas l'avance de carburant et est commissionnée sur un volume.

Ne pas laisser mes clients sans carburant surtout en milieu rural

Mon combat c'est de ne pas laisser mes clients sans carburant surtout en milieu rural. 

Risque-t-on réellement une pénurie ?

Si le conflit ne trouve pas une issue d'ici la fin de la semaine, oui il va y avoir de gros problèmes. Cela va coincer. Il n'y a que huit raffineries en France dont trois ou quatre sont bloquées. 

Pour l'instant, on ne limite pas la nuit mais j'y réfléchis

Envisagez-vous de fermer vos automates la nuit ?

Pour le moment, on ne limite pas, même la nuit. Mais en fonction de l'évolution de la situation, il se peut que je prenne la décision de fermer le soir pour éviter que les pompes se vident et que les gens créaient la pénurie. J'y réfléchis.

Cinquante centimes de moins, c'est énorme. Et moi, je viens de racheter mon carburant 60 centimes de plus

C'est le ravitaillement qui est compliqué. Il y a tellement eu de publicité faite à Total avec les 20 centimes de ristourne venant s'ajouter aux 30 centimes de l'Etat. Cinquante centimes de moins, c'est énorme. Et moi, je viens de racheter mon carburant 60 centimes de plus. Il faut arrêter ! C'est la preuve que le véhicule thermique n'est pas mort.

J'ai été contacté par les services de la préfecture. Ils suivent de très près l'évolution de la situation. Je pense que des mesures vont être mises en place. Généralement, lorsqu'il y a des soucis de carburant et qu'il nous reste une centaine de litres, je ferme la station la nuit car sinon, les gens se ruent et viennent même avec des bidons.

Avec, cette fois-ci votre casquette de président de la branche carburant de la FNA que vous êtes, des choses sont-elles prévues sur le plan national ?

Du 18 octobre au 22 octobre, va se tenir le salon Equipe Auto à Paris, portes de Versailles. Une conférence sur le carburant est prévue pour évoquer le sujet qui monopolise l'actualité. J'y participerai évidemment. Autour de la table, il y aura tout le monde, les pétroliers, les fournisseurs, etc.

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