Pénurie de carburants : hausse des prix, restrictions, un début de semaine galère aussi en région

  •  Il fallait s’armer de patience ce lundi dans de nombreuses stations pour pouvoir faire le plein.
     Il fallait s’armer de patience ce lundi dans de nombreuses stations pour pouvoir faire le plein. Midi Libre - SYLVIE CAMBON
Publié le
Yannick Povillon avec Jennifer Franco et Nicolas Drusian

La promesse d’Élisabeth Borne d’une amélioration dans la semaine risque d’être déçue. Elle a convoqué une réunion de crise ce lundi soir.

La situation se tend. Et l’amélioration promise par la cheffe du gouvernement est largement compromise depuis que les syndicats de TotalEnergies ont prolongé leur mouvement.

1. Des difficultés en région

Un bon vrai week-end de galère. En Occitanie comme dans le reste de la France, la pénurie d’essence se fait sentir et les files d’attente s’allongent. Autant que la grogne des usagers qui doivent souvent patienter plusieurs heures avant de pouvoir faire le plein. Si, à l’échelle nationale, le ministère de la Transition écologique persiste avec une estimation à 30 % le nombre de stations fermées, sur le terrain, le sentiment est bien supérieur.

2. Le remplissage de jerricanes prohibé

Si aucune mesure restrictive n'a été prise pour l'heure par la préfecture de l'Aveyron comme chez nos voisins héraultais, en revanche, la tension dans les stations-services se fait aussi ressentir. Ce lundi, il n'était pas rare de voir les files d'attente s'allonger à Rodez et dans les communes alentours. Des automobilites craignant de ne plus pouvoir faire le plein comme c'était le cas dans les Hauts de France et la région parisienne lundi.

A Rodez, lundi après-midi, c'est le bouche-à-oreille qui fonctionnait. Comme en témoignent Manuel, Mélanie, Victor et Anaïs. 

Dans l’Hérault, la réouverture de la station Netto à Castelnau-le-Lez a provoqué un important bouchon sur l’avenue de l’Europe, congestionnant totalement l’axe routier et provoquant d’importants ralentissements. La préfecture a pris un double arrêté. Le premier pour interdire le remplissage de jerricanes, comme c’est le cas partout en France dorénavant, afin "d’empêcher la constitution de stocks inutiles" d’essence. Et le second afin de réserver une file d’approvisionnement pour les véhicules des services prioritaires (police nationale, gendarmerie nationale, sapeurs-pompiers et véhicules d’urgence sanitaire (Samu, Smur, ambulances privées et véhicules sanitaires légers).

3. Réunion de crise

A Matignon Face à la montée de la colère des automobiliste, une réunion de crise s’est déroulée à Matignon lundi soir. Autour de la Première ministre, se trouvaient les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin, de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, des Transports Clément Beaune, ainsi que le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. La réunion de crise a été précipitée par la reconduction de la grève chez TotalEnergies, décidée dans la journée. 

4. La chasse aux bons plans

Pour trouver de l’essence, chacun s’organise comme il le peut. La plupart des automobilistes se réfèrent au site internet penurie.mon-essence.fr, qui tente de recenser les stations ouvertes et celles qui sont fermées. Et pour celles qui sont accessibles, quels carburant on peut y trouver. Dans l’Avyeron, on fait marcher le bouche-à-oreille pour connaître les bons plans, rapporte Centre Presse. De nombreux automobilistes n’hésitent pas à tenter leur chance dans la nuit.

5. Des prix à la pompe en hausse

Comme si la pénurie annoncée ne suffisait pas, les prix des carburants repartent à la hausse. C’est le cas en particulier du gasoil et du SP95. Selon le ministère de la Transition énergétique, l’essence a augmenté de 7,3 centimes en une semaine. Celui du gasoil de 10,78 centimes ! Le spectre des 2 € par litre revient. Et peut-être davantage une fois les aides gouvernementales arrêtées. Une hausse due au relèvement du prix du baril à 92,70 $, la semaine dernière couplé à l’annonce des pays de l’Opep de réduire leur production à venir. « Je le dis très clairement : nous n’accepterons pas que certains profitent de la situation pour faire gonfler artificiellement les prix », a prévenu la ministre Agnès Pannier-Runacher.

A lire aussi : Carburant : pour trouver de l'essence à Rodez, on fonctionne avec le "bouche-à-oreille"

6. Puiser dans les stocks stratégiques

Face à cette pénurie qui s’intensifie, le gouvernement n’exclut pas de puiser dans ses réserves stratégiques de pétrole (RSP), créées au début du siècle dernier pour des raisons militaires et développées lors du premier choc pétrolier de 1973. Le pays dispose de 18 millions de tonnes de pétrole stockées dans 89 sites à travers la France. Il faut remonter à 2016, lors du mouvement de grève dans les raffineries, pour retrouver cette solution extrême. Lors de ce mouvement social, trois jours de réserve avaient été utilisés contre une capacité totale de 90 jours. Si la situation devait se tendre encore, le gouvernement n’aurait pas le choix de recourir à cette solution extrême.

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?