Aveyron : à Flagnac, André Stengele partage son art de la gravure et du dessin
Originaire de Bruxelles, André Stengele, artiste dessinateur et graveur, vit sa passion dans sa maison atelier flagnacoise.
Dans les milieux artistiques aveyronnais, tout le monde ou presque (re) connaît sa silhouette, sous sa casquette et sa barbe blanche. Il faut dire qu’André Stengele a participé et participe à de nombreuses manifestations et initiatives culturelles, depuis qu’il a quitté sa Belgique natale pour s’installer dans sa maison atelier du village de Flagnac, une grange qu’il a lui-même en partie restaurée et où il vit désormais à demeure, au milieu de ses presses et de tout son fourbi. Après les longs et difficiles mois d’isolement de la crise sanitaire, André a pris part, cet été, à de nombreuses expositions. Un vrai soulagement, une véritable respiration, pour lui comme pour de nombreux artistes.
Du latin grec à la gravure
Roger Stengele, le père d’André, était journaliste. Il a écrit notamment des ouvrages sur le danseur Maurice Béjart. Sa mère, Margot, était universitaire et professeur de grec. Après des études en latin grec (un peu pour faire plaisir à ses parents…), le jeune Stengele a rapidement trouvé sa propre voie artistique. "Très tôt, j’ai dit que je voulais faire les beaux-arts et j’ai participé à un premier stage de gravure dès l’âge de 17 ans", explique celui qui se considère toujours comme un semi-autodidacte. Après une année préparatoire, André a intégré la réputée École nationale supérieure d’architecture et arts visuels de Bruxelles. Après deux années et demie de formation à la section gravure de La Cambre, où il a acquis toutes les bases techniques, André Stengele a modestement gagné sa vie pendant quelque temps, comme artisan imprimeur pour d’autres artistes, avant de mener une carrière professionnelle comme psychosociologue et de conduire des recherches sur les politiques sociales publiques. À ce titre, il a notamment participé à un programme européen de lutte contre la pauvreté.
Bruxelles, Mons et Flagnac
Arrivé à l’âge de 55 ans (il en a aujourd’hui 70), André a décidé de se consacrer pleinement à son art. "Je me suis dit, maintenant, ce sera l’art à plein temps." D’abord, dans son atelier de Bruxelles, puis à Mons, où il a rencontré Colette Marin (voir par ailleurs), lors de l’Académie internationale d’été de Wallonie. Ingénieure forestière de formation, Colette connaissait l’Aveyron, alors qu’André avait passé une partie de son enfance, dans le Sud, à Montpellier. "Nous avons décidé tous les deux de venir en Aveyron, dans ce rural profond, protégé, comme ici, que l’on ne trouve plus en Belgique." Après avoir acheté une maison, sur les hauteurs de Saint-Parthem, et une grange, à Flagnac, le couple d’artistes s’y est définitivement installé en 2010, s’impliquant très rapidement dans la vie du village et plus largement du Bassin decazevillois, avec l’association Porteurs des Toiles, à qui l’on doit notamment la biennale artistique Flagn’Art. Lorsque nous l’avons rencontré, André était en pleine préparation des expositions hommages à Colette, subitement décédée l’an dernier.
Artiste et artisan
Artiste dessinateur et graveur, comme il se qualifie lui-même, André Stengele pratique principalement la gravure sur bois ou sur lino – "la technique la plus ancienne et la plus exigeante" – ainsi que la gravure sur métal – "la plus complexe" – et la lithographie sur pierre, "pour laquelle on n’enlève pas de matière".
La presse à lithographie est apparue à la fin du XVIIIe siècle, début du XIXe siècle. Comme le souligne André, l’un des artistes lithographes les plus connus en Occitanie est Toulouse-Lautrec.
Il a également fait de la sculpture pendant dix ans. "Ça me défoulait !" Et il admet volontiers que la peinture, ce n’est pas son "truc" ! André se considère à la fois comme un artiste et un artisan. "On bidouille en permanence", image-t-il, tout en nous expliquant les multiples facettes de l’estampe, dans sa maison atelier de la rue du Lavoir, qu’il ouvre parfois au public.
Le mouvement Cobra
Imprimeur et conseiller technique pour les membres belges de Cobra, durant sa jeunesse, André Stengele fut profondément marqué par ce mouvement qui réunissait des artistes de Copenhague, de Bruxelles et d’Amsterdam. "Pour moi, c’était une boule de feu", témoigne-t-il. Dans ses œuvres, univers expressionniste et imaginaire, figurent souvent des oiseaux, "expression de la liberté et, d’une certaine façon aussi, des menaces qui pèsent sur nous."
Fort de ses multiples expériences artistiques, André intervient également comme consultant conférencier lors de certaines expositions temporaires du musée Soulages. À ce titre, il devrait prochainement évoquer l’humour au deuxième degré de Fernand Léger. André Stengele, un artiste passionnant, un homme simple et attachant.
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