Meurtre de Lola, 12 ans : le statut de la suspecte enflamme l’Assemblée nationale

  • Éric Dupond-Moretti a fustigé la récupération politique.
    Éric Dupond-Moretti a fustigé la récupération politique. MaxPPP
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Centre Presse Aveyron

Dhabia B, la principale suspecte, faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français, ce qui a provoqué des réactions de l’extrême droite. Le ministre de l’Intérieur a dénoncé "l’indécence de certains politiques".

Mardi 18 octobre, le meurtre barbare de Lola, collégienne de 12 ans, retrouvée morte vendredi dans une malle à Paris, a suscité de nombreuses réactions, notamment en raison de l’identité de la principale suspecte.

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Mise en examen et placée en détention, Dhabia B., 24 ans, était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français sous trente jours, a appris lundi BFMTV de source proche du dossier. De nationalité algérienne, la jeune femme est arrivée en France en 2016 légalement. Elle possédait un titre de séjour étudiant, aujourd’hui périmé. Le 21 août dernier, alors qu’elle souhaitait prendre l’avion, elle a été interpellée à la police de l’air et des frontières, sans titre de séjour valide. C’est à ce moment-là qu’elle s’est vue délivrer une obligation de quitter le territoire sous un délai de 30 jours.

Dès dimanche, le parti Reconquête d’Éric Zemmour a dénoncé un "francocide". Toujours dimanche, il achetait deux noms de domaine : justicepourlola.fr et manifpourlola.fr. De son côté, Marine Le Pen, la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, a publié lundi 17 octobre sur Twitter que "les révélations sur le profil de la femme suspectée du massacre de la petite Lola" étaient "un cas d’école sur le caractère hors contrôle de l’immigration clandestine dans notre pays". Jusqu’à l’Assemblée nationale, mardi, l’ex-candidate à la présidentielle a déclaré à propos de la suspecte qu’elle "n’aurait pas dû se trouver en France", posant ensuite la question : "Qu’attendez-vous pour agir afin que soit enfin stoppée cette immigration clandestine hors contrôle ?"

Les parents de Lola reçus par Emmanuel Macron à l’Élysée

Le président de la République a reçu les parents de la petite Lola, mardi à l’Élysée. "Il leur a présenté ses condoléances et les a assurés de toute sa solidarité et de son soutien dans l’épreuve qu’ils traversent et qui nous bouleverse tous", ont indiqué les services de la présidence. La veille, l’épouse du Président, Brigitte Macron, avait dénoncé un "drame intolérable et abominable", au micro de BFMTV rappelant que "en ce qui concerne les enfants nous n’avons que des devoirs. Donc le premier devoir est de les protéger, et de tous les dangers".

La gauche, de son côté, a exprimé sa compassion pour les proches de la collégienne. Ainsi, plusieurs députés Nupes, comme Alexis Corbière ou François Ruffin, ont partagé leur "effroi" face à cette affaire. La députée EELV Sandrine Rousseau a quant à elle dénoncé les propos de l’extrême droite.

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Des élus qui "se servent du cercueil d’une gamine de 12 ans comme on se sert d’un marchepied"

Quant au gouvernement, par la voix du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, il a dénoncé "l’indécence dans les prises de position politiques". À l’Assemblée, Élisabeth Borne a appelé Marine Le Pen à "respecter la douleur" de la famille, l’incitant à faire preuve "d’un peu de décence".

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a souligné que la suspecte n’était pas connue de la police, sauf en tant que victime de violences conjugales. "Il y a à peine un mois qu’elle a une obligation de quitter le territoire", a-t-il déclaré, ajoutant que "les choses se sont faites dans des conditions, je crois, malheureusement non prévisibles". Il a accusé la droite et l’extrême droite d’être "toujours au rendez-vous du malheur", dénonçant de la "petite poloche".

Meurtre de Lola : "Se servir du cercueil d'une gamine de douze ans comme on se sert d'un marchepied, c'est une honte monsieur le député !", répond @E_DupondM, qui avait été interpellé par @EricPAUGET1.#DirectAN #QAG pic.twitter.com/bAyOjTgas0

— LCP (@LCP) October 18, 2022

En réponse au député LR Éric Pauget, qui venait d’accuser le gouvernement d’être en partie "responsable" de ce drame, le garde des Sceaux a fustigé des élus qui "se servent du cercueil d’une gamine de 12 ans comme on se sert d’un marchepied".

Dhabia. B placée à l'isolement

Dhabia. B., mise en examen pour “meurtre de mineur de moins de 15 ans et viol commis avec actes de torture et de barbarie”, a été placée en détention provisoire, lundi. Au vu de son profil, l’administration pénitentiaire l’a placée à l’isolement dès son arrivée dans le quartier de la maison d’arrêt des femmes de Fresnes, comme le rapporte Le Parisien. Elle sera surtout sous haute surveillance pour éviter tout problème.
 

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