MammoScreen [Therapixel], l’intelligence artificielle qui détecte les cancers du sein

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    MammoScreen [Therapixel], l’intelligence artificielle qui détecte les cancers du sein
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BPI France

Depuis 2018, MammoScreen, la solution de la medtech Therapixel accompagne les radiologues dans la détection du cancer du sein. A l'occasion d'Octobre Rose, retour sur l’histoire d’une intelligence artificielle au service des femmes.  

" Si tous les radiologues des Etats-Unis utilisaient MammoScreen, on détecterait 50 000 cancers de plus par an. C’est-à-dire 50 000 cas qui pourraient être pris en charge bien plus tôt, avec une chance de guérison plus importante et donc moins de séquelles ", affirme Matthieu Leclerc-Chalvet, CEO de Therapixel, une medtech niçoise.
En France, comme dans le reste de l’Europe, lorsqu’une femme effectue une mammographie, cette dernière est lue et analysée par deux radiologues afin de prévenir toute omission et établir le meilleur diagnostique possible. Un process qui n’est pourtant pas développé aux Etats-Unis. " La conséquence, c’est que dans ce pays, il y a moins de cancers trouvés que dans le reste de l’Europe ", précise le CEO. Ajouté à cela que la profession de radiologue, tous pays confondus, ne séduit plus autant qu’avant et est, de fait, soumise à une augmentation croissante de sa charge de travail.

C’est dans l’optique de répondre à un besoin de santé publique qu’Olivier Clatz et Pierre Fillard, chercheurs de l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique), ont développé une technologie permettant d’offrir cette seconde lecture des mammographies et ainsi assister le radiologue dans sa prise de décision.

Therapixel, une entreprise qui a su pivoter pour se réinventer

C'est au sein d’Asclepios, une équipe focalisée sur les images biomédicales, que les deux co-fondateurs de Therapixel se sont rencontrés en 2004. Leurs chemins se séparent, mais l'idée de créer une entreprise germe et se concrétise en 2013. Mais à l’époque, l'interprétation de mammographies n’est pas encore à l’ordre du jour. " Olivier et Pierre créaient un premier produit qui facilitait l’utilisation des images radiologiques au bloc opératoire en permettant une navigation sans contact, simplement par des gestes ". Si le produit a, dans un premier temps, rencontré un vif succès, il se révèle pourtant assez complexe à mettre en place et nécessite le recours à un grand nombre d’acteurs dans le bloc opératoire. " De plus, les cycles de vente étaient extrêmement longs ", ajoute Matthieu Leclerc-Chalvet.
Dès 2017, les chercheurs décident de revoir leur copie et de challenger leurs compétences en participant à deux concours mondiaux. L’un porte sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la détection du cancer du poumon et l’autre sur celui du sein. C’est ce dernier qu’ils remporteront face à 1 200 participants.

Cette récompense marque le pivot de l’activité de Therapixel. Olivier Clatz et Pierre Fillard revendent rapidement leur activité d’origine à une société américaine afin de se concentrer sur le développement de leur projet. Après une première levée de fonds, et l’arrivée de Matthieu Leclerc-Chalvet en tant que CEO, Therapixel obtient les autorisations de mise sur le marché de son innovation prénommée MammoScreen.

Rendre la mammographie accessible à toutes

Dès 2020, la solution est installée dans différents cabinets de radiologie en Europe et aux Etats-Unis. " Selon nous, pour qu’une solution soit utilisée par le plus grand nombre, il faut que cela demande le moins d’effort possible ", explique le CEO. " Nous nous sommes donc fait accompagner de radiologues européens et américains pour comprendre ce qu’ils appréciaient ou non dans les solutions actuelles afin de proposer un outil clé en main. Ces recherches ont abouti à une technologie ne nécessitant aucune action de la part du radiologue, c’est-à-dire qu’au moment où il a besoin de l’information, elle apparait comme par magie".
En pratique, lorsque les images de mammographie sont imprimées, elles sont anonymisées et encryptées pour être envoyées à MammoScreen afin que l’algorithme puisse scanner l’image et identifier de potentielles zones d’alertes. L’outil envoie ensuite un rapport graphique et donne un score aux différentes lésions présentes.

A ce jour, une quinzaine de centres en France utilisent quotidiennement MammoScreen. " Récemment, nous avons réalisé une étude clinique aux Etats-Unis qui montre que notre solution permet aux radiologues de détecter 20 % de cancers de plus que s'ils étaient seuls. Pourtant, il faut bien rappeler que cette IA ne pourra jamais se substituer à un professionnel de santé. Elle l'assiste mais ne le remplacera jamais ", souligne Matthieu Leclerc-Chalvet. Après une nouvelle levée de fonds au printemps 2022, dans le but d’accélérer la commercialisation de sa solution, les dirigeants de Therapixel souhaitent désormais que toutes les femmes bénéficient d'un dépistage de qualité. " C’est pourquoi nous nous sommes associés à l’ONG de radiologie RAD-AID International, afin de rendre le dépistage du cancer du sein plus disponible et accessible dans les pays à revenu faible et intermédiaire (LMICs) ". 

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