Aveyron : la direction du groupe Snam annonce la fin progressive de l'activité de Phénix batteries

C’est le conseil d’administration, en date du 19 octobre 2022, qui a dû se résoudre, "avec regret", à cette décision. L’activité Phénix batteries, portée par le groupe Snam depuis plusieurs années, va être mise à l’arrêt.

"Une triple conjoncture défavorable"

Implantés à Decazeville, l'entité et ses 17 salariés font les frais, aux dires du groupe, d'une triple conjoncture défavorable. Tout d'abord les conclusions de récentes analyses.

"Celles-ci ont très clairement démontré que les facteurs clés de succès consistent à obtenir des volumes très élevés (utilisables pour une seconde vie) de types de batteries limités. À ce stade, il n'y a aucune assurance d'obtenir de tels volumes sur le marché dans les prochaines années", affirme la direction de Snam.

"Pénuries d'approvisionnement de composants électroniques"

Autres problèmes majeurs, toujours selon la direction : "Phenix Batteries est confrontée à de graves pénuries d'approvisionnement en composants électroniques, ce qui perturbe actuellement la production de ses modules. Enfin, la baisse des prix des nouveaux modules de batteries exerce une forte pression tarifaire sur les modules rétrofités, ce qui rend les choses encore plus difficiles".  

Le conseil d'administration et la direction ont de ce fait décidé d'abandonner le projet, "diminuant ainsi les risques économiques pour Snam groupe", qui prévoit d'arrêter progressivement l'activité d'ici fin 2022 et, "dans la mesure du possible", de "maintenir l'emploi".

Cette décision permettra au groupe de "disposer de ressources" pour développer l'activité historique de recyclage de batteries. "L'entreprise investira environ 12 millions d'euros au cours des deux prochaines années pour plus que quadrupler sa capacité de recyclage Li-Ion par rapport à aujourd'hui. Cet axe stratégique servira également à développer les activités des deux sites, Viviez (12) et Saint Quentin-Fallavier (38)", explique Snam groupe, dirigé depuis mai 2022 par l'allemand Cornelius Fink.

Objectif initial : fabriquer 75 000 à 80 000 pièces chaque année

Le concept de Phénix batterie semblait pourtant des plus prometteurs et avait notamment séduit la Région Occitanie, qui prévoyait un soutien à hauteur de 3M€. Il s'agissait de fabriquer de nouvelles batteries à partir d'anciennes, recyclées par l'entreprise Snam de Viviez, composées pour 80%, des matériaux et composants issus de ce recyclage. Le projet avait nécessité 10 années de recherche et développement, un investissement de 60 M€ et l'objectif était, à l'horizon 2027, de fabriquer 75 000 à 80 000 de ces batteries "vertueuses" chaque année.

C'est Eric Nottez, révoqué de ses fonctions de président de Snam groupe en mai 2022, qui avait porté sept années durant le concept. "Il y a des aspects que j’ai refusé de négocier par exemple que l’on stoppe le projet Phénix parce qu’il ne serait pas assez rapidement rentable. Quand on a tous les éléments favorables, je refuse que l’on remette en cause l’essence même du projet", expliquait-il à l'époque de son éviction, cette prise de position lui ayant alors coûté son poste.

Leader européen dans le recyclage des batteries lithium-ion

Snam groupe, leader européen dans le recyclage des batteries lithium-ion, est aujourd'hui entre les mains d'actionnaires belges, luxembourgeois et allemands. Son chiffre d'affaires s'élevait à 31,7 millions d'euros en 2021, en hausse de 4 2% par rapport à l'année précédente.