Inflation, énergie, retraites… Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron sur France 2
Emmanuel Macron était ce mercredi 26 octobre 2022 l’invité de l’émission "L’Événement" de "France 2". Le chef de l’État a essayé de donner un cap à son quinquennat, mercredi soir, sur France 2, promettant notamment de protéger " les plus faibles" face à la flambée des prix. Voici ce qu’il faut retenir de son intervention qui portait sur les enjeux franco-français, comme l’énergie, l’inflation ou les retraites.
Entravé à l’Assemblée, piégé par une majorité divisée, englué dans des crises protéiformes, Emmanuel Macron a essayé de relancer son quinquennat ce mercredi soir sur France 2 au moment où son éloignement des thématiques nationales est pointé jusque dans son entourage, la cote de popularité de l’exécutif s’effritant, elle, parallèlement, dangereusement, six mois après sa réélection.
Après avoir déroulé sa vision des grands enjeux internationaux le 12 octobre dernier, un premier volet de l’émission de L’Événement suivi par près de 5,4 millions de téléspectateurs (23,6 % de part d’audience), le chef de l’État a essayé de se mettre cette fois à hauteur d’homme en répondant pendant 1 h 10 aux questions de la journaliste Caroline Roux sur des sujets en lien avec le quotidien des Français.
Fixer un cap
Avec un leitmotiv : fixer un cap, montrer qu’il garde la main et reste en capacité d’agir notamment sur le front du pouvoir d’achat, érigé en priorité par la population depuis plusieurs mois.
Si la France a limité la casse face à la flambée des prix de l’énergie, a-t-il rappelé en substance, en multipliant les mesures de protection, obtenant le taux d’inflation le plus bas de la zone euro (5,6 % en septembre), 73 % des Français estiment que le gouvernement n’agit pas assez, selon un sondage Odoxa-La Dépêche, publié mardi.
Et 96 % des Français se disent toujours impactés par la hausse des prix. Phénomène de grande ampleur qui préoccupe la majorité.
Énergie : des aides pour les ménages mais aussi pour les entreprises
"Nous allons passer cette crise ensemble. Pour traverser cette tempête, on doit protéger les plus faibles, nos étudiants, les familles les plus modestes, nos entreprises les plus fragiles, mais aussi notre industrie", a estimé Emmanuel Macron qui rejette l’idée d’un blocage des prix ou d’une indexation des salaires sur l’inflation, mais annonce une évolution des dispositifs de soutien.
"Pour les ménages, on va continuer d’aider mais en adaptant les choses. Il y aura une hausse de 15 % dans les premiers mois (de l’année prochaine) sur l’électricité et le gaz. Mais ce devrait être des hausses de plus de 100 % si on laissait les choses se passer", a-t-il affirmé.
Carburants : l’aide pour les gros rouleurs confirmée
"Sur les carburants, il y aura des mécaniques sur les gros rouleurs, avec des remboursements sur les kilomètres" effectués, a-t-il ajouté, confirmant la mise en place de ce dispositif qui devrait cibler les 12 millions de Français les plus modestes, à partir de janvier en lieu et place de la ristourne à la pompe plus coûteuse pour l’État, rapporte Le Monde.
Retraites : le cap maintenu
La question de la réforme des retraites est rapidement venue sur la table, lors cette interview. Et Emmanuel Macron s’est d’abord montré très clair : "Nous n’avons pas d’autres choix que de travailler davantage. Cette réforme est essentielle pour préserver notre modèle social". Le chef de l’État a ensuite détaillé son rétroplanning, expliquant qu’ "à partir de l’été 2023 on devra décaler l’âge légal de départ de 4 mois par an. On passera à horizon 2031 à 65 ans". Pour justifier son choix, Emmanuel Macron a pris en exemple les deux autres modes de financement auxquels il ne souhaite pas avoir recours : "Augmenter les cotisations ? Ce serait du pouvoir d’achat en moins. Baisser les pensions ? Ce serait insupportable pour nos retraités." Reste tout de même à faire passer cette réforme devant l’Assemblée Nationale, avec des débats évidemment houleux en perspective. Mercredi soir le Président n’a d’ailleurs pas écarté l’utilisation du 49.3 en cas de blocage, même s’il a plaidé pour "la concertation".
Lutte contre l’inflation : vers des aides plus ciblées
Alors que 83 % des Français ont dû modifier leurs habitudes de consommation pour faire face à la flambée des prix, le chef de l’État a annoncé également la poursuite de dispositifs d’aides ciblées "pour les familles les plus modestes et les étudiants".
"On va renforcer nos dispositifs pour nos étudiants, comme pendant la crise Covid on va élargir les repas à un euro", a-t-il précisé.
Emmanuel Macron souhaite aussi "garantir un prix raisonnable" de l’électricité aux collectivités comme aux entreprises.
"Les TPE vont avoir la même aide que les ménages : une hausse que de 5 % de l’électricité et du gaz, a expliqué le président de la République. Pour les PME, comme les boulangers, nous allons mettre en place un mécanisme pour amortir les augmentations. Pour les grands groupes, il y aura un guichet d’aides avec des acomptes. On va augmenter les tickets d’aides, qui vont monter à plusieurs millions, voire dizaines de millions."
Un plan détaillé vendredi
Un catalogue de mesures et d’intentions que le gouvernement sera chargé de mettre en musique ce vendredi, lors d’une présentation détaillée. Le chef de l’État s’est dit, par ailleurs, favorable à l’organisation d’une "grande conférence sur le partage de la valeur" dans le cadre du Conseil national de la refondation plutôt qu’à une taxation des superprofits.
La CGT tentera de répliquer dans la rue ce jeudi 27 octobre avec une nouvelle journée de grève et de manifestation pour demander, notamment, des hausses de salaire.
Selon Le Figaro, elle pourrait toutefois être moins suivie que celle du 18 octobre.