Villefranche-de-Rouergue : qu’est-ce qui se cache derrière le phénomène de la "low tech" ?

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  • L’Outil en main, La Recyclerie et la fabrique de Caylus s’étaient donné rendez-vous pour échanger sur la questiondes "low tech" avec l’Université rurale Quercy-Rouergue.
    L’Outil en main, La Recyclerie et la fabrique de Caylus s’étaient donné rendez-vous pour échanger sur la questiondes "low tech" avec l’Université rurale Quercy-Rouergue.
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Dominique Dessart

La "low tech" est un ensemble de technologies utiles, durables et accessibles à tous. Au sein du territoire villefranchois, la "low tech" s’étend pour faire face aux enjeux de demain.

Low tech" : pour beaucoup, ce terme revêt une signification encore méconnue. Et pourtant…

"Nos parents et nos grands-parents utilisaient les low tech, ils maîtrisaient les outils qu’ils avaient en mains", précise Florian Barès, coordinateur en recherche-action à l’Université rurale Quercy-Rouergue et co-animateur de la soirée organisée par l’URQR aux Hauts-Parleurs dans le cadre de son "café des curieux".

"Pour autant, il ne s’agit pas de vivre comme des Amish mais de raisonner en termes de post-croissance (et non de décroissance) au moment où chacun s’interroge sur le dérèglement climatique, la raréfaction des ressources et l’absolue nécessité qui en découle de réduire la consommation énergétique."

Du recyclage à la low tech

Car si on les dit durables, réplicables, réutilisables, éco-responsables et conviviales, les low tech (basses technologies en français) désignent l’ensemble des techniques, systèmes et pratiques qui, par opposition aux high-tech, répondent à un critère d’importance : la sobriété. D’où l’intérêt pour l’URQR d’en répertorier les tenants et aboutissants locaux pour mieux combattre l’idée d’obsolescence programmée. "Chaque année, nous récupérons 200 à 240 tonnes d’objets de seconde main, dont 18 % finissent à la benne", déplore Philippe Rouquier, responsable de La Recyclerie, à Villefranche-de-Rouergue, au cours de cet échange.

Des ateliers partagés

"En dehors de ce qui est affecté aux filières de récupération, nous essayons de transformer ou de réparer. À partir de plusieurs vélos, par exemple, il est possible d’en refaire un ; idem pour les ordinateurs. Pourtant au départ, nous n’avions aucune forme de lien avec les low tech, l’objectif de la Recyclerie visant avant tout l’insertion des personnes éloignées de l’emploi par l’activité économique. Mais aujourd’hui, nous aurions vraiment intérêt à agrandir nos locaux pour mettre en place des ateliers partagés."

Un intérêt grandement d’actualité puisque Fablab (laboratoires de fabrication), Repair café et ateliers de récupération fleurissent un peu partout en France, que ce soit en milieu rural ou dans les grandes villes.

Transmettre le savoir faire aux enfants : l'objectif de l'Outil en main

Les artisans de l’Outil en main s’attachent à développer la dextérité chez les enfants de 9 à 14 ans. "Qu’ils réalisent un bel ouvrage et prennent confiance en eux, tel est notre credo. De notre côté, cela nous permet de bien vieillir", s’amuse Jean Batut, président de l’association. Au cours des deux années de ce cursus facultatif, à raison d’une séance le mercredi, l’enfant passe par tous les métiers. Une réussite, tant du côté des enfants que du côté des bénévoles, à tel point que l’association est obligée de refuser du monde ! "Et à l’issue de la période, 45 % des enfants choisissent de suivre un apprentissage."

À la rencontre du Fablab de Caylus

Impulsée par la communauté de communes QR et Gorges de l’Aveyron, La Fabrique se veut un espace mettant à disposition de tous des machines et des outils pour prototyper et fabriquer à peu près tout ce que l’on veut. "Certes, nous utilisons des fraiseuses à commande numérique et autres machines pour travailler les matières mais l’idée est bien de se réapproprier le savoir-faire et de le partager pour innover et réparer. Fours solaires, vélos électriques, séchoirs solaires… Nous avons même conçu un fauteuil électrique pour enfant. Et les gens apprennent à réparer leurs appareils en panne dans les cafés Bricol ou prendre soin de leur bicyclette à l’atelier cycle", énumère Dorian Somers, Fabmanager recruté sur le site. Fabriquer du mobilier à partir de palettes ou des toilettes sèches, construire un dôme géodésique pour garantir sa production de légumes, découvrir les principes fondamentaux de la permaculture, apprendre la soudure à l’arc ou la méthanisation domestique, ce sont les thèmes des ateliers organisés sur la session 2023 dans la philosophie d’Ernst Friedrich Schumacher, pionnier de l’introduction des idées écologistes en matière d’économie dans les années 70.

Contact : 05 63 28 10 36 – fablab@cc-qrga.fr

Le "café des curieux" de l'Université rurale

Acteur incontournable de l’éducation populaire, l’Université rurale Quercy Rouergue a lancé son "café des curieux", un lieu de recherche et de développement où chacun peut venir avec ses idées et ses envies. Il permet de croiser des informations et de mêler des savoirs empiriques et-ou scientifiques. Écologie, numérique, engagement des jeunes ruraux…, tels ont été les premiers thèmes abordés par les bénévoles. Récemment, c’est la question des low tech qui a occupé le centre des débats avec, in fine, un rendez-vous public au café des Hauts-Parleurs. Parmi les intervenants, la Recyclerie, l’Outil en main, La Fabrique de Caylus, le café couture…

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