Loi Climat : pourquoi l’artificialisation des sols fait débat en Aveyron

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  • Daniel Druilhet, président de la fédération du bâtiment et des travaux publics de l’Aveyron.
    Daniel Druilhet, président de la fédération du bâtiment et des travaux publics de l’Aveyron.
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Olivier Courtil

Dans le cadre de la loi Cimat, ce sujet inquiète la fédération du bâtiment et des travaux publics qui propose un éclairage ce vendredi au cours de son assemblée générale.

À l’ordre du jour de l’assemblée générale ce vendredi à Rodez, la fédération du bâtiment et des travaux publics de l’Aveyron (FBTP12) propose un éclairage suivi d’un débat sur l’objectif d’ici à 2050 du "Zéro artificialisation nette des sols" (ZAN) dans le cadre de la loi Climat et résilience. Entretien avec Daniel Druilhet, président de ladite fédération.

Quelles sont les craintes de la fédération ?

On n’est pas foncièrement contre la loi mais on a focalisé le bâtiment sur l’artificialisation des sols alors que cela concerne aussi les terres agricoles. Si la loi s’applique aujourd’hui, on ne peut plus restaurer les cœurs de village. Cette loi a été faite dans la précipitation avec une vision métropolitaine pour lutter contre l’étalement urbain. Elle ne prend pas en compte par exemple les espaces verts dans les zones pavillonnaires, les haies de moins de vingt mètres de large, les forêts de moins de cinq mètres de haut, etc. Le piège est de construire à tout-va dans les grandes métropoles et de sanctuariser des régions rurales comme l’Aveyron. Il faut adapter la loi car nous avons besoin de construction pour accueillir les habitants, surtout maintenant avec l’évolution sociétale et la généralisation du télétravail. Si ces personnes qui souhaitent venir à la campagne, ne peuvent pas s’installer, elles resteront en ville. Or, il n’y a pas d’urbanisation intensive en Aveyron.

Comment comptez-vous éclairer sur ce sujet sensible ?

Nous faisons venir ce vendredi Jean-Marc Offner, président de l’école urbaine de sciences politiques pour donner des clefs de compréhension et des pistes de réflexion. Cela devrait étonner de nombreuses personnes dont de nombreux élus attendus. L’idée répandue que l’étalement urbain représente la taille d’un département tous les sept ans en France est fausse. Le gaspillage foncier régresse, la forêt progresse, l’espace ne manque pas en France.

Quelles sont les perspectives ?

On a peur de l’avenir. Les projets sont à l’arrêt, il y a une grosse baisse sur le pavillonnaire, si cela continue, 2023 sera une catastrophe pour nos 275 adhérents et 6 000 salariés. Avant on devait faire face à une crise économique, et le bâtiment l’a toujours traversée. Aujourd’hui, il faut affronter une crise économique, financière à cause de la spéculation, sociétale avec l’évolution des mentalités pour s’adapter à leur demande, et politique si cette loi sur le Climat n’est pas revue par des décrets concernant notamment l’urbanisation.

"C’est un danger pour la ruralité"

Parmi les personnalités qui seront présentes ce vendredi à l’assemblée générale de la FBTP12 et concernées en première ligne par le nouveau classement des sols, figure Jean-Marc Calvet, président des maires de l’Aveyron (ADM12). "Aujourd’hui la loi est sortie, c’est un danger pour les communes rurales car il n’y a pas assez de mètres carrés constructibles. On peut espérer car il n’y a pas encore eu les décrets." Le chef de file des maires aveyronnais entend bien "se battre pour maintenir des terres à urbaniser pour maintenir la population voire en accueillir." Pour ce faire, Jean-Marc Calvet, mise sur la conférence des Scot (Schéma de cohérence territoriale) Occitanie qui devrait se tenir en mars prochain pour une application l’année suivante. "C’est un sujet sensible, il faut se mobiliser pour exister encore en Aveyron. Il faut différencier urbanisation et artificialisation. On demande à la Région via le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Straddet) de reprendre nos propositions de figer le Scot Ouest-Aveyron qui représente la moitié du territoire et celui du Lévezou pour garantir les zones constructibles. Cela doit faire consensus. Il n’y a pas de raison à ne pas être entendu."
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