Conques : une messe de requiem ce vendredi après-midi pour "aider Pierre Soulages à entrer dans cette lumière"

À la demande de Colette Soulages, une messe de requiem sera célébrée ce vendredi à 14 h 30 à l’abbaye de Conques pour Pierre Soulages au même moment que son inhumation à Paris. "C’est une belle mission de pouvoir l’accompagner dans cette dernière étape, de l’aider à entrer dans cette lumière et de permettre aux Aveyronnais de se rassembler", confie frère Damien, après un silence éloquent, en charge de ladite mission justement.

Une semaine riche en émotion pour frère Damien, devenu frère supérieur cet été à l’abbaye de Conques d’où il est arrivé voici quatre ans à peine, en provenance de l’abbaye de Mondaye dans le Calvados. "Celle-ci m’a nommé à Conques. Cela fait trente ans que cette abbaye, de l’ordre des Prémontrés, proche de Bayeux, fait vivre l’abbaye de Conques", rappelle-t-il.

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"On pense à lui tous les jours"

Et d’ajouter sur sa rencontre spirituelle avec Pierre Soulages : "On pense à lui tous les jours, son travail est dans nos prières, cela m’aide à prier. Son œuvre est au service de la lumière, ce sont les vitraux pour la lumière. Une lumière changeante, vivante, chantante, cela magnifie ce lieu sacré". Une présence quasi-mystique puisque frère Damien n’a jamais rencontré, en chair et en os, le maître de l’outrenoir. "Il venait à Conques mais il était discret. C’était un vrai artiste humble dans le sens de chercher le meilleur de son art. Il a refusé des travaux pour réaliser celui de Conques. Cela lui tenait à cœur, plus qu’un travail", exprime frère Damien, à l’issue de la réunion de préparation avec Benoît Decron, directeur du musée Soulages.

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Homélie du prêtre d’Espalion

Reprenant ses notes et s’appuyant sur son ressenti, celui qui aura en charge le mot d’accueil, évoque un homme
"très touché par les rencontres, faisant sens avec la devise du diocèse de Conques, Servir la rencontre, avec beaucoup d’humour et fasciné par le Japon". 

C’est aussi, pour l’homme d’Église, "la fidélité avec son épouse, 80 ans de mariage". Pendant la messe, Colette a aussi demandé que Jean-Luc Barrié, prêtre de la paroisse Saint-Bernard-d’Olt à Espalion, donne l’homélie. "Il y aura des textes en lien avec la lumière, de la musique dont Bach, jouée notamment par Franck Besingrand, l’organiste de la cathédrale de Rodez", précise-t-il.

Sublimé par les vitraux de Soulages

Dans ce joyau de l’art roman, sublimé par les vitraux de Pierre Soulages, frère Damien aime se tenir à l’ombre du pilier proche de la Vierge Marie pour prier. Un lieu sacré qui s’apprête à recevoir une foule immense en cette période de Toussaint dont frère Damien établit un lien. "Tout le monde est invité. Cette messe de requiem rassemble tous les saints. C’est un beau « clin dieu » pour un message d’espérance".

Pour toute la beauté, jamais je ne me perdrai, sinon pour un je ne sais quoi qui s’atteint d’aventure

Un portrait de Pierre Soulages sera installé dans l’abbatiale pour signifier sa présence. "L’église est incarnée par l’âme, ce que l’homme fait de l’art. Les pierres sculptées sont les saints, Pierre Soulages est invité à prendre sa place. Il continue de rayonner, il devient une pierre vivante, une pierre lumineuse, c’est notre espérance, notre foi. On n’est pas maître, c’est le jugement de Dieu. On prie pour qu’il entre dans la lumière. Il reste présent, éternel". 

Une éternité déjà atteinte par Pierre Soulages dont son épouse a demandé aussi à ce que soit dite cet après-midi cette citation de Jean de la Croix, peintre mystique espagnol du Moyen Âge : "Pour toute la beauté, jamais je ne me perdrai, sinon pour un je ne sais quoi qui s’atteint d’aventure". Et quelle superbe aventure.