Tresorio, le cloud français qui réutilise l’énergie digitale de ses serveurs comme source de chauffage

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    Tresorio, le cloud français qui réutilise l’énergie digitale de ses serveurs comme source de chauffage
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BPI France

Tresorio a mis au point un service cloud à destination des entreprises et des particuliers. La chaleur émise par ses serveurs est recyclée à 100 % pour chauffer l’eau des bâtiments équipés. L’entreprise revendique une technologie répondant à la fois à des enjeux écologiques et de gouvernance.

" Au niveau mondial, la chaleur perdue représente quatre fois la production mondiale d’énergie solaire ", indique Jonathan Klein, cofondateur de Tresorio qui propose un service cloud aux entreprises et particuliers et réutilise la chaleur digitale émise par ses serveurs pour chauffer les immeubles équipés. " De l’eau passe dans des blocs de cuivre au contact des puces informatiques. Cette eau en ressort chaude et est réutilisée dans des chaudières ". A travers le recyclage de cette énergie digitale, l’ambition est de rendre le numérique plus inclusif et utile au quotidien. " Si on recyclait l’ensemble de la chaleur des data centers français, on pourrait alimenter l’équivalent de 4 milliards de douches par an soit 6 mois de douche pour la population française."

Recycler l’énergie digitale : une co-construction entre startup et grand groupe

Si aujourd’hui Tresorio a remporté un appel d’offres pour alimenter en eau chaude, le futur centre aquatique pour les JO 2024 à Paris, l’ambition, à l’origine, n’était pas le recyclage de l’énergie digitale. " En 2016, nous avions lancé une offre de cloud mining. On était parmi les premiers à proposer la location de serveurs permettant de miner de la cryptomonnaie ". L’entreprise commence par installer ses équipements informatiques dans la Chambre de Commerce de Metz et est très vite confrontée à des problématiques de refroidissement des serveurs. En cherchant des solutions, Jonathan Klein et ses équipes décident de s’inspirer du secteur du gaming en refroidissant les machines grâce à de l’eau qui coule à l’intérieur. " Ce projet a tapé dans l’œil des équipes d’EDF, qui nous ont présenté à celles de Dalkia, qui avaient amorcé un projet de R&D pour concevoir une chaudière industrielle alimentée par la chaleur de l’IT (technologies de l’information)", précise le cofondateur.

Ensemble, ils peaufinent l’innovation, déposent un brevet commun et lancent une première expérimentation en 2018 en chauffant pendant un an l’hôpital de Mercy à Metz, puis en 2019 dans une usine de pneus Continental et dans un logement social à Montluçon. "Ça nous a montré qu’on était capable de valoriser cette chaleur avec des pistes d’amélioration. Nous recyclions 80 % de l’énergie digitale. Aujourd’hui nous pouvons la réutiliser à 100 % ".

A titre d’exemple, Tresorio a travaillé avec une société américaine qui souhaitait créer une collection de 10 000 NFT, tout en ayant le moins d’impact sur l’environnement. " En passant par un data center américain, la production de ces NFT aurait émis 70 tonnes de CO2 rejetées par le calcul ". Grâce aux serveurs de Tresorio, le projet a émis dix fois moins de tonnes de CO2. " L’électricité française est l’une des plus propres au monde. De plus, avec nos serveurs, la chaleur rejetée a permis d’alimenter 40 000 douches dans un HLM de Montluçon qui hébergeait nos serveurs ". Si la récupération de la chaleur semble sur la bonne voie, à l’inverse, le modèle de cloud mining de cryptomonnaies était de plus en plus instable, notamment en 2018, avec l’une des premières bulles financières du secteur.

Offrir plus de gouvernance grâce à du cloud décentralisé

Face à ce contexte, Jonathan Klein remet en question le modèle de ses serveurs et décide de pivoter. Avec ses équipes, ils conçoivent un service de cloud avec une collection de logiciels complète adaptés à tous types de besoins, aussi bien pour des entreprises que pour des particuliers. A titre d’exemple, pour un utilisateur qui souhaite monter des vidéos à travers des applications complexes, Tresorio propose une solution de PC virtuels, avec tous les logiciels nécessaires. " On a la capacité technologique d’aller sur tous les champs du cloud ". Et la conjoncture énergétique et géopolitique mondiale liée à la cybersécurité et la souveraineté informatique est l’occasion pour Tresorio de s’imposer dans l’Hexagone et à l’international. " Il y a encore deux ans, les directions des services informatiques des entreprises préféraient passer par des services proposés par les GAFAM. Aujourd’hui les mentalités changent, les gens comprennent les enjeux de souveraineté que cela entraîne ". Et l’avantage est double, puisque les bâtiments équipés des serveurs de Tresorio profitent d’un cloud décentralisé et d’une énergie digitale recyclée en chauffe-eau.

Pourtant, l’entreprise est confrontée à un double problème pour assurer son développement : le manque de notoriété et de capital pour financer ses data centers. " On sent bien que le cloud est encore un sujet complexe, qui ne parle pas à tout le monde. Or chaque bâtiment qu’on équipe représente un investissement de 150 000 euros de matériels informatiques pour nous, donc ça suit forcément l’attraction du cloud ".

" L’énergie digitale est ce qui peut réconcilier le monde du numérique avec le monde réel "

Pour pallier ces manques, l’entreprise a mis au point un chauffe-eau digital qui mine du bitcoin, à destination des particuliers. " Le système s’installe facilement sur des chaudières standards. L’eau est réchauffée par la puce de minage de bitcoin et le fruit du minage revient au particulier ". Selon le fondateur, 12% des Français seraient détenteurs de cryptomonnaie. La rétribution en bitcoins permettrait de rembourser au moins 80% de sa facture d’électricité et de générer un profit d’environ 40 000 euros au bout de 5 ans. Il faudra toutefois d'abord investir 15 000 euros dans l'achat d'un "Minit".

Cette offre, qui vient tout récemment d’être commercialisée, intéresse déjà aussi bien en France qu’à l’étranger. " Ce produit-là, permet de nous faire connaitre par le plus grand nombre, à éduquer le marché et en interne à augmenter nos capacités d’investissement pour développer nos services cloud ". Après plus de cinq ans de R&D, l’entreprise, à travers son chauffe-eau digital et l’obtention de l’appel d’offres pour la piscine olympique, compte désormais accentuer son développement commercial. " L’énergie digitale est ce qui peut réconcilier le monde du numérique avec le monde réel, notamment dans un contexte lié à la sobriété énergétique et à la souveraineté numérique. "

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