Coubisou. Tous les chemins de la Nord-Aveyronnaise Jessie Batut mènent aux arômes

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  • Jessie Batut est installée, depuis 2018, à Barcelone, avec son mari ghanéen Kofi et leur fils Noa, né en mars 2022.	DR
    Jessie Batut est installée, depuis 2018, à Barcelone, avec son mari ghanéen Kofi et leur fils Noa, né en mars 2022. DR DR
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Rui Dos Santos

Originaire de Coubisou, basée à Barcelone depuis 2018, après une expérience de six années au Ghana, la trentenaire est experte en arômes alimentaires.

Si une publicité dit que "La vie ne tient qu’à un coup de fil", elle peut également dépendre d’un enseignant. Jessie Batut peut d’ailleurs témoigner. Alors qu’elle aurait aimé devenir journaliste, c’est en Terminale qu’elle a changé son fusil d’épaule après avoir côtoyé sa prof de physique-chimie. Elle n’a pas oublié : "Après le collège à Espalion, j’ai poursuivi au lycée Foch à Rodez. Je pensais faire une série ES mais, comme j’étais bonne élève, j’ai été encouragée à m’orienter vers S. C’est là que j’ai donc eu le déclic, l’année du baccalauréat".

Cela s’est traduit par un DUT (diplôme universitaire de technologie) de chimie à Montpellier. Elle poursuit sur le sujet : "Mais, je ne voulais pas faire de longues études, j’avais plutôt envie de travailler". Née à Rodez, en 1988, Jessie Batut est originaire de Coubisou, et, plus précisément, du hameau de Vieillescazes. C’est là qu’elle a grandi, dans la ferme familiale, où son père élève, après son grand-père, des vaches à viande. Quant à sa mère, ses racines ont puisé leurs forces du côté de Saint-Côme-d’Olt.

Enfant de cette terre aveyronnaise où la gastronomie est religion, la jeune femme a découvert, durant son cursus universitaire, la cuisine moléculaire de Thierry Marx, qui n’avait pas encore sa notoriété actuelle. "Du coup, après le DUT, j’ai choisi une licence pro sur les arômes alimentaires, souligne-t-elle. Pour mon stage de fin d’études, qui a duré six mois, j’ai rejoint Mane, sur la Côte d’Azur". À l’issue de cette expérience, elle a été embauchée par cette entreprise basée à Bar-sur-Loup, non pas en tant que technicienne de laboratoire mais pour gérer la réglementation. Elle est restée une année.

Après un CDD de quatre mois chez Robertet Group à Grasse, elle a répondu à une annonce de... Mane. "J’étais frileuse mais des copines de l’équipe de volley-ball m’ont encouragée à y aller, se souvient-elle. C’est vrai que je n’avais rien à perdre". L’entretien était prévu pour une demi-heure, il a duré deux heures et demie ! Et elle a été retenue. "La mission était de monter une filiale de la société en Afrique de l’ouest, détaille-t-elle volontiers. Il fallait mettre en place des laboratoires d’application pour développer diverses recettes. On a donc lancé l’aventure vers le continent africain".

"Un grand bol d’air à Coubisou"

Se partageant alors, à partir de janvier 2012, entre Bar-sur-Loup et l’Afrique du Sud, "le temps d’acheter le matériel, de commander les ingrédients, de monter les collections...", Jessie Batut est revenue à la fin de l’été en France. Avant de repartir à l’automne, direction le Ghana et sa capitale Accra. Toujours pour défendre les intérêts de Mane. Tout d’abord avec un volontariat international en entreprise (VIE) d’un an, puis avec un contrat d’expatriée.

Elle a très vite trouvé ses marques et aussi "l’ami d’une amie". à la tête d’une entreprise de tourisme, Kofi est ainsi entré dans sa vie. S’il avait effectué des études en Angleterre, ce Ghanéen anglophone ne connaissait pas la France. Son premier pied dans l’Hexagone, il l’a posé à Coubisou. Avant de découvrir Marseille et Paris. Les deux tourtereaux se sont mariés civilement au Ghana en décembre 2020 et la famille s’est agrandie en mars 2022 avec la naissance de Noa. Pour 2023, l’agenda est bien rempli "avec la deuxième partie du mariage, plus festive, en avril au Ghana, en septembre à Coubisou". "Après tout ça, on est tranquilles", s’amuse l’Aveyronnaise, dans un grand éclat de rire.

Entre-temps, durant six ans, elle a développé la présence de Mane en Afrique de l’ouest, avec des marchés au Ghana, mais aussi au Nigéria, en Angola, au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Cameroun ou encore au Togo. "L’objectif était de vendre des arômes, notamment à des clients indiens et libanais, mais ma mission était également de les aider à mettre en place des produits "qui marchent" et d’industrialiser ces recettes". "Tout en montant une équipe qui a rapidement grossi", précise-t-elle, non sans fierté.

Le sentiment du devoir accompli, elle a demandé, en 2018, s’il existait une opportunité en Europe pour se rapprocher de sa famille. Jessie Batut a posé ses valises à Barcelone, dans le laboratoire qui alimente Espagne et Portugal. Depuis, elle met son expertise au service de la catégorie sucrée, dont elle est la responsable, avec, à son menu quotidien : biscuiterie, confiserie, beurre et produits laitiers. Quant à son mari Kofi, il a conservé son entreprise de tourisme à Accra, tout en lui donnant une autre orientation, et, ayant une formation en informatique, il a passé un master en analyse de datas et cherche un emploi dans cette branche.

En attendant,il donne des cours d’anglais. "Notre objectif ultime est d’avoir deux pieds à terre, un au Ghana et un autre en Aveyron, conclut Jessie Batut. C’est là que je prends un grand bol d’air, où vivent ma famille et mes amis. J’adore ma région natale, elle fait partie de moi. La culture ghanéenne m’a ouvert les yeux sur le monde".

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