Ressource en eau : des Assises en Aveyron pour éviter le pire

Accès à l’eau potable en péril, comme l’a prouvé cet été la situation dans le Nord-Aveyron, obligé de faire approvisionner plusieurs villages avec des citernes, restriction des activités pleine nature, mise en danger de l’agriculture, du tourisme, risques accrus d’incendie, dépérissement accéléré des forêts, tensions sur la production d’électricité… À tous niveaux, le manque d’eau fait courir des risques importants au département. À tel point que ce dernier a décidé de se saisir du problème en engageant une vaste réflexion, en concertation avec l’ensemble des acteurs locaux de l’eau.

Le 26 octobre, dans les locaux flavinois du conseil départemental, l’heure était dans un premier temps à l’état des lieux, avec un rapport sur la situation de l’eau dans le département. Conclu en ces termes par son rapporteur, Yves Bioulac : "Il est urgent qu’il y ait une prise de conscience, il faut agir dès aujourd’hui pour qu’on ait de l’eau demain."

L’idée fondatrice de ces Assises de l’eau est de permettre au département de réagir et de s’organiser avant que les tensions soient trop fortes car, comme l’affirme le climatologue Jean Jouzel, "l’été 2022 préfigure un été normal d’ici 15 à 20 ans". Ces 20 dernières années, le débit moyen des cours d’eau est en baisse de 30 à 40 % dans l’Aveyron, une baisse du même ordre est à nouveau à prévoir d’ici 2050, selon l’Agence de l’eau Adour-Garonne.

Pour les 115 acteurs locaux de l’eau réunis à Flavin autour de la chambre d’agriculture, d’EDF, de l’État et de l’Agence de l’eau, l’heure est désormais à l’action, mais surtout à la réflexion collective.

Des pistes qui font consensus

Déjà, et avant même que les travaux ne commencent réellement, plusieurs pistes ont été évoquées : gérer et préserver la ressource, stocker les eaux de pluie et eaux brutes par le biais d’infrastructures collectives ou publiques, auditer et interconnecter les réseaux (qui enregistrent des pertes de l’ordre de 25 %), diagnostiquer le parc de stations d’épurations…

Mais aussi créer des alertes sécheresse pour anticiper les restrictions avant la crise, créer une gouvernance départementale de l’eau avec les acteurs de l’eau, fédérer les acteurs de l’eau potable au sein d’une instance commune, créer une Assemblée départementale de l’eau… Et également sensibiliser l’opinion, de nombreux Aveyronnais pensant que, dans le département, l’eau n’est pas un problème.

Un "travail de sensibilisation" en direction des Aveyronnais

Il est par ailleurs envisagé de mieux gérer la ressource souterraine et de mettre en place une cellule de surveillance proposant un indicateur de la rareté de l’eau.

"L’Assemblée pour l’Aveyron a été saisie afin de faire émerger une stratégie départementale sur l’eau : contraintes, atouts, usages, besoins actuels et futurs", a résumé le président du conseil départemental Arnaud Viala.

Présent pour ces Assises, le préfet Charles Giusti a souligné le caractère "remarquable" du travail mené, "une base extrêmement intéressante pour définir des actions concrètes à mettre en place".

"En attendant les retours du travail des acteurs locaux de l’eau, il y a déjà deux points d’horizon : mener un travail de sensibilisation des Aveyronnais aux défis de l’eau et une volonté d’informer et associer les communes et intercommunalités du département à l’évolution des travaux", a expliqué Arnaud Viala.

Le rapport présenté a servi de bases aux travaux des acteurs de la gestion et de la préservation de l’eau, qui ont planché, ce vendredi, à travers six ateliers thématiques (lire par ailleurs).

Chacun proposera, à l’issue, des axes de travail à l’échelle du département, première étape d’une concertation qui permettra de dévoiler une feuille de route au début de l’année 2023.