Ligue 2 : retour sur le septennat de géant de Laurent Peyrelade, entraîneur limogé du Raf

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    Laurent Peyrelade a connu deux montées avec Rodez. Centre Presse - Jean-Louis Bories
Publié le , mis à jour

Le désormais ancien entraîneur de Rodez a été démis de ses fonctions mardi 8 novembre. Retour sur ses sept ans à la tête du club aveyronnais, qui est passé sous ses ordres du CFA à la Ligue 2.

"Je vais grandir ici et avec ce club". Avec le recul, la phrase avait des allures de prophétie. Au-delà de tout ce qui pouvait être imaginé. C’est par ces mots, un jour de mai 2015, que Laurent Peyrelade a commenté son arrivée, lors de sa première conférence de presse en tant qu’entraîneur de Rodez. Âgé alors de 45 ans, l’ancien attaquant professionnel (passé notamment par Nantes, Lille, Sedan et Le Mans) s’apprêtait à prendre pour la première fois les commandes d’une équipe senior, après avoir fait ses classes au Mans, chez les jeunes et comme adjoint dans le staff professionnel.

On ne le savait pas mais ce jour a marqué le début d’une collaboration fructueuse, puisque si le natif de Limoges a bel et bien grandi avec le Raf, la réciproque est également valable. C’est sous ses ordres que le club du Piton a vécu l’une de ses périodes les plus fastes, en empruntant un "chemin" pavé de succès, pour reprendre son élément de langage favori. Avec comme faits d’arme la montée en National en 2017, celle en Ligue 2 deux ans plus tard, puis trois maintiens consécutifs au deuxième échelon du football français, offrant à Rodez une longévité inédite à ce niveau. De quoi lui assurer une place de choix au sein du Panthéon sang et or, aux côtés de Michel Poisson, l’autre figure marquante du banc ruthénois, architecte de l’ascension vers la Division 2 au cœur des années 80.

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Révélateur de talents

Outre ses succès, Laurent Peyrelade a aussi été un révélateur de talents. Sous ses ordres, des jeunes du club comme Pierre Bardy, Joris Chougrani, Rémy Boissier ou encore Ugo Bonnet se sont émancipés et ont pu s’épanouir dans le monde professionnel, qu’ils n’auraient peut-être pas rejoint sans l’ascension aveyronnaise. Le constat est aussi valable pour d’autres joueurs venus relancer leur carrière en terre rouergate, comme Arthur Desmas, Lionel Mpasi, Nassim Ouammou ou encore David Douline.

Au-delà des accomplissements, la belle histoire de Laurent Peyrelade avec le Raf est avant tout celle d’un technicien, qui s’est à la fois construit et réinventé, tout comme celle de dirigeants dont le mérite a été d’accorder leur confiance contre les évidences. Car il ne faut pas oublier que le début du septennat a ressemblé à un fiasco. Son équipe bâtie pour jouer les premiers rôles, avec une idée de jeu affirmée autour de la possession, s’est éteinte face aux rugueux adversaires méditerranéens de CFA, au point d’être rétrogradée sportivement à la fin du premier exercice. Rodez a finalement été repêché grâce aux dépôts de bilan d’autres clubs. Et Pierre-Olivier Murat, le président, a conservé l’ancien Manceau, malgré les mauvais résultats et malgré la volonté du comité d’administration, dont tous les membres prônaient le changement.

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Changement de logiciel

Cet été 2016 marque ainsi l’acte fondateur de la réussite sportive à venir. D’autant que Laurent Peyrelade a totalement changé de logiciel. Sur son comportement, d’abord, en devenant "plus dur, plus exigeant", selon ses termes dans un entretien paru dans nos colonnes. Sur la construction de l’effectif, ensuite, en étant vigilant sur le fait de créer une cohésion à toute épreuve, ce qui est devenu l’une de ses lignes directrices. Au niveau du jeu, surtout, puisque l’idéaliste a adopté son tournant de la rigueur, insistant sur la solidité, la débauche d’énergie et l’intensité. Pour correspondre "à l’ADN de la région, a-t-il expliqué par la suite à nos confrères de Sofoot. Si je me suis planté la première année, c’est parce que je voulais faire des choses qui ne correspondaient ni à mon groupe, ni à l’identité du club".

Cette recette nouvelle a été celle du succès immédiat. Le Raf a passé quasiment toute la saison suivante en tête pour retrouver en 2017 le National, quitté six ans plus tôt. Dans la foulée, les sang et or ont croqué à pleines dents cette division, déjouant tous les pronostics. Les promus ont longtemps été à la lutte pour obtenir une seconde accession consécutive, avant de baisser pavillon durant le dernier tiers de compétition (4es). Cela n’a été que partie remise. L’exercice 2018-2019 a été celui de l’apothéose, de la montée en Ligue 2, 26 ans après le dépôt de bilan qui avait mis fin à l’aventure des protégés de Michel Poisson au deuxième étage du football français. Avec son punch, son expression collective, une dose de maîtrise et un brin de réussite, l’équipe aveyronnaise a survolé les débats tout au long de la saison. Ce qui a valu à son coach de décrocher pour la deuxième année consécutive le titre de meilleur entraîneur de National.

En Ligue 2, il a tiré le maximum de son effectif

La suite du chemin s'est parcourue à l’étage supérieur, encore avec succès. Et toujours avec ce punch qui a fait la signature aveyronnaise. Les accomplissements ont paru bien plus relatifs mais il ne faut pas s’y tromper : les trois maintiens successifs ont la saveur de la réussite, pour un club qui fait figure de poids plume au milieu des grands noms du football français affrontés. En dépit de moyens financiers limités, l’ancien Manceau a invariablement tiré le maximum de son effectif pour se mettre au niveau.

Même si les objectifs ont été accomplis, l’énergie du début a par moments vacillé, donnant l’impression que la lassitude a gagné les esprits. Les séries à rallonge sans victoire (14 matches en 2020-21, 18 en 2021-22), ont peut-être laissé plus de traces d’usure que ce qu’on pouvait présager, en dépit des dénouements heureux. Mais les remous et les vents contraires sont aussi le lot des longues histoires. Celle de Laurent Peyrelade avec Rodez a pris fin mardi 8 novembre, à un moment où le club est en position de relégable. Malgré un début de saison moins accompli, malgré quelques tensions palpables avec sa hiérarchie et malgré l’absence d’épopée en Coupe de France durant son septennat, son passage sur le banc ruthénois restera une réussite totale.

Il gardera pour toujours l’image d’un entraîneur qui a contribué à faire grandir son club, à lui redonner sa gloire d’antan et à atteindre des hauteurs insoupçonnées. Ce n’était pas un chemin, c’était une ascension.

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