Rodez : à Gem la Bulle, l’art est le complice des autistes

Place des toiles, juste à côté de l’église Saint-Amans, Gem la Bulle est un cocon pour les personnes atteintes de troubles de l’autisme. Nicolas et Virginie sont attablés aux côtés notamment de Camille, qui pilote ce Gem (Groupe d’entraide mutuel). Ils parlent sans filtre. Librement. Et c’est exactement la raison d’être de cette maison, inaugurée au mois de juin dernier, sous l’égide de Pupilles de l’enseignement public (Pep) 12.

Très vite, on se rend compte que chacun a des choses à dire. Beaucoup de choses à dire. Leur cocon ruthénois est un espace libérateur. Ils nourrissent presque une forme de déception de ne pas être vus simplement, en tant qu’être, comme ils peuvent l’être au sein de cette "bulle". Les mots échangés sont souvent très forts.

Très vite également, l’art s’est présenté comme un précieux allié pour leur permettre d’ouvrir des portes parfois lourdes à pousser. .

Ce fut encore plus prégnant lors de cette mémorable soirée au CGR, en septembre dernier, lors de la projection du film "L’énergie positive des Dieux", suivie d’un débat. Ce soir-là, quelques-uns d’entre eux ont pris la parole en public. Avec un véritable effet déclencheur. "Il y a eu des échanges très forts avec la salle", confie Virginie.

Poser ses mots

Dans le même temps, Francis Estèves, médiateur thérapeutique, spécialisé notamment dans la musique assistée par ordinateur, a entrepris avec quelques-uns d’entre eux la réalisation d’un clip, dans lequel ils ont pu poser des mots sur ce qu’ils ressentent. Encore un moment très fort. Certains en ont été transformés. "Depuis qu’il a posé ses mots, Olivier n’est plus le même", se réjouit Virginie.

C’est donc tout naturellement, au fil des échanges, que l’idée d’aller plus loin sur ce chemin de l’ouverture… a fait son chemin. Un projet est en train de naître depuis ces dernières semaines. Celui de la réalisation d’un documentaire offrant la possibilité de mieux connaître cet univers de l’autisme, à Rodez, en y mêlant toute la puissance de l’art.

"On a souhaité l’adhésion de tous. C’est le cas, alors on peut y aller ", sourit Camille. Le projet mêle également les parents de la dizaine d’adhérents.

Ce documentaire va ouvrir des portes. "C’est juste le droit culturel à la différence que l’on défend là ", avance Francis Estèves, que l’on devine d’ores et déjà très fier de mener ce projet, qui sera le fruit d’échanges d’une richesse incroyable.