Vidéos : la vie de l'Aveyronnaise Coralie Durand, directrice de production du Printemps de Bourges, est un festival

Elle se voyait traductrice. Après une scolarité classique à Onet-le-Château – école des Narcisses, du Stade, collège des Quatre-Saisons – puis au lycée Monteil de Rodez où elle décroche son bac B (économie) en 1999, Coralie Durand a 18 ans lorsqu’elle s’inscrit en fac d’anglais au Mirail (aujourd’hui Jean-Jaurès) à Toulouse.

Elle y prépare un Deug qu’elle abandonnera finalement. Deux années pas tout à fait perdues puisque l’étudiante a peaufiné son projet – "C’est pas toujours évident de choisir la bonne filière quand on quitte le lycée" – et part pour Limoges préparer un Deust Métier de la culture à la fac de Vanteaux. "Je m’étais renseignée au CIO (centre d’information et d’orientation, NDLR) de Toulouse et j’avais vu qu’il n’y avait pas beaucoup de formations autour de la culture, à l’époque." Elle décroche son diplôme en 2003 après plusieurs stages dont un qui la ramène, durant deux mois à Rodez, au sein du label indépendant de production musicale Dora Dorovitch, créé en 2001 par Francis Estèves (alias Cisco) et Cédric Sauvestre.

Mais le temps d’entrer de plain-pied dans le monde du travail n’est pas encore venu pour la jeune Aveyronnaise.

Deux belles années à Arles

"Je décide alors de continuer mes études car je ne me sentais pas encore prête à entrer dans la vie active, se souvient-elle. Je passe des concours d’entrée pour intégrer un IUP (Institut universitaire professionnel, NDLR) et je décroche celui d’Arles."

Une formation de deux ans à l’administration des institutions culturelles qui propose des cours de droits, de comptabilité, de gestion avec des interventions de professionnels du cinéma, de la musique et des arts plastiques. Concrètement, au sortir de sa maîtrise (équivalent à un Master 1), Coralie Durand, qui se spécialise dans la musique, sait concevoir et mettre en œuvre des projets culturels. Elle effectue d’ailleurs son premier stage au festival des musiques du monde à Arles. "On gère les contrats entre les artistes et le festival, la billetterie… On rentre vraiment dans l’orga, dans le dur du sujet", précise-t-elle.

"J’ai beaucoup aimé Arles, c’est une petite ville antique très riche culturellement. Là-bas, à la fac, face à l’Espace Van Gogh, c’était comme un cocon, se rappelle-t-elle. C’est une ville où je retourne toujours avec plaisir. J’y ai gardé beaucoup de contacts."

Elle revient à Limoges le temps de son deuxième stage dans le cadre du festival des francophonies en Limousin et retrouve Toulouse en 2005 pour son dernier stage au sein de la société de production et d’organisation de tournée Klak’son.

NTM, Big Flo et Oli… Retour gagnant à Toulouse

Elle décide d’ailleurs de s’installer dans la Ville rose, quatre ans après l’avoir quittée – et cette fois riche de deux diplômes – pour travailler, toujours dans le domaine musical, chez Bleu Citron productions, où elle administre les tournées des artistes. Quatorze années passeront, marquées par la tournée du Suprême NTM de 2018 à 2020, pour laquelle elle encadre une équipe de 50 personnes et gère l’aspect financier, les concerts de Bigflo & Oli au Zénith de Toulouse, à l’Accor Arena à Paris en 2018 et au Stadium de Toulouse… Durant cette même période, elle est aussi chargée de boucler les budgets pour près de 400 spectacles par an. Elle rédige les contrats de spectacle, des engagements des artistes et des techniciens, suit la trésorerie, recherche des financements et gère les droits d’auteur…

En parallèle, pendant les années 2018 et 2019, après avoir bénéficié d’un congé individuel de formation au terme duquel elle décroche en 2015 un Master 2 Projets culturels dans l’espace public à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle est chargée de production pour la Compagnie de la Machine, dont le gigantesque hangar du quartier de Montaudran, à Toulouse, accueille des créations spectaculaires. Elle coordonne ainsi les équipes des spectacles "Le Gardien du Temple" qui attire 900 000 spectateurs en quatre jours. "Une super expérience qui me changeait du milieu de la musique", se souvient-elle.

Embauchée au Printemps de Bourges

En mars 2020, le premier confinement met la culture en pause et Coralie Durand voit son activité stoppée net.

Tout repart très vite ensuite pour la jeune Aveyronnaise qui est appelée, en juillet 2020, par le conseil départemental de la Haute-Garonne, à la direction des arts vivants et visuels où elle était déjà passée de mars à décembre 2017. Elle participe ainsi à la production d’événements tels que "31 Notes d’été" ou encore "Jazz sur son 31", deux manifestations qui attirent plus de 20 000 spectateurs.

Une dernière mission qui marque la fin de l’aventure toulousaine – plus de 15 ans – de celle qui est désormais une professionnelle reconnue. Elle est en effet embauchée en septembre 2021 au poste de directrice de production – "un nouveau challenge" – par le prestigieux Printemps de Bourges, un rendez-vous historique – il a été créé en 1977 – qui attirent chaque année plus de 200 000 festivaliers.

Coralie Durand est aujourd’hui installée à Paris, dans le XVe arrondissement, à quelques minutes à vélo de ses bureaux basés à Boulogne. Elle y prépare activement la prochaine édition du festival qui se déroulera du 18 au 23 avril 2023.

Depuis la capitale, l’Aveyronnaise, qui reste très attachée à son département d’origine, garde toujours en tête son amour de la langue anglaise – elle a fait plusieurs séjours en Grande-Bretagne où elle a suivi des cours intensifs à Bristol, et au Canada. "Le côté Angleterre me titille toujours", dit-elle. Comme un retour à ses amours de jeunesse…