Travaux publics : depuis près de 90 ans en Aveyron, l'entreprise Colas tient la route

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  • Olivier Trouillet, 38 ans,  chef d’exploitation  de l’agence de Rodez.
    Olivier Trouillet, 38 ans, chef d’exploitation de l’agence de Rodez. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
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La plus ancienne des grandes "majors" de travaux routiers implantée en Aveyron peut se prévaloir d’un fort ancrage local, d’un solide attachement aux liens de proximité et d’un accompagnement permanent de tous ses salariés. À Rodez, l’agence de ce leader mondial aborde avec prudence la crise actuelle.

Elle est presque centenaire et tient toujours aussi bien la route : "la" Colas, comme on dit ici, fait partie du paysage comme du patrimoine affectif des Aveyronnais. En 1929, elle s’emploie déjà à moderniser les voies, "goudronnant" les chemins empierrés encore vierges d’un gros trafic automobile. Le département est vaste, il demeurera une référence pour cette entreprise, filiale du groupe Bouygues aujourd’hui, l’un des plus grands groupes de travaux routiers au monde présent dans de très nombreux pays.

Des réalisations phares

En Aveyron, Colas marque son empreinte par nombre de réalisations, dont la transformation de Rodez dans le cadre du contrat Ville moyenne en 1975 (place d’Armes, rues piétonnes), l’aménagement des Costes-Rouges à Onet (1978), les déviations de Rignac, Pont-de-Salars, Recoules-Prévinquières, Curlande, et la R N88 à quatre voies de Rodez jusqu’au Tarn. Et on en oublie assurément.

Fort ancrage local

"Notre force, c’est notre ancrage local, assure Olivier Trouillet. On est présent auprès des collectivités comme auprès de la trentaine d’associations sportives que l’on soutient, notre main-d’œuvre est exclusivement locale, nous sommes une vraie entreprise de proximité". Le chef d’exploitation, directeur par intérim de l’agence de Rodez, plaide cette insertion dans le territoire pour une unité qui fonctionne, au sein du groupe Colas, comme une PME autonome. Laquelle est forte de ses 110 salariés dont la fidélité à la maison est en moyenne de 20 ans (ce qui est beaucoup pour ce secteur) et "d’un sens du contact toujours privilégié » sur l’ensemble d’une zone qui couvre tout le département et la partie figeacoise du Lot. « Cette proximité et cette fidélisation sont importantes, elle permet aux interlocuteurs, nos équipes et les clients, de bien se connaître".

En chiffres

1929. C’est l’année d’implantation de Colas en France, entreprise qui a vu le jour auparavant en Angleterre sous l’égide du pétrolier Shell. Colas signifie « cold asphalt », revêtement utilisé alors sur les routes à faible trafic.C’est pour cela que l’Aveyron est choisi en 1929 pour accueillir l’un des trois premiers sites en France de Colas. Le terrain initial, à Gages, existe toujours et sert de dépôt.

18. C’est en millions d’euros le chiffre d’affaires 2022 de l’établissement de Rodez, qui est relativement stable d’une année sur l’autre. 85 % du budget de l’entreprise provient de la commande publique, comme nombre d’entreprises de travaux publics. Et 3,7 % de la masse salariale est consacrée à la formation des salariés. Laquelle représente à Rodez 1 500 à 2 000 heures par an.

110. C’est le nombre de salariés de l’établissement de Rodez, qui en fait une des plus importantes agences Colas de la zone Sud-Ouest. La moyenne d’âge des salariés est de 45 ans. Si les femmes sont représentées dans les bureaux administratifs, elles sont inexistantes sur les chantiers, au grand regret de la direction qui déplore le manque de candidates, peu attirées (à tort) par les TP.

 

Intégration sociale par la formation

La maison fonctionne comme une famille. On y entre comme l’on est, et l’on ne peut qu’y progresser : les évolutions de carrière sont à portée de main à travers tout un catalogue de formations ouvertes à tous (« Colas Campus ») pour permettre à ceux qui le souhaitent de grimper dans les étages. Une forme d’intégration sociale en quelque sorte. "Chez Colas, tous les patrons sont issus du chantier, y compris le PDG", glisse Olivier Trouillet. "On entre compagnon et on peut gravir tous les échelons si on le souhaite. Et on pousse les gens à se former en ce sens. Dans nos domaines, il y a des aspects que l’on n’apprend pas à l’école. Le manager doit connaître le quotidien des compagnons, avoir partagé leurs tâches, appréhendé la dureté du métier. Du coup, il n’y a pas de problème majeur dans la chaîne hiérarchique, ce système crée la cohésion d’équipe".
Sept alternants actuellement et douze stagiaires depuis le début de l’année se sont greffés aux équipes. Une bonne façon de capter l’attention des jeunes à qui Colas sait également proposer un tour de France des agences, avec des missions différentes pour parfaire leur expérience.

Pour autant "le recrutement reste très compliqué en Aveyron. Il faut trouver des gens qui aient envie d’y venir ou d’y revenir". Une envie qui échappe un peu trop aux candidatures féminines, freinées à tort par l’image de rudesse des travaux publics. "Il faut féminiser pourtant nos métiers, cela change en mieux les relations d’équipe", exhorte Olivier Trouillet.

Face à la crise

Si l’heure est à trouver de la main-d’œuvre, elle l’est d’autant plus à affronter la crise de l’énergie, l’inflation qui en découle et qui freine les possibilités d’expansion en contraignant les budgets. "Maintenir le cap est compliqué après le Covid et l’augmentation du prix des matières premières, de l’énergie", reconnaît Olivier Trouillet.

"La construction routière consomme beaucoup de pétrole et de gaz pour les postes à enrobés par exemple. On répercute les coûts sur les clients, lesquels, collectivités en tête, jouent très bien le jeu et maintiennent les budgets de voirie. On est reconnaissant envers eux… Mais les volumes baissent et avec eux le chiffre d’affaires. Les dossiers d’appels d’offres ont été freinés depuis cet été, on ressent le phénomène à présent. Nul doute que l’hiver qui s’annonce risque d’être tendu. Autant dire que l’on a des craintes pour 2023".

Comment dès lors occuper le personnel ? "On a su se diversifier, sur des chantiers de réalisation de réseaux, de stations d’épuration, de démolition avec le rachat de l’entreprise ruthénoise Ferrié. Quant aux grands terrassements, le marché n’est pas porteur en Aveyron et demanderait de trop lourds investissements. Et puis on compte sur le marché des particuliers pour passer les mois difficiles. Quoi qu’il en soit, il y a toujours des hauts et des bas dans nos activités, il faut rester confiant".

Innovations et écologie en première ligne

Dans le secteur des travaux publics, on mesure le chemin parcouru par l’application sur le terrain des nouvelles technologies. Et notamment par l’utilisation de nouveaux produits répandus les routes, bien moins polluants. Colas est en pointe dans ce domaine, où la recherche et l’innovation tiennent le haut du pavé.

"Réduire l’empreinte carbone est un maître mot chez nous", confirme Olivier Trouillet. "Notre groupe a une forte politique RSE, responsabilité sociétale des entreprises pour développer les produits bas carbone. Ainsi les enrobés tièdes composés de matériaux recyclés mais aussi des liants issus de compositions végétales ou minérales et non des hydrocarbures, comme le Végécol… Et l’on développe aussi des matériaux plus drainant, répondant aux besoins environnementaux".

Colas recycle ainsi les anciennes couches de roulement, rabotées lors de la réfection de la chaussée, pour les utiliser dans un process moins gourmand en pétrole. La marque a également lancé, récemment, le concept de route photovoltaïque Wattway dont une nouvelle version est en préparation.

Camions circulant au bio carburant, développement du parc de voitures électriques, adaptation des sites aux économies d’énergie, accent mis sur le recyclage… "Tout le monde chez nous participe à la démarche, chaque jour à tous les niveaux, plaide Olivier Trouillet. Et au niveau national, le groupe vient d’être le premier à faire l’acquisition d’une pelle mécanique électrique Mecalac".

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