Football : Rigoureusement passionné, Didier Santini, nouvel entraîneur de Rodez, vu par ses proches et ex-collaborateurs

Abonnés
  • Didier Santini, à droite, avec son ancien président à Dunkerque, Jean-Pierre Scouarnec.
    Didier Santini, à droite, avec son ancien président à Dunkerque, Jean-Pierre Scouarnec. Photo MAXPPP - Marc Demeure
Publié le
Mathis Fessard

Didier Santini va diriger ce lundi matin, à Vabre à l'occasion de la reprise, son premier entraînement comme coach du Rodez Aveyron football (Ligue 2). À cette occasion, Centre Presse Aveyron s’est entretenu avec certains de ses proches et anciens collaborateurs, afin d’en savoir plus sur l’homme et l’entraîneur qui se cache derrière cet ancien arrière gauche de l’OM et de Bastia. Long format.

Passion. Si un mot devait résumer Didier Santini pour ceux qui le connaissent le mieux, ce serait assurément celui-ci. Pour beaucoup, le football représente un grand centre d’intérêt. Mais il semblerait que pour le nouveau technicien du Piton, cela aille encore au-delà.

"Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi passionné par le football que lui. C’est un truc de fou. Il s’intéresse à tous les championnats, il regarde tous les matches. Quand il a eu sa réunion avec le président de Rodez, il connaissait déjà l’équipe, les joueurs, le dispositif, les points négatifs et positifs. C’était impressionnant ", se souvient son fils Jérémi Santini, actuellement joueur à Toulon en N2 et qu’il avait eu sous ses ordres lors de son passage à Béziers. Des dires qui ne sont pas propres à son fils, puisque partagés par toutes ses connaissances que l’on a contactées. À commencer par son ancien formateur à l’Olympique de Marseille, devenu ensuite entraîneur, puis double champion de France avec le club phocéen, Gérard Gili : "Je me souviens de Didier comme de quelqu’un de formidable, avec des convictions, et surtout qui adore le foot. Je l’ai revu l’an passé à Bastia, après un match de son équipe de l’époque (Saint-Brieuc, NDLR). On avait passé la soirée ensemble à se remémorer nos souvenirs et à parler de football. C’était avec grand plaisir que j’ai retrouvé le garçon passionné que j’avais quitté il y a un certain nombre d’années."

Didier Santini, un destin écrit ?

S’il est aujourd’hui connu en tant que coach, Santini a d’abord eu un passé avec les crampons chaussés aux pieds. Alors dans les équipes des jeunes du PSG, Gérard Gili l’avait fait venir chez l’ennemi marseillais, tandis qu’il était encore mineur. Un retour aux sources pour lui, le natif de la Préfecture des Bouches-du-Rhône.

Et déjà, son directeur du centre de formation sentait en lui cette volonté de partager son amour du football… Comme un entraîneur est amené à le faire. " Je ne suis pas surpris de sa reconversion après sa carrière de joueur. C’était un peu prédestiné, selon moi. J’ai eu des joueurs comme Jean Tigana et Didier Deschamps, qui étaient déjà à l’époque des petits entraîneurs en puissance, et qui le sont devenus par la suite. Didier Santini, c’était un peu pareil. On sentait l’envie de transmettre sa passion du foot. Quand on a ces qualités-là, on devient obligatoirement éducateur, puis entraîneur, à un moment donné", estime Gérard Gili.

Très proche de lui à Bastia, lorsque Santini a quitté Marseille pour l’île de Beauté en 1989, l’ancien gardien Bruno Valencony garde, lui aussi, en tête son ouverture aux autres : "Quand il est arrivé, ce n’était pas forcément lui qui prenait la parole dans le vestiaire, parce qu’en Corse, ce sont souvent les anciens qui parlent, et pas les jeunes comme nous. Mais au fur et à mesure que les années sont passées, et qu’il est devenu un cadre, il aimait bien fédérer et conseiller le groupe."

Coach chez les pros, 17 ans après ses débuts sur le banc

Une fois sa carrière de joueur, longue de 16 ans, terminée, Didier Santini a immédiatement emprunté la voie du coaching, en prenant les rênes, en 2005, des moins de 19 ans de Bastia. " C’était une grosse volonté de sa part de passer rapidement ses diplômes d’entraîneur. Il a commencé chez les jeunes, donc il n’a pas été balancé directement en Ligue 1 ou en Ligue 2, comme certains arrivent à le faire ", rappelle Valencony, qui est toujours proche de lui plus de trente ans après leur première rencontre. Et s’il ne l’a pas été "directement", il ne l’a pas, non plus, été "rapidement".

En effet, entre son passage à Bastia et son arrivée en novembre à Rodez, Santini a voyagé un peu partout en France (Calvi, Borgo, Dunkerque, Béziers et Saint-Brieuc), et même à l’étranger lorsqu’il a été l’adjoint de Patrick Gonfalone avec la sélection espoirs de la Chine, sans jamais parvenir à approcher le monde pro… Une incompréhension pour son ancien président dunkerquois, Jean-Pierre Scouarnec : " C’était surprenant de voir que "POM" (Pierre-Olivier Murat, président du Raf) prenait un entraîneur venant de National. Mais en apprenant que c’était Didier, ce n’était plus étonnant du tout. Il a largement sa place en Ligue 2. Jusqu’ici, je ne sais pas pourquoi il n’avait pas eu cette opportunité, mais là, il l’a. Et je sais qu’il va la saisir. "

Son ami Bruno Valencony estime, lui, que son franc-parler n’est pas étranger à cette arrivée tardive dans le monde professionnel : "Il y a des entraîneurs qui sont capables de modifier un peu leur façon de penser ou de faire pour pouvoir gravir les échelons. Didier n’est pas de ceux-là. Il a ses convictions. Il dit ce qu’il a envie de faire, et ensuite, ou les dirigeants sont d’accord, et ça le fait, ou ils ne le sont pas, et, lui, ne change pas son fusil d’épaule. Ça c’est sûr"

"Il y a certaines personnes à qui ça ne plaît pas trop"

Mais si Didier Santini n’avait jamais été coach d’un club professionnel avant aujourd’hui, et sa première séance avec le groupe à Vabre, il en a, semble-t-il, toujours eu les méthodes. Ce qui, n’a pas toujours plu au sein de ses groupes amateurs… "Il instaure une vraie rigueur à tous les entraînements. Quand on l’a eu à Béziers, il avait un profil assez tactique. Pour certains joueurs, c’était un peu trop, car on n’était qu’en CFA. On regardait beaucoup de vidéos, et certains s’en foutent de ça. Mais pour moi, c’était un confort. Le week-end, on savait où on allait ", confie l’expérimenté défenseur central que Santini a eu sous ses ordres à Béziers, Jérémie Clément. Il poursuit : "Didier a un vrai caractère. Il exprime toujours ses idées au club. Du coup, il y a certaines personnes à qui ça ne plaît pas trop."

Son fils, Jérémi, qui l’a eu en tant que technicien lorsqu’il était en terre héraultaise, se souvient, lui aussi, des méthodes particulières de son père, qui allait même jusqu’à analyser avec la vidéo des matches… de Ligue des champions. "Quand il y avait matches européens le mardi, il nous faisait une analyse vidéo le mercredi. Il voulait nous montrer qu’au haut niveau il y avait, aussi, des erreurs, qu’on retrouvait chez nous. Et il nous expliquait comment les régler. C’était assez passionnant pour moi de faire de la vidéo avec lui. Mais ça ne plaît pas à tout le monde. À la fin à Béziers, même le président disait qu’il était trop pro pour le club", relate-t-il. Un "défaut" qui pourrait donc devenir une qualité dans un club de Ligue 2 comme Rodez ?

"Si je l’avais eu à 20 ans, j’aurais été meilleur"

D’après ses proches, son énorme rigueur sur le terrain d’entraînement, dans la salle d’analyse vidéo, ou lors des matches, n’a qu’un seul et unique but : faire progresser ses joueurs, et notamment les jeunes. C’est d’ailleurs ce qui l’animerait le plus. "C’est un excellent entraîneur, parce qu’il a une capacité particulière à faire progresser ses joueurs. Si un joueur à telle qualité, il va essayer de travailler sur celle qu’il a moins. Et il va être capable de le faire jouer à un niveau qu’il ne pouvait pas atteindre précédemment", pointe du doigt le boss de Dunkerque. C’est d’ailleurs pour cette raison que Jérémie Clément regrette de n’avoir croisé sa route qu’à 35 ans : "Il m’a quand même fait progresser malgré mon âge. Je lui ai dit quand il est parti que c’était dommage que je ne l’aie pas eu plus tôt. Si je l’avais eu à 20 ans, j’aurais été meilleur !"

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Sur le même sujet
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?