"Le rétrofit de voitures anciennes est bien plus cool qu'acheter une voiture électrique neuve" (Arnaud Pigounides, REV Mobilities)

(ETX Daily Up) - Un premier showroom dédié au rétrofit vient d'ouvrir ses portes à Paris. Le grand public va pouvoir découvrir les bénéfices de cette nouvelle technologie permettant de convertir n'importe quel véhicule thermique en modèle entièrement électrique. Arnaud Pigounides, fondateur de REV Mobilities et initiateur de la réglementation française autour du rétrofit, fait le point sur ce marché qui n'en est qu'à ses balbutiements.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste aujourd'hui le rétrofit ?

Le rétrofit consiste à transformer un véhicule essence ou diesel thermique en électrique, à batterie ou pile à combustible. Cela concerne aussi bien les deux-roues que les bus, en passant bien sûr par les voitures. C'est surtout une solution qui permet à des véhicules en bon état d'avoir une deuxième vie.

Toutes les voitures thermiques sont-elles éligibles au rétrofit ?

On a aujourd'hui un catalogue de produits de conversion adaptés à des utilitaires, à des bus, mais aussi à des voitures anciennes et des citadines. L'idée est de pouvoir convertir par exemple sa Clio à bas prix, pour une autonomie comprise entre 160 et 200 km. Pour les citadines de ce genre, une conversion coutera entre 16.000 et 20.000 euros, contre souvent plus de 30.000 euros pour un véhicule neuf, sachant que le rétrofit bénéficie également de nombreuses aides et primes de l'État.

Niveau technologie embarquée, est-ce qu'une voiture rétrofitée est comparable à n'importe quelle voiture électrique vendue dans le commerce ?

C'est surtout comparable au véhicule d'origine. Cela signifie qu'une voiture qui affichait par exemple une puissance de 150 ch pour une tonne, va se voir intégrer l'équivalent en électrique pour le même poids. La réglementation concernant le rétrofit induit en effet de conserver le même poids et la même puissance. Le comportement de la voiture sera donc comparable, et même un peu plus confortable avec un freinage sensiblement amélioré.

Quelle est aujourd'hui la clientèle qui s'intéresse à ce phénomène ?

Notre première cible, ce sont en fait les flottes de véhicules anciens, qu'ils soient utilisés dans la location ou par des propriétaires de food trucks par exemple. Mais nous avons aussi des particuliers qui souhaitent disposer d'une deuxième voiture, électrique, et qui préfèrent ici opter pour un modèle thermique d'occasion rétrofité, qui reviendra au final moins cher qu'une Renault ZOE neuve. A leurs yeux, le rétrofit de voitures anciennes est bien plus cool.

Combien d'établissements en France permettent aujourd'hui de rétrofiter sa voiture ?

Tant que l'on n'a pas toutes les homologations, de tous les véhicules, c'est évidemment difficile d'avoir 150 points de vente. C'est tout un écosystème qui est en train de se mettre en place. Nous n'avons par exemple toujours pas de point de vente puisque les premiers véhicules homologués ne le seront qu'en 2023. Les automobilistes intéressés doivent donc se mettre sur liste d'attente.

D'où la nécessité de former des professionnels.

C'est en effet un nouveau métier que l'on est en train de mettre en place. Ce qui va se passer, c'est que l'on va avoir, chez nous, un premier atelier capable de traiter environ 1000 véhicules par an, avant de déployer ce savoir-faire ailleurs chez des chaines de centre auto un peu partout en France, selon les demandes en région.