De Paris, François Lautard cultive sous toutes ses formes son attachement à l'Aveyron

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  • François Lautard, au siège de FML Recyclage, installé boulevard de Reuilly à Paris.
    François Lautard, au siège de FML Recyclage, installé boulevard de Reuilly à Paris. L'Aveyronnais - Emmanuel Pons
  • Joseph, l’arrière-grand-oncle,  premier "ferrailleur" de la famille, commence son activité en 1909  à Montreuil.	 Joseph, l’arrière-grand-oncle,  premier "ferrailleur" de la famille, commence son activité en 1909  à Montreuil.
    Joseph, l’arrière-grand-oncle, premier "ferrailleur" de la famille, commence son activité en 1909 à Montreuil. Reproduction l’Aveyronnais
  • En 1920, François, le grand-père, après avoir débuté avec Joseph, installe son entreprise  à Aubervilliers.	 En 1920, François, le grand-père, après avoir débuté avec Joseph, installe son entreprise  à Aubervilliers.
    En 1920, François, le grand-père, après avoir débuté avec Joseph, installe son entreprise à Aubervilliers. Reproduction l’Aveyronnais
  • Roger, le père, crée Lautard SA  en 1953.	Roger, le père, crée Lautard SA  en 1953.
    Roger, le père, crée Lautard SA en 1953. Reproduction l’Aveyronnais
  • François (à gauche), qui devait succéder à son père, est contraint,  après un différend familial, de quitter la société paternelle en 1997.  Il monte alors Lautard Recyclage SAS, en association avec son fils  Maxime (à droite), cinquième génération et actuel dirigeant de la société.
    François (à gauche), qui devait succéder à son père, est contraint, après un différend familial, de quitter la société paternelle en 1997. Il monte alors Lautard Recyclage SAS, en association avec son fils Maxime (à droite), cinquième génération et actuel dirigeant de la société. L’Aveyronnais
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A Paris, Emmanuel Pons

Héritier d’une famille de "ferrailleurs", François Lautard a su moderniser son entreprise et garder le cap, secondé par son fils Maxime auquel il a confié les commandes. Aveyronnais dans l’âme, il reste très attaché à son département d’origine, notamment à travers le réseau amicaliste et les quilles de huit.

Tout a commencé au début du siècle, quelques années avant la guerre de 1914. Joseph Lautard, l’arrière-grand-oncle, installé à Montreuil, récupère les vieilles boîtes de conserve dans sa charrette, tirée par un cheval. Il les fait ensuite fondre dans un four pour extraire l’étain, utilisé à l’époque pour le sertissage, qu’il récupère finalement en lingots. "Mon grand-père François, basé à Aubervilliers, prend la suite dans les années 1920, raconte son petit-fils, prénommé aussi François, et achète par la suite une ferme au Cayrol, près du berceau familial de Moulin de Salleles sur la commune de Condom-d’Aubrac."

"Mon père, Roger, né en 1921, poursuit l’activité et crée en 1953 la société Lautard SA" que le jeune François intègre au milieu des années 1960.

"Je suis né à Aubervilliers en 1944 mais j’ai grandi en Aveyron, à Saint-Côme-d’Olt, chez mes grands-parents, à la Rigaldie", explique ce dernier qui se souvient d’une époque où "l’entraide et la solidarité étaient des valeurs fortes, dans nos campagnes".

École au village de Saint-Côme, chez les Frères, alors installés au château (en lieu et place de la mairie actuelle), puis montée à Paris, à 8 ans, où le petit Aveyronnais est inscrit à l’école communale.

Le train des Petits Rouergats pour rentrer au pays

"Je passais alors toutes les vacances scolaires à Saint-Côme, chez mes grands-parents qui m’avaient élevé. J’avais vraiment besoin de retrouver l’air frais et l’ambiance de l’Aveyron", se rappelle-t-il. "Trois fois par an, pour Noël, Pâques et les grandes vacances, on prenait le train des Petits Rouergats, de Paris à Rodez, qui ramenait tous les enfants au pays. À l’aller, c’était la joie ! Au retour, des pleurs !"

Le jeune François grandit et entre au lycée Condorcet où il poursuit ses études secondaires, avant de "faire" son service militaire à Montluçon puis à Reims.

Il fréquente déjà les nombreux banquets organisés par les amicales aveyronnaises de Paris. "On allait danser dans les salons Vianney et Delbor où on retrouvait les gens du pays, se souvient-il. C’est d’ailleurs au banquet de Prades-d’Aubrac, en 1972, que j’ai rencontré mon épouse Agnès, originaire de Saint-Geniez-d’Olt. Nous nous sommes mariés la même année."

Trente-cinq années de vie commune "en parfaite union avec la même passion pour le pays", se remémore François Lautard. "Malheureusement, mon épouse est décédée des suites d’une longue maladie en 2008."

C’est au retour de l’armée qu’il intègre l’entreprise paternelle. "Je suis passé par tous les stades, dit-il. J’ai commencé à trier les différentes catégories de métaux, j’ai conduit des pelles, des camions. Pour devenir enfin chef de chantier, puis directeur commercial…"

Mais la belle aventure et le destin (presque) tout tracé du fils aîné s’arrête net après le décès de son père, Roger, en 1996. "En avril 1997, j’ai été contraint de quitter la société à cause d’un différend familial", explique François Lautard qui en garde aujourd’hui encore un goût amer. "Les volontés de mon père n’ont pas été respectées."

Un nouveau départ

Et voilà l’entrepreneur, 53 ans, obligé de repartir de zéro, avec, à ses côtés, son fils Maxime, alors âgé de 23 ans, qui avait été embauché quelques mois plus tôt.

Tous les deux s’associent pour créer, en 1997, la société FML, aujourd’hui installée dans le XIIe arrondissement de Paris. "Un sacré challenge !", se souvient-il. Mais les relations, le savoir-faire et surtout la réputation de l’entrepreneur lui assurent la confiance des banquiers et des différents partenaires.

Le binôme père et fils, François et Maxime, qui fait alors preuve de "courage et de volonté", est un duo gagnant. L’expérience du premier alliée à l’énergie et aux idées neuves du second – diplômé d’une école de commerce – permettent à FML de se développer rapidement.

"Depuis plusieurs années, j’ai passé la main à mon fils, dit François Lautard, âgé aujourd’hui de 78 ans. Il a appris très rapidement et a pris les rênes de la société. Il s’en occupe très très bien, avance-t-il fièrement. Une chance !" Une société qui possède actuellement plus de 40 antennes en France et en Europe, une proximité qui permet d’assurer tous les services de récupération et de gestion des ferrailles et métaux auprès des industriels dans chaque région.

En retrait de FML Recyclage, François Lautard continue à s’investir et à perpétuer le lien entre Paris et l’Aveyron. "Je suis vice-président de l’amicale du Cayrol, comme l’avaient été mon grand-père et mon père, précise-t-il. Je suis un homme de tradition."

Et s’il y a bien une tradition qui perdure, c’est celle du banquet annuel qui a lieu tous les ans, le dernier dimanche de janvier, et où les Aveyronnais se retrouvent toujours avec plaisir. Le prochain rendez-vous est fixé au 29 janvier 2023, au Nogentel de Nogent-sur-Marne.

Une passion pour les quilles de huit

Et il est un autre domaine dans lequel François Lautard est investi depuis très longtemps. En effet, en bon Aveyronnais, il joue aux quilles depuis l’âge de huit ans. Et a poursuivi à Paris où il s’inscrit, dès 1961, au Sport quilles rouergat, club qui a fêté ses 70 ans il y a quelques années.

Au mois d’août de l’année suivante, il participe au premier championnat de France junior, à Rodez, où son équipe se classe en haut de tableau. Il joue alors avec les deux frères Jean-Claude et Gérard Enjalbert, de Magrin, et Gilbert Boissonnade, de Pont-de-Salars. Quelques années plus tard, en 1994 – il a 50 ans – il égalise le record de France sur une partie avec un total 66 quilles. Un record jamais battu à ce jour à Paris.

"J’ai continué à jouer toute ma vie. J’ai aussi été président du Sport quilles rouergat pendant 25 ans, ainsi que coprésident du Comité de Paris, avec Roger Laurens, originaire du Nayrac", dit M. Lautard. "Ensemble, on a organisé les deux championnats de France en 2000 et 2007 à Versailles. Je me suis entièrement investi dans la réussite de ces compétitions, fortement aidé par mon coprésident et les joueurs parisiens. J’en suis très fier !" Un événement qui réunit, à chaque fois, 400 à 500 Aveyronnais qui se retrouvent en région parisienne.

"Une performance extraordinaire"

Et si le Comité de Paris sait recevoir, il brille aussi à l’extérieur. L’été dernier, notamment, où Gary Guibert, licencié au club de la Solidarité Aveyronnaise, s’est classé deuxième du Championnat de France individuel organisé à Saint-Amans-des-Côts. Paris dont l’équipe menée par Denis et Gary Guibert a aussi remporté le Championnat de France par équipe à Rodez en Excellence ("le Graal" des quilles), titre convoité par les meilleures équipes aveyronnaises. D’autres équipes parisiennes sont également montées sur le podium – premier en Promotion avec des jeunes joueurs et deuxième en Essor. L’équipe de Gary Guibert a poursuivi en remportant la Coupe de France disputée au mois d’août à Espalion. "Une performance extraordinaire", se réjouit M. Lautard qui se dit "très heureux que les quilles continuent de bien marcher à Paris".

Performances d’autant plus remarquables que le Comité de Paris ne compte qu’une petite centaine de licenciés quand l’Aveyron en dénombre quelque 4 500.

Aujourd’hui retiré des affaires, François Lautard garde toujours un œil bienveillant sur la société qu’il a créée avec son fils Maxime. Il  partage désormais son temps entre Paris et l’Aveyron, le berceau de sa famille, où il aime retrouver ses amis d’enfance, du côté de Saint-Geniez, Saint-Côme et Espalion…

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