Entreprendre en famille : les choses à faire ou à ne pas faire quand on se lance

  • Entreprendre en famille : les choses à faire ou à ne pas faire quand on se lance
    Entreprendre en famille : les choses à faire ou à ne pas faire quand on se lance
Publié le
BPI France

Entreprendre en famille, un rêve entrepreneurial qui peut rapidement virer au cauchemar si on n’y prend pas garde. Aurélie Boutboul, cofondatrice – avec sa sœur Julia - de la marque de prêt-à-porter Soi Paris, nous partage son expérience personnelle pour entreprendre avec un membre de sa famille sans accroc.  

"Moi je suis née en France, toi tu es née aux États-Unis. Moi je suis d’accord, toi tu n’es pas d’accord. Moi je parle avec le cœur, toi tu parles avec la raison. Moi je dessine et je crée, toi tu vends et tu analyses. Moi j’ai la tête dans les étoiles, toi tu as les pieds sur terre". Ce petit laïus présentant l’histoire et la relation qu’entretiennent Aurélie et Julia Boutboul, les deux fondatrices de la marque de prêt-à-porter Soi Paris, pourrait coller à de nombreux duos de dirigeants. Pourtant, derrière la complémentarité et les facilités que peuvent laisser paraitre ce type d’association, entreprendre en famille est loin d’être une balade de santé. Un parcours qu’Aurélie Boutboul nous partage les bonnes pratiques que sa sœur et elle ont mis en place au début de leur collaboration.

Former une équipe complémentaire

En amour, on dit souvent que les opposés s’attirent. Il en va de même lorsqu’on s’associe pour monter une entreprise. Dans de nombreux duos entrepreneuriaux, on retrouve souvent ces deux mêmes profils : le créatif et la tête pensante. Si entreprendre en famille peut sembler de prime abord plus simple, il faut néanmoins veiller à composer une équipe complémentaire dans laquelle les forces et faiblesses des deux co-pilotes s’équilibrent. "Dans notre schéma personnel la complémentarité était assez évidente. La créative, c’est Julia grâce à son bagage artistique alors que moi je m’occupe plus de la partie business. Dès le lancement, nous savions que nous aurions des missions très différentes et c’est aussi ça qui a fait que la collaboration a marché ", détaille Aurélie Boutboul. De plus, découvrir ensemble l’univers de la mode, dans lequel ni l’une ni l’autre n’avaient jamais travaillé auparavant, a permis aux deux sœurs d’apprendre et d’avancer à la même vitesse.

S’empêcher de parler boulot à un déjeuner de famille

Tous les conjoints ou parents de frères ou sœurs entrepreneurs le diront : à un repas de famille, celle dont on parle le plus, c’est l’entreprise ! Et même si nombreux sont ceux à reconnaitre qu’il est essentiel de savoir fermer la porte du bureau une fois la journée terminée, dans la pratique c’est plus compliqué… "Avant d’avoir nos enfants, ma sœur et moi pouvions discuter des heures de notre entreprise. Pendant des déjeuners de famille, en vacances, en faisant nos courses, bref, il n’y avait pas de limite. C’est toujours le cas, mais aujourd’hui, avec la naissance de nos enfants, Soi Paris est passé au second plan, même s'il nous arrive de craquer et d'en parler pendant des heures lors de diners de famille ", reconnait Aurélie Boutboul.

Miser sur son histoire commune

Chez Soi Paris, chaque vêtement a une histoire à raconter, et la plupart du temps, il parle des souvenirs des deux jeunes femmes. Julia Boutboul crée tous ses imprimés à la main, en dessinant, en peignant ou en réalisant des montages à partir de photos. Ainsi, "Mamie Odette", la chemise signature de la griffe, est inspirée d’une recette d’artichauts à l’orange que préparait l’arrière-grand-mère des deux sœurs. "Dès le début, on savait qu’on se lançait sur un marché hyper saturé, il était donc essentiel de pouvoir nous démarquer. Et pour ce faire, quoi de mieux que des imprimés uniques créés à partir de nos souvenirs communs, de nos passions ou même de péchés mignons ".

Oublier d'aborder le sujet de la vision de l'entreprise à long terme

"Dans les histoires entrepreneuriales que j’ai pu voir capoter, la raison qui revenait le plus souvent était que les associés avaient oublié ou tout simplement mis de côté le fait de parler de leur vision de la société à long terme ". Quel type de croissance souhaitez-vous ? Imaginez-vous un développement à l’international ? D’ici dix ans, comptez-vous revendre votre boite ?
Il est conseillé d’aborder toutes ces questions, et bien plus encore, avec son futur associé afin que la roadmap de l’entreprise soit claire et qu’il n’y ait pas de mauvaise surprise pour l’un comme pour l’autre. D’autant plus si vous êtes de la même famille, et que l’un de vous souhaite transmettre l’affaire à ses enfants par exemple.

Impliquer ses collaborateurs dans l’histoire familiale

Appartenir à une entreprise c’est aussi embrasser son histoire, jusqu’à la faire sienne. Un sentiment d’appartenance et d’attache qui contribue grandement à la marque employeur. "Nos employés connaissent tout de notre histoire familiale, les prénoms de nos proches, nos dernières vacances et même nos disputes ! Au final, nous ne sommes qu’une seule et même famille", affirme la dirigeante. Impliquer ses collaborateurs dans l’histoire familiale peut donc grandement contribuer à la cohésion d’équipe, car si vous êtes ouvert à eux, ils le seront très certainement envers vous et le travail commun n’en sera que plus fluide !

Penser que le fait d’être sœur va compliquer la collaboration

"Je connais ma sœur sur le bout des doigts. Je sais parfaitement comment elle fonctionne, mille fois plus qu’un ami ou même un partenaire lambda que j’aurais pu rencontrer par des connaissances communes. Donc évidemment, je n’avais eu aucun doute sur notre collaboration et le fait que ça se passerait bien". Partager les hauts comme les bas se révèle également plus facile à vivre avec une personne de sa famille, avec qui on n’a moins de filtres. De plus, l’honnêteté qu’elles s’accordent l’une à l’autre est également un facteur clé dans la gestion de l’entreprise. "Quand il m’arrive de ne pas être d’accord avec ma sœur, je n’ai aucune gêne à hausser un peu le ton et lui expliquer franchement mon avis. Je me le permets car elle sait comment je fonctionne et qu’elle ne m’en voudra jamais de la pousser dans ses retranchements", assure Aurélie Boutboul.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?