Vers un "janvier noir" dans les laboratoires d'analyses médicales de France ?

  • Les laboratoires inquiets des "efforts" financiers qui leur sont demandés.
    Les laboratoires inquiets des "efforts" financiers qui leur sont demandés. Archives Centre Presse - José A. Torres
Publié le , mis à jour

Par l'intermédiaire de leurs syndicats, les biologistes craignent la fermeture de 400 laboratoires et la perte de 10.000 emplois à l'horizon 2026. Après deux grèves en moins d'un mois et des négociations qui patinent avec l'Assurance maladie et le gouvernement, ils promettent de durcir le mouvement après les fêtes, mais déjà ne transmettent plus les données des actes de biologie sur la plateforme Sidep.
 

Besoin de faire des analyses médicales ? En janvier 2023, cela risque d'être délicat. Car les biologistes des laboratoires sont inquiets. Depuis un mois, ils l'ont fait savoir à deux reprises, avec une première grève à la mi-novembre et une deuxième début décembre. Et ils promettent "un mois de janvier noir", selon le porte-parole de l’Alliance de la biologie médicale, Alain Le Meur. Juste une pause pour les fêtes "pour ne pas pénaliser les Français".

Avant les deux grèves déjà, les labos avaient décidé le 27 octobre de ne plus transmettre les données de dépistage du Covid sur la plateforme Sidep. Une décision qui avait irrité le ministre des Comptes publics. Ce jeudi 15 décembre, ils ont suspendu la trasmission des données de biologie sur le site "Mon espace santé" en amorce du "janvier noir" qu'ils préparent.

Une baisse des tarifs trop forte ?

En cause, d'abord les 250 millions d’euros que le gouvernement ne remboursera plus pour certains actes en 2023, rappelle le Huffington Post citant l'AFP. Un fait déjà acté et tant bien que mal accepté par les laboratoires médicaux pour l'année qui vient, mais le problème, c'est après, pour la période 2024-2026. Selon le communiqué du Syndicat des biologistes, les labos acceptent "des baisses de tarifs entre 2024 et 2026 pour un montant total de 685 millions d’euros", alors que le projet du gouvernement table sur "une ponction d’1,3 milliard d’euros". 

Avec le Covid, toujours en circulation, le secteur des labos médicaux ont réalisé des bénéfices confortables (7 milliards d'euros selon Gabriel Attal), qui a poussé le gouvernement à lui demander un "effort" et une baisse des tarifs appliqués. Un effort compris dans les labos, mais après 2023, pas au-delà de 145 millions d'euros par an, demandent-ils, sinon, les biologistes craignent "la fermeture d’au moins 400 laboratoires de proximité (et) la suppression d’au moins 10 000 emplois qualifiés", fait savoir cette Alliance des quatre syndicats et des grands groupes privés du secteur.

Malgré un chiffre d'affaires qui a bondi de 85% entre 2019 et 2020, avec notamment ces 7 milliards d'euros donnés par l'Assurance maladie pour payer les tests de dépistage réalisés par les labos, l'Alliance de la biologie médicale craint qu'après 2023, les efforts demandés peuvent impacter sur plusieurs centaines de laboratoires et entraîner leur fermeture, s'ils sont trop élevés.

En négociations depuis le début de leur mouvement avec le gouvernement et l'Assurance maladie, les biologistes n'ont vu aucun accord en vue ce jeudi 15 décembre sur la hauteur de "l'effort" financier qui leur est demandé entre déremboursements et baisse de tarfis, ce qui les amène à "durcir le mouvement" et préparer une "mobilisation nationale d’ampleur" dès le mois de janvier 2023.

Pourtant, lors de ces négociations, l'Assurance maladie a proposé une enveloppe de 150 millions d'euros sur 3 ans pour rembourser des "actes innovants", qui selon les biologistes ne pourront pas compenser les économies demandées sur les autres actes, dont le montant sera fixée lors d'un "protocole pluriannuel" avec la Sécu qui doit être signé au premier semestre 2023. Les salariés des laboratoires.

La grève qu'agite l'Alliance de la biologie médicale pour janvier 2023 compte certainement peser sur la teneur de ce futur protocole.

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