Aymen, 13 ans, tué par après France-Maroc : "On veut que justice soit faite", témoigne sa famille, le chauffard toujours en fuite
À Montpellier, le garçon est décédé quelques instants après avoir été renversé par une voiture folle, mercredi soir, en marge des célébrations de la victoire des Bleus. Sa disparition plonge tout son quartier dans une profonde détresse. Ses proches témoignent.
"Une désolation". "Un drame terrible". Un match de foot, aussi important soit-il, mérite-t-il qu’on en arrive là ? À la mort d’un enfant de 13 ans et demi, sous les roues d’une voiture devenue folle, quelques minutes après le coup de sifflet final.
"Malheureux d'en arriver là pour du foot"
Le décès d’Aymen, survenu mercredi soir à quelques dizaines de mètres du commerce de son père, avec lequel il venait de regarder la retransmission, a provoqué l’effroi et l’abattement dans sa famille, dans son collège des Escholliers de la Mosson où il était élève de 4e et plus largement dans toute la communauté des franco-marocains de Montpellier au sein de laquelle son père, Lemnouar, et son oncle sont très impliqués.
Très tôt dans la matinée, les vidéos du drame ont tourné dans tous les téléphones et nourri un peu plus la colère. "Les gens ont les nerfs", lâche Bachir, l’un de ses oncles. "C’est malheureux d’en arriver là pour du foot. Ce match c’était une joie pour nous. Là on se sent attaqués", déplore Lhoussine Tahri, le président de la mosquée Averroès.
Ses proches sous le choc
Ce jeudi après-midi, les amis, les professeurs, les collègues se pressent dans l’appartement familial de Celleneuve. Lemnouar salue dignement chaque visiteur, écoute en silence. Chacun est venu apporter son soutien, dire l’estime, l’affection portée à Aymen et sa famille. "Il était aimé, tout le monde l’appréciait à La Paillade et à Celleneuve. Il était serviable, venait souvent aider ma mère à porter des sacs.
Jeudi matin, mon père qui revenait du Maroc l’a pris dans ses bras pour lui dire qu’il lui avait manqué", témoigne Jibril, son cousin. Le jeune homme a été l’un des premiers à se rendre auprès de la victime et à s’apercevoir de la gravité du choc. "Il avait la tête par terre et bougeait seulement la jambe. Ensuite à l’hôpital quand j’ai appris qu’il était décédé je suis tombé dans les pommes", poursuit-il.
Dans la matinée, la famille a publié un communiqué appelant "au plus grand calme" et rappelant aussi sa confiance "dans les institutions de la République, police et justice, pour que l’auteur des faits soit interpellé et jugé".
"Pour un simple drapeau, un bout de tissu"
À l’intérieur de la chambre d’Aymen, Said son grand frère reprend le message avec la même gravité. "Ce qu’on veut c’est que justice soit faite, que le coupable soit mis en prison, purge sa peine et souffre. C’est un meurtre pour un bout de tissu bleu-blanc-rouge pour un simple drapeau. Pour faire ça, on ne peut pas être dans un état stable mais ce qu’on veut c’est l’apaisement".
Dans la pièce, Azeddin, un proche, ne cache pas son incompréhension. "Moi si on m’arrache une écharpe je ne vais pas tuer avec un couteau. Mais une voiture c’est une arme, il n’a pas réfléchi mais c’était préparé son truc. Il y a eu une victime mais il aurait pu y en avoir trois ou quatre. Pour moi, c’était un acte terroriste".
Selon lui, plusieurs provocations avaient précédé les faits, notamment la sortie d’un "calibre à blanc" et il est rejoint par Bachir. "Ils cherchaient la petite bête. Ils roulaient à vive allure rue de Saragosse et se sont engagés vers les commerces. J’avais l’impression que le conducteur n’était pas dans son état normal". Jibril soupire : "On voulait juste les arrêter pour leur dire de continuer à faire la fête mais tranquillement avec un peu de respect. Après la défaite, j’étais triste mais mon père m’avait dit : "Sois un homme, ce n’était qu’un match"."
266 personnes interpellées au cours de la nuit
La famille, en contact direct avec les enquêteurs, espère désormais une interpellation rapide du conducteur. Et pouvoir se reconstruire après cette soirée où la fête s’est muée en une "effroyable épreuve".
Mercredi soir, la soirée d’après match qui célébrait la victoire des Bleus a été marquée par des incidents, dans toute la France. Des affrontements ont eu lieu à Montpellier. Au total, dans l’Hexagone, 266 personnes, dont 145 à Paris, ont été interpellées au cours de la nuit, et l’ultradroite s’est mobilisée dans quelques grandes villes.
Le conducteur recherché
Ce jeudi soir, l’homme qui conduisait la Citroën C4 à l’origine du drame survenu la veille, vers 22 h 30 après la fin du match France - Maroc n’avait toujours pas été interpellé. Les enquêteurs ont indiqué avoir avancé rapidement pour déterminer son identité.
Des jeunes, qui se trouvaient sur place, et d’autres témoins ont assuré avoir reconnu l’individu comme étant un résident du quartier. Sur plusieurs vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, on peut voir une voiture Citroën C4 blanche, avec un toit noir, arrêtée dans un embouteillage.
Un drapeau bleu-blanc-rouge est accroché à la fenêtre arrière, côté conducteur. Un groupe d’une quinzaine de personnes, qui remonte la file de voiture à pieds, arrive à hauteur du véhicule. L’un d’entre eux arrache le drapeau. La voiture démarre immédiatement en faisant demi-tour et percute l’adolescent qui reste au sol. En arrêt cardio-respiratoire, Aymen a été pris en charge par les secours et transféré au CHU où il est décédé plus tard dans la soirée de mercredi.
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