Vézins-de-Lévézou. Entre sa ferme en Aveyron et ses missions pour Médecins sans frontières, la vie à 100 à l’heure de Marc Sigaud
Il a été prof, ingénieur… Il collabore aujourd’hui régulièrement avec Médecins sans frontières tout en gérant sa ferme sur le Lévézou et en multipliant les voyages autour du monde… L’Aveyronnais Marc Sigaud est inépuisable !
Marc Sigaud est un grand voyageur. Même s’il a aussi les deux pieds bien ancrés en Aveyron, où il a repris la ferme familiale sur le Lévézou. Installé à Montpellier depuis 2015, le quinquagénaire – il est né en 1967 – se voyait bien prof à Rodez, après avoir obtenu son bac en 1987 au lycée Sainte-Marie de Rodez et décroché, deux ans plus tard, un DUT en informatique de gestion. Il a d’ailleurs donné des cours de comptabilité et de gestion au lycée Jeanne-d’Arc, au début des années 1990, juste après son service militaire. "Mais il fallait bac + 3 pour avoir un poste de titulaire, se souvient-il. Alors, en 1992, j’ai fait une troisième année de spécialisation à Toulouse. Et ça m’a tellement plu que je suis parti préparer un diplôme d’ingénieur technico-commercial à Mulhouse", explique-t-il. "Ils nous formaient au commerce international. C’est comme ça que j’ai commencé à voyager."
Une carrière dans l’informatique
Ce goût du voyage qui, désormais, ne quittera plus l’Aveyronnais.
"Je suis parti sept mois aux États-Unis, à La Nouvelle-Orléans. J’ai adoré. Alors j’ai poursuivi à Atlanta durant quatre mois pour décrocher le TOEFL (1) et le GMAT (2), deux tests qui certifient qu’on a un bon niveau de langue et qui permettent d’intégrer les grandes écoles américaines."
"Mais l’ami avec lequel je voyageais n’avait pas le niveau de langue pour entrer dans les meilleures écoles américaines et y suivre un MBA et je ne voulais pas rester seul aux États-Unis", regrette Marc Sigaud. Retour donc à Rodez, en 1995 où il est embauché chez Inforsud au poste d’ingénieur commercial, en charge des ventes de logiciels de gestion pour les entreprises. Cinq ans passent. L’année 2000 est marquée par un mouvement de grève "à cause d’une restructuration qui prévoyait de mettre la moitié des salariés à la porte". Le trentenaire, membre du comité d’entreprise et du comité central du groupe, est en première ligne. Il décide de profiter d’un congé individuel de formation en 2001 pour préparer un double MBA (Master business of administration) en français et en anglais à la Reims management school (aujourd’hui NEOMA).
Recruté par un chasseur de têtes
Dans ce cadre, il regoûte aux joies du voyage puisqu’il passe six mois à Reims, six mois à Shanghai et quatre mois à Dublin.
Fort de son expérience à Inforsud et d’une solide formation, le jeune ingénieur est approché, en 2003, par un chasseur de têtes qui lui propose de prendre la direction d’agence au sein de la société Cyborg, à Montpellier. Mais dès 2004, "j’ai rencontré des personnes qui avaient le projet de développer une entreprise", dit Marc Sigaud qui devient, en 2005, directeur régional d’Everwin, éditeur de logiciel de gestion de projets, à Toulouse. "On a ouvert l’agence à Toulouse le 1er janvier 2005, sous la neige, se souvient-il. Et j’ai embauché du personnel pour développer la vente et la mise en place du logiciel." La société se développe rapidement jusqu’à racheter son principal concurrent, en 2010, et employer une centaine de collaborateurs, en 2012, année où il revend ses parts et quitte Everwin.
Plusieurs missions avec Médecins sans frontières
Avant cela, en 2007, Marc Sigaud avait participé à une réunion d’information organisée à Toulouse par Médecins sans frontières (MSF). "Un mois plus tard, un recruteur de MSF France descend de Paris, raconte-t-il. Et je suis embauché à l’issue de l’entretien." Le temps d’avertir ses associés qu’il prend un "congé sabbatique et de solidarité international" et de régler les affaires courantes et le voilà parti pour une année : huit mois en tant que responsable des ressources humaines et financier au Niger – "800 personnes et 15 millions d’euros à gérer" – et quatre mois comme auditeur ressources humaines au Kurdistan Irakien. "Et six mois pour voyager."
"Dès le début, j’avais prévenu mes associés que je voulais aller travailler dans l’humanitaire", souligne-t-il.
"À mon retour, Everwin me propose deux projets : développer l’activité à Montréal (Canada) ou créer une agence à Nantes pour couvrir tout le nord-ouest de la France", raconte Marc Sigaud. "J’ai finalement choisi Nantes pour ne pas trop m’éloigner de l’Aveyron où je devais m’occuper des affaires familiales."
Marc Sigaud franchit le pas et réintègre les équipes de MSF en 2013. Il part alors trois mois en mission en Jordanie dans le camp de réfugiés syriens de Zaatari pour coordonner l’action de plus de 60 volontaires puis durant six mois au Sud Soudan dans le camp de réfugiés de Yida (6 mois) où il encadre plus de 250 personnes. "Ça a été très chaud, il y a eu beaucoup d’incidents, des problèmes de sécurité", se rappelle-t-il. Et c’est lors d’un bref retour à Paris, en 2014, que la guerre civile a finalement éclaté. "Je n’ai pas pu réintégrer le projet", regrette le coordinateur.
Il en profite alors pour prendre trois mois de vacances en Asie.
Une ferme sur le Lévézou
Mais l’Aveyron le rappelle. "J’ai dû gérer l’héritage de mon père : une ferme sur le Lévézou avec ses 35 ha de terrains." "J’ai suivi une formation agricole à l’ADPSA, à Rodez, pour apprendre à m’occuper des chevaux, et à La Cazotte à Saint-Affrique. Et je me suis installé comme chef d’exploitation. Je cultive essentiellement des céréales, ce qui me laisse du temps pour continuer avec MSF", précise-t-il.
"À cette époque, j’ai même été à nouveau prof, à Villefranche-de-Rouergue", se rappelle Marc Sigaud. Avant que Médecins sans frontières le contacte à nouveau, en 2016, afin de remplacer une collègue partie en congé maternité, pour une mission de cinq mois à Barcelone, où, après trois mois de vacances en Amérique du Sud suivis d’une mission en Éthiopie et en Somalie, il s’installe en 2017 pour trois ans. "J’étais responsable du pool des coordinateurs de projets pour tous les pays. C’était des missions de six mois par an, en alternance avec une collègue italienne. Ce qui m’a permis, sur cette période, de faire deux tours du monde."
Un pied en Aveyron, un pied au bout du monde
En 2020, la pandémie de Covid contraint Marc Sigaud à renoncer à son départ pour la République démocratique du Congo, toujours pour MSF. Il en profite pour se poser en Aveyron, en 2021, et suivre diverses formations – apiculture, permaculture, culture du safran, secourisme – et développer son projet agricole sur sa ferme du Lévézou. "J’ai retapé les bâtiments, posé des panneaux photovoltaïques et installé quinze ruches." Une courte pause avant un retour sur le terrain de l’humanitaire, de mai à octobre dernier, appelé pour gérer, avec succès, la libération d’une équipe de MSF enlevée au Cameroun par l’État Islamique. Avec un passage par le siège suisse à Genève pour un remplacement. "Ça me dirait bien d’être basé à Genève pour MSF", avoue l’Aveyronnais qui vient de rentrer d’une mission d’un mois au Gabon.
Entre Montpellier, le Lévézou, Genève, ses missions pour Médecins sans frontières et ses périples au bout du monde, Marc Sigaud n’a assurément pas fini de voyager…
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