Le 1er janvier 2023, fini les emballages en papier ou carton dans la restauration rapide

  • Les enseignes de restauration rapide servent 6 milliards de repas par an dans 30.000 points de vente en France, ce qui génère 180.000 tonnes de déchets chaque année.
    Les enseignes de restauration rapide servent 6 milliards de repas par an dans 30.000 points de vente en France, ce qui génère 180.000 tonnes de déchets chaque année. klebercordeiro / Getty Images
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Centre Presse Aveyron

A partir du 1er janvier, la restauration rapide devra recourir à de la vaisselle réutilisable pour les repas et les boissons servis à table, afin de réduire les déchets.

En ce froid midi de décembre, des lycéens aux joues rouges avalent un burger à l'étage du McDo. Devant eux, un cornet de frites en plastique rouge vif, prototype des contenants réutilisables qui deviennent obligatoires à compter du 1er janvier dans la restauration rapide.

"Je n'étais pas au courant, mais je trouve ça bien que ce soit obligatoire", approuve Tom Fresneau, 16 ans, venu déjeuner avec son copain Ilane. "Après, ça coûte plus cher que le papier et le carton, je comprends que ça soit un problème pour les petits fast-foods qui risquent d'augmenter leurs prix", remarque-t-il.

Dès le 1er janvier 2023, les acteurs de la restauration rapide devront utiliser de la vaisselle réutilisable pour les repas et les boissons servis à table, qu'il s'agisse des gobelets, couvercles, assiettes, récipients ou couverts, en application de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (Agec) votée en 2020.

180.000 tonnes de déchets par an

Les enseignes de restauration rapide servent 6 milliards de repas par an dans 30.000 points de vente en France, ce qui génère 180.000 tonnes de déchets chaque année. Pour de grandes chaînes comme McDonald's, Quick, KFC ou Domino's Pizza, qui utilisent à profusion les emballages et la vaisselle jetables, il s'agit de changer de modèle.

"C'est une mesure emblématique. Si c'est bien appliqué demain, ça fera une différence très concrète pour les gens, ça va indéniablement dans le bon sens", estime Moira Tourneur, de l'ONG Zero Waste France.

Situé sur une artère très commerçante, le McDonald's de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) a dû recruter "pour la plonge en journée, des hôtesses à l'accueil pour accompagner les clients et leur expliquer le tri parce que dans un premier temps, c'était très compliqué, et aussi au niveau du comptoir et du service à table", explique à l'AFP Maria Varela, sa directrice.

"Tout ce qui était en carton est maintenant en plastique réutilisable. Il a fallu revoir les procédures en cuisine, séparer les commandes sur place de celles à emporter, prévoir des espaces de stockage...", détaille-t-elle. Des travaux de rénovation de l'établissement ont été l'occasion d'adapter la cuisine, exiguë, à cette nouvelle obligation.

Des gobelets "souvent emportés"

Cet établissement pilote qui emploie 70 salariés et réalise 80% de ses ventes en livraison ou à emporter - contre 50% en moyenne pour les 1.527 McDo de France - est l'un de ceux qui, depuis un an, ont testé divers contenants réutilisables en verre ou porcelaine; avant que la chaîne n'opte pour le plastique titan, réputé très résistant.

Au 1er janvier, 90% des restaurants de la chaîne seront prêts, selon un porte-parole de McDonald's France. Les clients, eux, jettent encore parfois les contenants à la poubelle... ou les emportent, en particulier les jeunes, habitués à finir leur boisson à l'extérieur de l'établissement.

Chez Subway, respecter une obligation qui "concerne à 95% les gobelets", selon une porte-parole, a demandé aussi "plusieurs mois d'expérimentation et de tests", une "campagne de sensibilisation" auprès des franchisés et des affichages en salle destinés aux clients.

Malgré le "gain environnemental immédiat" que constitue cette mesure, son application est "menacée", ont estimé cinq ONG, dans une tribune publiée par Le Journal du Dimanche début décembre.

Une fausse bonne mesure ?

Car si certains acteurs "font preuve de bonne volonté", d'autres "risquent fort de louper l'échéance du 1er janvier", s'inquiètent Surfrider, Zero Waste France, No Plastic in my Sea, Collectif EC2027 et Réseau Consigne, qui appellent les consommateurs à "sanctionner les enseignes qui ne respecteraient pas la loi" et le gouvernement à contrôler l'application de la loi.

De fait, à quelques de l'échéance, les grandes enseignes se montrent réticentes à détailler leur niveau de préparation et l'investissement réalisé.

Quant à la filière européenne des emballages (EPPA), elle estime que la vaisselle réutilisable a "au final un bilan environnemental plus mauvais que celui des emballages en papier". Elle "doit être lavée et séchée", à grand renfort "d'énergie, d'eau et de détergents", a souligné son président Éric Le Lay dans une tribune récente.

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