Le Nayrac. Ingénieur et entrepreneur installé à Clermont-Ferrand, le Ruthénois Jean-Denys Canal a trouvé sa voie

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  • Installé à Clermont-Ferrand, Jean-Denys Canal est directeur général  de la société Houdec Innovation, dans l’Allier.	Reproduction LAveyronnais
    Installé à Clermont-Ferrand, Jean-Denys Canal est directeur général de la société Houdec Innovation, dans l’Allier. Reproduction LAveyronnais -
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Emmanuel Pons

"Né" dans les maths et la science, élève brillant et ingénieur entreprenant, Jean-Denys Canal est aujourd’hui installé à Clermont-Ferrand. Il est directeur général de la société Houdec Innovation, dans l’Allier.

Assurément, Jean-Denys – avec un "y", il y tient – Canal a toujours été un bon élève. Il faut dire qu’il a été à bonne école puisque ses parents, Jean-Loup et Christiane, ont été respectivement prof de physique à l’École normale, puis directeur de l’IUFM, et prof de maths. Ils se sont rencontrés durant leurs études à l’université Paul-Sabatier, à Toulouse – où Jean-Denys voit le jour en 1967. Le papa, Tarnais, et la maman, originaire du Nayrac, sont ensuite nommés en Aveyron où la famille s’agrandit avec les naissances d’Armelle, d’Emmanuelle et de Christophe.

"J’ai été à l’annexe Sarrus, à Rodez. À l’époque, c’était une école de garçons, se souvient Jean-Denys. J’ai eu de super instits, j’en garde de très bons souvenirs." "Même s’il arrivait qu’on nous tire les oreilles ou qu’on nous jette la brosse à effacer le tableau", sourit-il. Un autre temps… C’est à cette époque que le jeune garçon développe son goût pour les sciences, encouragé par ses parents. "À la maison, on lisait "Science et Vie" et "Sciences et Avenir"".

Brillant élève

Il entre au collège Fabre en 1978. Quatre années qui confirment ses aptitudes dans les matières scientifiques. Brillant élève, il intègre le lycée Foch où il décroche son bac C, mention bien, en 1985.

Direction Toulouse : "Mes parents voulaient que je fasse une prépa maths. Mais l’Insa (Institut national des sciences appliquées) prenait juste avec le bac si on avait eu de bons résultats", se souvient Jean-Denys Canal. "J’ai été pris en prépa mais j’ai préféré faire l’Insa qui avait sa propre prépa intégrée."

Cinq ans plus tard, l’étudiant obtient son diplôme d’ingénieur en génie mécanique et énergétique. "Normalement, j’aurais dû m’orienter vers l’aéronautique, souligne-t-il. Mais j’avais fait un stage de six mois à l’Aérospatiale (aujourd’hui Airbus), en dernière année, et ça ne me tentait pas trop."

Mais le service militaire le "rattrape". "J’ai fait mes classes à Mont-de-Marsan. Puis j’ai été affecté à Mérignac près de Bordeaux. Ça m’a permis de voir un autre système, d’autres gens… Et j’ai pu réfléchir un peu à mon avenir", se rappelle Jean-Denys Canal. "Sur la fin, je me suis mis à chercher du boulot."

Le jeune ingénieur est alors contacté par l’équipementier automobile Sagem (aujourd’hui Valeo) pour intégrer l’usine de Sainte-Florine, près d’Issoire, dans le Puy-de-Dôme. Il s’installe alors à Clermont-Ferrand. "C’était un boulot réputé difficile pour les cadres, avoue-t-il, mais très formateur. Et ça m’a plu ! Et c’est là que j’ai rencontré Pascale, ma future femme." Un premier poste et une expérience réussie, donc, qui durera presque 10 ans, jusqu’en 2001. "À la fin, j’étais responsable de 200 personnes. Et plus je montais dans la hiérarchie, moins je me sentais libre. J’ai même refusé des promotions qui m’auraient obligé à partir. Je me sentais bien en Auvergne et à Clermont-Ferrand qui est une préfecture à taille humaine, avec la nature aux portes de la ville", explique Jean-Denys Canal qui avoue retrouver dans le Puy-de-Dôme un peu de son Aveyron.

"Avec un collègue, on a alors eu envie de monter notre boîte. Il me dit : "Je me lance ! Tu me suis ?" J’ai pris 24 heures pour réfléchir. Avec Pascale. "Ok, on y va !""

L’aventure Apojée

À 34 ans, l’ingénieur, désormais expérimenté, s’associe donc pour créer la société Apojée, spécialisée dans la fourniture de moyens pour tester les composants automobiles. Ils sont trois professionnels aux compétences complémentaires, "trois visions intéressantes". Le premier prend en charge les études, le deuxième – Jean-Denys – , l’industrialisation, les méthodes et la fabrication, et le troisième, le développement et le commerce.

"Les débuts n’ont pas été faciles, avoue l’Aveyronnais. On partait de rien." La société se développe lentement mais sûrement. Jusqu’en 2008, où elle emploie une douzaine de personnes. Mais cette année-là, marquée par la crise des subprimes, vient stopper net tous les investissements et les programmes des principaux clients d’Apojée que sont Valeo, PSA ou encore Ligier…

"En quelques semaines, on s’est retrouvés sans boulot, se souvient Jean-Denys Canal. Quelque temps plus tard, on a été contactés par Renault, qui développait sa Zoé, véhicule 100 % électrique. Ils voulaient nous embaucher. On a refusé et on leur a proposé de travailler avec eux. On a ainsi retrouvé de l’activité et, au bout de 5-6 mois, on a signé un contrat de partenariat. On a travaillé sur tous les projets électriques de Renault, de BMW et d’autres."

Et voilà Apojée repartie de plus belle. La société passe en 3 ans de 12 à 60 personnes, ouvre un établissement à Paris, une filiale à Munich. L’Aveyronnais prend la direction opérationnelle alors que son collègue, président de la société, a en charge la direction technique. Chargeurs et électronique de puissance sont alors leur domaine d’expertise, pour lequel ils sont reconnus.

Mais la belle entente, entre les deux fondateurs, a du plomb dans l’aile. Et, en 2016, Jean-Denys Canal décide de quitter Apojée.

Un nouveau challenge

Mais il n’a pas dit son dernier mot. Quelques semaines passent avant qu’il ne soit rappelé par une connaissance qui lui propose de "venir l’aider à reprendre société Houdec Innovation, alors en liquidation, afin de la remettre sur les rails". Un nouveau challenge et "un beau défi" pour le presque quinquagénaire, cette fois-ci dans l’instrumentation de mesure dans le domaine de l’énergie. "Je devais rester pour une mission de six mois et j’y suis toujours", sourit-il. "Ce qui me plaît, dit-il, c’est d’afficher une ambition industrielle et de mener une aventure humaine." "Les valeurs humaines, le collectif, c’est vital", insiste Jean-Denys Canal qui est aujourd’hui directeur général de cette entreprise, créée en 1938 et basée à Abrest, dans l’Allier. "Je suis toujours resté fidèle à mes valeurs", conclut-il.

Et fidèle à l’Aveyron où il a racheté et restauré la maison de ses grands-parents maternels, au Nayrac, à deux grosses heures de Clermont-Ferrand, où, avec son épouse Pascale, ils aiment se retrouver avec leurs enfants Marion (26 ans), Pauline (21 ans) et Rémy (18 ans).

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