Football : les dessous de l'analyse vidéo de Rodez

L’observation des adversaires

Une grande partie du travail de Nabil Hiddaoui consiste à analyser les futurs adversaires de Rodez. Il est chargé d’étudier les individualités. "Mon objectif est de recenser les caractéristiques des joueurs que l’on va affronter, pour connaître leurs points forts et leurs points faibles", explique-t-il. En complément de ce travail, le jeu collectif est disséqué par Emerick Darbelet, l’entraîneur adjoint.

L’analyste vidéo s’appuie généralement sur les "trois ou quatre derniers matches" de la formation à étudier. Son "travail de l’ombre", comme il le définit, consiste à préparer un montage pour chaque adversaire, les titulaires habituels ainsi que les remplaçants les plus utilisés, afin que les sang et or connaissent au mieux leurs opposants à venir. "Ces vidéos sont destinées à leur apporter un maximum de billes, explique l’intéressé. Par exemple, pour un attaquant, savoir s’il a tendance à prendre la profondeur ou à décrocher, si un ailier à tendance à déborder ou à rentrer à l’intérieur, si un défenseur est plutôt athlétique ou non, rapide ou non, etc." Nabil Hiddaoui se focalise uniquement sur les joueurs de champ. Le clip sur le gardien est préparé par Charles Cieslinsky, l’entraîneur spécifique de ce poste au Raf.

Pour préparer ces vidéos, l’analyste travaille sur un logiciel spécifique, qui lui permet de visionner les matches sans les arrêts de jeu. "Pendant que je regarde le jeu, je commence à faire mon séquençage, à garder les images qui peuvent m’intéresser. Ensuite, il faut faire le tri, puis préparer la présentation, pour qu’elle soit le plus clair possible." Ce qui passe par la brièveté. "Au début, je faisais des vidéos de 3 minutes par joueur, dit-il. Maintenant, je suis descendu entre 2 minutes et 2 minutes 30, mais le coach voudrait que j’arrive à 1 minute 30."

Nabil Hiddaoui échange ensuite avec l’entraîneur et son adjoint. "Le coach valide le montage final", indique-t-il. Les vidéos sont alors postées sur une plateforme interne au club, sur laquelle les joueurs peuvent se connecter. "Généralement, ils reçoivent les vidéos trois ou quatre jours avant le match." Et même s’il travaille avec une semaine d’avance, il attend que le match précédent soit joué avant de mettre les images à disposition d’un adversaire. "On fait étape par étape pour ne pas les submerger d’informations et être sûr qu’ils perçoivent ce qu’on veut leur transmettre", lance-t-il. L’analyste estime que la préparation des vidéos sur les joueurs adverses d’une équipe lui prend "deux à trois jours".

Le travail sur les joueurs de Rodez

L’autre partie majeure du rôle de Nabil Hiddaoui consiste à décortiquer les prestations des joueurs de Rodez, pour leur mettre à disposition des vidéos qui doivent leur permettre de progresser. Cette phase, qui prend moins de temps que la précédente, commence dès le soir de match. "Je fais du séquençage au stade en direct. Il faut être hyper concentré, car ça va vite", avance l’intéressé.

Sa tâche se poursuit après le coup de sifflet final. "Je regarde le match une deuxième fois, poursuit-il. Ensuite, je sélectionne les meilleures images, j’envoie ça au coach. On fait un retour avec les joueurs en début de semaine. Il faut faire cela assez tôt, donc le travail que je fais le jour du match est important pour gagner du temps." Comme l’entraîneur peut lui demander de se focaliser sur certaines individualités ou un secteur en particulier, il peut avoir jusqu’à « quatre ou cinq retours vidéos » à préparer à l’issue d’une rencontre.

L’analyste intervient également durant les entraînements. "Je filme les séances tactiques, là aussi le staff fait des retours après ce qui a été vu, indique-t-il. Quand de nouveaux exercices sont mis en place, on filme aussi pour les mettre dans notre base de données."

Durant une rencontre

Nouveauté cette saison, Nabil Hiddaoui peut aussi intervenir pendant un match. "On a pris une version du logiciel qui nous permet de faire des retours à la mi-temps, précise-t-il. J’ai la possibilité d’isoler des images pendant que je visionne le match. Si besoin, deux ou trois minutes avant la pause, je descends au vestiaire et je mets des images à disposition du staff pour voir ce qui a été ou pas. Il faut être hyper concis, car c’est deux ou trois images maxi. Cela va appuyer le discours du coach." Cette nouvelle possibilité n’est cependant pas utilisée systématiquement par le staff ruthénois.