Les urgences de Rodez débordées face à la triple épidémie : "à chaque crise, c’est pire…"

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  • Aux urgences de Rodez,  il faut s’armer de patience actuellement.
    Aux urgences de Rodez, il faut s’armer de patience actuellement.
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Mathieu Roualdés

Face à la triple épidémie actuelle – Covid-19, bronchiolite, grippe –, les urgences ruthénoises sont surchargées. Les soignants tirent la sonnette d’alarme.

Du propre aveu du ministre de la Santé, François Braun, "c’est la semaine de tous les dangers". L’hôpital public est de nouveau en crise. Et comme à chaque fois, les urgences en sont l’illustration parfaite. Manque de lits, de bras… les maux sont toujours les mêmes. Et la triple épidémie frappant actuellement le pays – Covid-19, bronchiolite et grippe –, aggrave encore un peu plus la situation. Du nord au sud de la France, les hôpitaux tirent tour à tour la sonnette d’alarme. Et l’Aveyron n’échappe plus à la règle.

Plus de 10 heures d’attente aux urgences de Rodez !

Ce jeudi matin, à Rodez, ils étaient encore une dizaine à attendre leur tour dans la salle d’attente des urgences. Des personnes âgées en détresse respiratoire, des enfants fiévreux… "Malgré ce qu’on peut penser, il n’y a pas beaucoup de bobologie. Les gens ne viennent pas pour rien", tient à préciser Frank Becker, responsable régional de l’association des médecins urgentistes de France (Amuf). En ces temps de fêtes de fin d’année, les discussions avec ses collègues ne tournent plus vraiment autour des quelques cas de blessures en ouvrant une huître ou en débouchant une bouteille de champagne… Désormais, on se raconte les temps d’attente. Celui de cette dame en début de semaine, arrivée à 21 h 20 et prise en charge le lendemain à 9 heures… "J’ai même entendu dire que quelqu’un avait patienté 24 heures !", dit Frank Becker. Il ne pourra pas le vérifier. Mais une chose est sûre : "C’est du jamais vu pour Rodez".

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"À chaque fois, on se dit que cela ne peut pas être pire et pourtant, ça l’est. On franchit toujours des paliers", souffle l’urgentiste. Outre les habituelles revendications sur le manque de personnel, il tient surtout à "féliciter tous les soignants". "Notre direction joue le jeu également, elle va dans le bon sens", assure-t-il. Comme souvent, la solidarité est d’ailleurs au rendez-vous. Des soignants en repos viennent prêter main-forte à leurs collègues, les médecins des étages supérieurs, comme on dit dans le jargon, apportent également leur concours.

De 18 000 à 33 000 passages

En fin de matinée, on comptait déjà 34 passages aux urgences du centre hospitalier Jacques-Puel. En moyenne, on en dénombre une centaine. Bien plus qu’il y a dix ans. Désormais, Rodez accueille 33 000 personnes tous les ans dans ce service, contre 18 000 à l’époque… C’est dire. La course se joue également à Decazeville ces derniers jours. Là-bas, Frank Becker indique que le besoin serait actuellement de sept lits d’hospitalisation… Il y en a deux.

"On navigue à vue et on prie pour qu’il n’y ait pas une nouvelle vague de Covid-19 dans les semaines à venir…", explique-t-il. Que faire ? "J’aime prendre l’exemple du Canada. Là-bas, ils ont augmenté de 30 % les effectifs d’infirmiers. Et ça a réglé bon nombre de problèmes." À Rodez, le manque de médecins généralistes est souvent pointé du doigt. Une maison de santé est en projet, l’ARS a donné son agrément mais elle n’a toujours pas trouvé de local.

En attendant, pour assurer au mieux les soins – "car aujourd’hui, on est presque dans de la maltraitance quand on voit le peu de temps qu’on accorde aux patients…" –, les urgentistes rappellent les bons gestes à adopter : joindre tout d’abord son médecin traitant ou une maison de santé – celles du Monastère, du Faubourg à Rodez, de Villeneuve, de Decazeville, de Bozouls et de Luc-la-Primaube sont actuellement ouvertes -, ou bien appeler le 3966.

Et enfin, téléphoner au 15 ou se rendre aux urgences si… urgence il y a.

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