Quésaco : le "desk bombing", ou quand sociabiliser au bureau dérange

  • L’apparition du terme "desk bombing" est corrélée à l’explosion du télétravail et de nouveaux modes d’organisation du travail.
    L’apparition du terme "desk bombing" est corrélée à l’explosion du télétravail et de nouveaux modes d’organisation du travail. Campaign Creators / Unsplash
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Le bureau a toujours été un lieu de rencontre. Mais l'avènement du télétravail a profondément transformé le rôle du lieu de travail comme un espace de socialisation, comme en témoigne le "desk bombing". Cette formule renvoie à l’anxiété qui touche certains collaborateurs trop habitués aux mails et autres outils de communication collaborative.


Pause-café, discussions intempestives… Le bureau est le lieu de toutes les distractions. Si les salariés se sont longtemps (plus ou moins bien) accommodés de cette situation, certains sont devenus plus intransigeants. Ils voient d’un très mauvais œil que leurs collègues les interrompent dans leur travail pour parler boulot ou de tout autre chose. Ce phénomène a un nom : "desk bombing". Cette expression anglophone est issue du rapprochement de "bureau" ("desk", en anglais) et "bombardement" ("bombing"). Elle se réfère à cet agacement qui gagne des employés à l’idée d’interagir "en vrai" avec leurs collègues, et non à travers des outils de communication à distance. Certains le vivent comme une véritable intrusion dans leur espace personnel, tandis que d’autres y voient un perturbateur d’attention. "L'une de mes bêtes noires est le 'desk-bombing'", a expliqué David Clare, directeur général d'une agence de communication, à Business Insider. "Les jours où j'ai pu télétravailler ont été tellement productifs, et je pense que l'absence de desk-bombing y est pour beaucoup".

L’apparition du terme "desk bombing" est corrélée à l’explosion du télétravail et de nouveaux modes d’organisation du travail. Semaines de quatre jours, horaires aménagés, full remote (100% télétravail)… L’heure est à l’ultraflexibilité dans les entreprises. Les salariés aspirent à plus de liberté pour construire leur vie professionnelle selon leurs propres valeurs et leurs impulsions. Résultat : ils sont nombreux à vivre douloureusement le retour au bureau et peinent à réintégrer un environnement social dont ils se sont, un temps, soustraits.

Échanger ne veut pas dire "desk bomber"

Le culte de la productivité joue également un rôle dans l’émergence du "desk bombing". De nombreux collaborateurs estiment être plus efficaces lorsqu’ils ne sont pas perturbés dans leur travail par les mille et uns facteurs de distractions inhérents à la vie de bureau. Ils se tournent vers une farandole d’outils pour interagir avec leurs collègues sans que cela n’affecte leur état de concentration. On crée ainsi un Google Drive pour travailler sur la dernière "prez" (à comprendre "présentation" dans le jargon de bureau), on lance un Meet sur Zoom pour réfléchir à plusieurs "propales" ("propositions") et on harmonise son emploi du temps avec celui du reste de l’équipe avec Doodle. Et c’est sans compter sur Slack, le Saint Graal pour communiquer en entreprise sans avoir à quitter son poste de travail, et donc à "desk bomber" ses collègues. Mais alors, est-ce la fin des conversations en face-à-face dans l’open space ? Cela semble peu probable. L’emballement médiatique autour du "desk bombing" en dit long sur l’importance des interactions sociales au bureau. Elles ne font pas seulement partie intégrante de la vie en entreprise : elles contribuent au bien-être des employés. Un salarié qui communique quotidiennement avec 10 collègues par mail a autant de risque de souffrir d’isolement que celui qui échange avec moins de trois personnes, selon le Baromètre Paris Workplace 2019 SFL-Ifop. La modération est toutefois de rigueur pour éviter de transformer "interaction en face-à-face" en "desk bombing". La même enquête révèle que les salariés qui échangent avec plus de 20 collègues par jour éprouvent plus souvent des difficultés à se concentrer et se disent davantage stressés. Comme on les comprend…

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