Aurélie Bonal, ambassadrice de talent outre-Atlantique pour la France et... l'Aveyron !

  • Originaire de Coupiac, basée à Washington, Aurélie Bonal organise, en particulier, des visites d'Etat, comme celle, il y a quelques jours seulement, du président de la République Emmanuel Macron. Originaire de Coupiac, basée à Washington, Aurélie Bonal organise, en particulier, des visites d'Etat, comme celle, il y a quelques jours seulement, du président de la République Emmanuel Macron.
    Originaire de Coupiac, basée à Washington, Aurélie Bonal organise, en particulier, des visites d'Etat, comme celle, il y a quelques jours seulement, du président de la République Emmanuel Macron. - Soazig de la Moissonnière
  • Adjointe, depuis août 2020, de Philippe Etienne, ambassadeur de la France aux Etats-Unis, elle le seconde dans ses missions, rencontrant souvent des personnalités, notamment politiques, comme Nancy Pelosi, présidente démocrate de la chambre des représentants des Etats-Unis.
    Adjointe, depuis août 2020, de Philippe Etienne, ambassadeur de la France aux Etats-Unis, elle le seconde dans ses missions, rencontrant souvent des personnalités, notamment politiques, comme Nancy Pelosi, présidente démocrate de la chambre des représentants des Etats-Unis. - Reproduction L'Aveyronnais
Publié le , mis à jour
Rui Dos Santos

Originaire de Coupiac, terre des racines paternelles, la quadragénaire du Quai d'Orsay, passée par l'Ecole nationale d'administration (Ena) est, depuis août 2020, l'adjointe de l'ambassadeur français aux Etats-Unis à Washington. Elle n'a pas pour autant oublié son département. 

Du mardi 29 novembre au vendredi 2 décembre, accompagné par Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Emmanuel Macron était aux Etats-Unis pour la première visite d’état de l’administration Biden, symbole fort de la relation qui unit les deux pays. Si le président de la République a passé quatre jours outre-Atlantique, sa venue a mobilisé bien plus longtemps Philippe Étienne, l’ambassadeur de France aux Etats-Unis, et son équipe. Avec, en première ligne, l’Aveyronnaise Aurélie Bonal.

"Cette visite a été un moment exceptionnel, qui a mis tous les services à contribution durant plusieurs semaines, confirme l’intéressée, n°2 de l’ambassade à Washington. Le résultat a été à la hauteur des enjeux". Elle est intarissable sur le sujet : "Emmanuel Macron a eu des échanges substantiels avec Joe Biden et nous avons publié une importante déclaration conjointe avec les Etats-Unis. Le président de la République français a également rencontré des membres de la société civile sur les questions de biodiversité et climat, ainsi que du Congrès. Il a dirigé des rencontres très importantes sur les thèmes d’avenir de la coopération avec les Etats-Unis : l’espace, la tech, le nucléaire... Tout en prononçant un discours central sur la francophonie, à l’occasion
de son déplacement à la Nouvelle-Orléans".

Et de conclure sur le sujet : "Cette visite a été extrêmement suivie. C’était un moment fort de notre relation avec les Etats-Unis, dont nous sommes les “oldest allies”, les plus anciens alliés". Geste à l’appui, elle complète alors son propos : "Pour vous donner une idée, la simple revue de presse (écrite) de la visite fait près de 250 pages !".

Née en 1977 en Alsace, où son père, natif de Coupiac, était douanier, affecté aux trois frontières entre la France, l’Allemagne et la Suisse, Aurélie Bonal insiste aussi sur le fait que ses grands-parents paternels étaient également aveyronnais. Alors que Léon,
son grand-père, était originaire de Mur-de-Barrez, sa grand-mère Jeanne, née Linard, était de Millau. Du côté de sa mère, "ma famille est ardéchoise mais a déménagé dans la Drôme bien avant ma naissance. Je n’ai donc jamais pu me sentir totalement ni ardéchoise, ni drômoise".

En revanche, elle parle comme une Aveyronnaise ! "L’Aveyron, c’est vraiment le pays des étés de mon enfance, sourit-elle. C’est là où j’ai été baptisée, c’est le lien avec mon nom de famille, que je n’ai pas changé quand je me suis mariée". Elle poursuit :"C’est donc vraiment le pays du sang, celui qui coule dans mes veines. Avec l’enfance que j’ai eue, où nous déménagions tous les trois ou quatre ans, avoir des racines quelque part était fondamental. Et mes racines sont résolument en Aveyron".

"Le roquefort est le seul fromage qui me manque à l’étranger"

Aurélie Bonal n’hésite d’ailleurs pas à ouvrir l’armoire à souvenirs : "Quand je pense à l’Aveyron, je vois les paysages magnifiques
du Larzac, les parapentes qui descendent en volute vers Millau, la maison de ma grand-mère, chemin de la Mère de Dieu". Sans oublier la gastronomie : "Mes papilles se mettent en éveil, avec l’aligot bien évidemment, mais aussi la tarte aux mirabelles de Mémé Jeanne, la saucisse de Millau (je partageais cet amour avec mon grand-père et un de mes oncles), la flaune (dont j’ai apprécié le goût de fleur d’oranger seulement à partir de l’adolescence mais dont je rêve parfois désormais !), le roquefort (ma grand-mère ne pouvait plus en manger car cela lui rappelait l’Occupation. “Les Allemands prenaient tout, mais il restait le roquefort. On ne mangeait que ça tout le temps”, disait-elle".

Pour sa part, Aurélie Bonal peut manger du roquefort "à n’importe quel moment", y compris sans pain. "C’est vraiment le fromage qui me manque le plus à l’étranger", assure l’ambassadrice adjointe. Elle s’amuse : "Quand mon mari veut me faire plaisir, il part en quête de roquefort, quel que soit le pays dans lequel nous nous trouvons. Quand je me sens triste ou fatiguée, ou quand j’ai trop de travail, je mange du roquefort. Et tout va mieux !".

Elle n’a certes pas coupé le cordon mais ses séjours ne sont pas très fréquents. "Je regrette, en effet, de ne plus retourner en Aveyron aussi souvent que je le voudrais. La maison de ma grand-mère a été vendue après sa mort et nous n’avons donc plus de pied-à-terre à Millau. Je vis également très loin de la France et, quand j’y retourne, c’est pour aller voir mes parents qui habitent désormais en Corse". Elle ne perd toutefois pas espoir : "La dernière fois que nous devions y aller, pour une réunion de famille, le Covid-19 a chamboulé les plans de tout le monde. Mon oncle et ma tante, ainsi que mes parents, vont fêter conjointement, dans moins de deux ans, leurs anniversaires de mariage à Millau. J’ai vraiment hâte d’y revenir et d’amener mes enfants sur les terres de mes ancêtres".

En attendant, elle poursuit sa mission à Wadshington, où elle a posé ses valises au mois d’août 2020, en tant qu’ambassadrice adjointe de la France aux Etats-Unis. "Je suis numéro 2, précise-t-elle. Concrètement, je seconde l’ambassadeur Philippe Étienne dans tous les aspects de sa fonction (politique, gestion, encadrement d’équipe...). C’est un rôle très complet, passionnant et, également, très prenant !".

L’Ena d’abord, avant le Quai d’Orsay

Selon ses propres termes, Aurélie Bonal a grandi "un peu partout", son parcours ressemble d’ailleurs à une mappemonde. Ses parents se sont mariés au Vietnam puis, après un poste à Modane, en Italie, près de la frontière italienne, où sa grande sœur
a passé ses premières années, et sa naissance donc en Alsace, la famille a rejoint le continent africain : Bangui en Centrafrique, puis Ouagadougou au Burkina-Faso. Son père était alors coopérant.

Quand elle a eu 8 ans, tout le monde est rentré en France et, plus précisément, en Savoie, où est né son petit frère, puis en Martinique, où elle a passé son brevet et son baccalauréat. "Quand les gens me demandent d’où je suis, c’est toujours beaucoup plus simple de répondre que mon nom de famille est aveyronnais", glisse l’intéressée. Est-ce que ses études ont été aussi "voyageuses" ? "Depuis le collège, j’avais décidé que je voulais travailler aux affaires étrangères, sans trop savoir ce que cela signifiait, indique-t-elle. Je savais juste que je souhaitais continuer de vivre à l’étranger, mais sans perdre la connexion avec mon pays, dont j’étais très fière".

Les conseillers d’orientation lui recommandaient de faire Sciences Po pour qu’elle puisse entrer au Quay d’Orsay. "J’ai donc étudié à l’IEP d’Aix-en-Provence car j’arrivais de Fort-de-France et j’avais très peur de ne pas supporter la vie parisienne, sa météo, le stress et la compétition acharnée, se souvient-elle. J’avais donc demandé l’IEP le plus au sud possible". Elle a ensuite passé les concours (Quai d’Orsay et Ena) grâce à un directeur de prepEna, M. Dubouis, "qui a cru en moi et m’a encouragée".

Elle développe : "Ce n’était pas gagné car, les provinciaux, à l’époque, ne réussissaient presque jamais l’école nationale d’administration depuis une prepEna de province. Je suis immensément reconnaissante à ces professeurs et mes collègues de prépa qui m’ont aidée à réussir. J’ai ensuite eu la chance de pouvoir choisir le Quai d’Orsay à ma sortie de l’Ena et de réaliser ainsi mon rêve".

Elle a tout d’abord travaillé sur le Caucase du Sud (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie), avant de rejoindre l’Argentine (2005-2009), où elle a suivi la politique intérieure et la presse. Après avoir été n°2 à Dublin, en Irlande (2009-2013), elle a rallié Paris et a été nommée sous-directrice à la Direction de l’Union européenne, en charge, avec son équipe, de dix pays (Bénélux, les cinq nordiques, l’Irlande et le Royaume Uni).

"J’ai eu la chance de participer à l’organisation de plusieurs visites d’état, dont celle de la reine Elizabeth en 2014 et la tristesse de voir le camp favorable au Brexit remporter le référendum de 2016, concède-t-elle. Je suis alors partie à Londres comme porte-parole et cheffe du service de presse".
 

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?