Capdenac-Gare. Hausse des prix de l'énergie : cette entreprise aveyronnaise contrainte à un mois d'arrêt de production
Face à la flambée des prix, le groupe Cofigeo a choisi une solution radicale, fermer ses quatre sites les plus gourmands en énergie durant un mois, assorti d’un chômage partiel. Dans l’Aveyron, Soulié restauration, qui emploie 130 personnes à Rodez, a été épargné. Mais pas les 210 salariés de Raynal et Roquelaure, ce qui inquiète les commerçants de Capdenac-Gare.
Mardi 3 janvier 2023, un sapin de Noël joliment décoré accueille encore les rares visiteurs qui franchissent le portail sécurisé de l’entreprise Raynal et Roquelaure, à Capdenac. Damien Boutet, le directeur du site, tente de plaisanter : "On n’est pas dans la morosité complète." Pour une entreprise qui a arrêté sa chaîne de production la veille, c’est le moins que l’on puisse dire. Il est vrai que deux augmentations de salaires successives et l’accord d’activité partielle de longue durée signé à l’automne ont aidé les 210 salariés de l’entreprise à digérer (lire l’encadré).
Fermer un mois pour faire des économies, ils n’avaient jamais vu ça. "Même pendant la crise Covid nous sommes restés ouverts", confie Béatrice Guitard, depuis 20 ans dans l’entreprise. Au service support où elle travaille, elle n’est pas la plus mal lotie avec cinq jours de chômage partiel sur un mois. Au conditionnement et au quai des expéditions où l’on embarque les stocks de plats préparés, c’est un peu plus. Si bien que le parking est loin d’être rempli. Moins la centaine de salariés qui se consacre à la fabrication, cela fait tout de même un sacré manque à gagner dans les commerces, à la sortie de la zone artisanale.
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La fermeture de l’usine, une première depuis 1905
"Tant mieux s’ils ont bien négocié. Mais ça fait deux jours que c’est mort pour le pain, la pâtisserie, le snacking, à tous les niveaux", soupire Samuel Chabbert qui voit passer pas mal de salariés de Raynal et Roquelaure en temps normal. En pleine saison de la galette des rois, c’est un coup dur pour lui qui travaille à perte depuis deux-trois mois… "Pour la même raison que chez eux : le coût de l’énergie et la hausse des matières premières", explique le boulanger qui n’a pas pu se verser de salaire ce mois-ci et qui a même été obligé de faire un virement personnel sur le compte de la société le mois dernier. Amer, il observe que l’état aide les gros et les petits, mais pas les petits patrons qui emploient entre 8 et 10 salariés, comme lui.
Même inquiétude au Café de Paris qui a moins de monde depuis deux jours. Le patron fait contre mauvaise fortune bon cœur. "Je leur souhaite de reprendre le travail en février. Sinon, il va falloir trouver des solutions et s’adapter."
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À Capdenac-Gare, Raynal et Roquelaure est considéré comme le fleuron économique de la ville depuis que Théophile Raynal a ouvert le Buffet de la gare en 1876. En s’associant avec Ernest Roquelaure, il a inventé un concept qui n’a cessé de rencontrer le succès depuis l’ouverture de la première usine, en 1905. La fermeture actuelle, même partielle, est une première. "L’objectif est que ça dure le moins longtemps possible", a promis Mathieu Thomazeau, le président du groupe, le 6 décembre. Encore faut-il que les grandes et moyennes surfaces acceptent de partager le fardeau de la hausse des prix. Les négociations en ce sens continuent. Si elles aboutissent d’ici le 23, Raynal et Roquelaure pourrait rouvrir le 30 janvier.
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