Rodez. Aveyron : le Département conduira le futur tracé de la RN88

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  • Arnaud Viala, désormais pilote du passage à 2x2 voies de la RN88 entre Rodez et Sévérac, mettra-t-il fin à des décennies d’attente ?
    Arnaud Viala, désormais pilote du passage à 2x2 voies de la RN88 entre Rodez et Sévérac, mettra-t-il fin à des décennies d’attente ? José A. Torres
  • En gris, le dernier tracé connu pour la RN88 à 2x2 voies entre Rodez et Sévérac-d’Aveyron. En rouge, l’actuel tracé.
    En gris, le dernier tracé connu pour la RN88 à 2x2 voies entre Rodez et Sévérac-d’Aveyron. En rouge, l’actuel tracé.
Publié le
Mathieu Roualdés

La collectivité est désormais seule pilote pour le passage à 2x2 voies de la RN88 entre Rodez et Sévérac. Son président Arnaud Viala espère entamer les travaux avant la fin de son mandat, en 2028…

Serait-ce le coup d’accélérateur longtemps espéré pour rouvrir en grand le dossier de la RN88 ? On peut le penser. Cette semaine, l’État a tranché dans sa politique de transfert de routes nationales aux collectivités : le Département hérite du tronçon appelé à passer à 2x2 voies entre l’échangeur du Lachet à Olemps et l’entrée de l’A75 à Sévérac-d’Aveyron. C’était la volonté du président Arnaud Viala et de son équipe. Désormais, ils sont seuls à la maîtrise d’ouvrage de ce projet, vieux serpent de mer qui doit offrir à l’Aveyron un désenclavement tant attendu. Sans oublier une certaine sécurité pour les automobilistes.

Le financement, premier dossier à régler

"C’est un énorme défi qui nous attend. Cette décision vient reconnaître notre savoir-faire en matière de routes", s’est félicité le chef de file du conseil départemental, ce vendredi. Voilà plusieurs mois qu’il était en concurrence sur ce dossier avec la Région. Elle aussi souhaitait endosser ce rôle de maître d’œuvre. Finalement, elle hérite de la gestion du tronçon déjà en 2x2 voies entre Rodez et Albi. La collectivité, présidée par Carole Delga, ne s’est pas voulue "mauvaise perdante" si l’on peut dire. Dans un communiqué de presse, elle affirme "avoir hâte de coopérer en bonne intelligence".

Et comme tout un chacun le sait : la bonne entente politique, qui a tant fait défaut à ce projet depuis des décennies, sera sans doute la clé du succès. Et, surtout, du financement. Car ce passage à 2x2 voies de la RN88 de Rodez jusqu’à l’A75 est estimé à plus de 350 millions d’euros… Désormais seul pilote, le Département doit trouver des partenaires financiers. "C’est un gros travail qui nous attend et nous aurons besoin de tout le monde", ne cache pas Arnaud Viala.

Longtemps, une clé de répartition fut sur la table : une moitié pour l’État et le reste partagé entre les diverses collectivités locales. Est-ce encore d’actualité ? "Si l’État se désengage des routes, c’est qu’il ne veut certainement pas trop mettre la main à la poche", ne cachait pas un élu aveyronnais, ce vendredi. Selon nos informations, une réunion entre Arnaud Viala et le ministre chargé des transports, Clément Beaune, est prévue dans les prochaines semaines pour évoquer le sujet.

"J’ai hâte d’annoncer un calendrier"

Pour ce qui est du tracé, les équipes du Département auront certainement moins besoin de se creuser la tête. Ce dernier est défini depuis plusieurs années et les acquisitions foncières sont presque complètes, du moins jusqu’à Laissac. Le Département en héritera de l’État et, toujours selon nos informations, la collectivité ne prévoit pas de véritables changements. Une question se pose néanmoins sur la gestion de la rocade de Rodez. Des travaux d’aménagements y sont prévus aux principaux giratoires. Mais plusieurs voix s’élèvent déjà pour relancer le fameux "grand contournement" de la préfecture, afin que celle-ci ne devienne pas dans le futur un goulet d’étranglement. "Je ne veux pas qu’on parle des bouchons de Rodez, comme on parlait de ceux de Millau il fut un temps", a fait remarquer la conseillère départementale d’opposition, Sarah Vidal, à Arnaud Viala lors d’une récente réunion de travail. Ce dernier a désormais toutes les cartes en mains. "J’ai hâte d’annoncer un calendrier", avouait-il, hier. Objectif : lancer les travaux avant la fin de son mandat. C’est en 2028. Le grand livre du doublement de la RN88 pourrait ainsi écrire son dernier chapitre. Enfin.

Le retour du train, une autre priorité de la Région

Si elle n’hérite pas du tronçon routier entre Rodez et Sévérac, la Région peut désormais se concentrer sur son grand projet de réhabilitation de la voie ferroviaire entre la préfecture et Millau. Ces derniers mois déjà, des ouvriers s’activaient au débroussaillage de la ligne, à l’arrêt depuis 2017. Fin 2021, la collectivité et sa présidente Carole Delga avaient alloué une première enveloppe de cinq millions d’euros pour ces travaux. Au final, ils devraient s’élever entre 130 et 160 M€ pour une réouverture de la ligne espérée en 2026. Une étude est en cours du côté de la Région pour baisser la facture."On continue à penser qu’il est important et urgent de pouvoir faire ces travaux et remettre des trains sur la voie. C’est une obligation dans le cadre de notre démarche de transition énergétique et écologique. Sur ce tronçon, entre 500 et 1 000 personnes prennent le car tous les jours (en semaine)", avait récemment confié Jean-Luc Gibelin, vice-président de la Région en charge des transports, tout en rappelant que le passage à 2x2 voies de cette portion et l’offre ferroviaire étaient "deux sujets indépendants". Dans le département, néanmoins, ce projet et son coût avaient suscité plusieurs critiques d’élus. À commencer par celles de la vice-présidente du Département, Magali Bessaou. "Peut-on vraiment se féliciter de ce projet, alors que la fermeture de cette ligne en 2017 reposait sur le constat d’un trafic quotidien de moins de 100 passagers par jour, alors qu’à la même période, les comptages constataient un trafic quotidien de 6 928 voitures et de 1 371 poids lourds sur la RN 88 à hauteur de Gaillac-d’Aveyron, soit probablement plus de 10 000 personnes par jour… Le budget prévisionnel pour la mise en 2 x 2 voies de la RN 88 entre Rodez et la A75 est estimé à 281 millions d’euros ; La remise en circulation de la voie ferrée Rodez-Millau représente, à elle seule, plus de 50 % de ce budget-là. Ainsi, d’un côté, 130 à 160 millions d’euros pour 100, voire, soyons optimistes, 200 ou 300 passagers par jour ; de l’autre, 280 millions d’euros pour plus de 10 000 personnes… nous pouvons constater la distorsion des enjeux", avait-elle écrit sur les réseaux sociaux. Interrogé sur le sujet hier, Arnaud Viala a simplement répondu que "la priorité, c’était la route".
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Les commentaires (1)
Anonyme13114 Il y a 1 année Le 07/01/2023 à 12:54

Bon courage car je ne doute pas que des collectifs vont se mettre en place pour s'opposer à ce projet .