Aveyron : pourquoi le projet de déviation de la circulation à Estaing restera lettre morte
En mars 2021, les conseillers départementaux Jean-Claude Anglars et Francine Lafon étaient venus présenter au conseil municipal d’Estaing, nouvellement élu, l’avancement du projet de déviation d’Estaing inscrit en 2016 dans le plan d’aménagement routier départemental pour traiter la problématique de la traversée d’Estaing, de la dangerosité et des nuisances liées à la présence des poids lourds dans le village médiéval. Près de 2 ans plus tard, ce plan est dans l'impasse.
Estaing, un des Plus beaux villages de France, souffre d'un mal "poids-lourd" : la circulation routière. Sur la D920 qui coupe en deux le village, le trafic routier entre Entraygues et Espalion, s'il n'est pas des plus intenses (quoique...), apporte son lot quotidien de camions et autres véhicules, bref tout un lot de nuisances malvenues pour un site classé.
Depuis 2016, un projet de déviation de ce trafic routier a été lancé. Avec tout d’abor,, la phase préliminaire de détermination des tracés possibles et d’étude d’un avant-projet de déviation de la circulation à Estaing, réalisée de 2017 à 2019. Dans la foulée, le projet étant soumis à "Autorisation environnementale", une évaluation environnementale a dû être réalisée.
Celle-ci s’est déroulée à partir de septembre 2021 et vient de s’achever. Lors d’une réunion publique qui s’est tenue le 5 décembre 2022, et organisée en lien avec le maire, Jean-Claude Anglars et Francine Lafon qui sont venus présenter et débattre des conclusions de l’étude de faisabilité avec les Estagnols et les élus municipaux.
Une géologie défavorable et un impact fort sur le milieu naturel
Accompagnés des services de la Direction des Infrastructures et Grands Travaux du Pôle Développement des Territoires, c’est devant une assistance nombreuse qu’ont été exposées les contraintes environnementales, géotechniques et urbanistiques du projet. Contraintes qui semblent aujourd'hui insurmontables.
Deux tracés avaient été étudiés à partir de la route d’Entraygues pour rejoindre l’Ouradou par le versant Est de Montaurou, au travers d’une variante sud au départ de Galou, et d’une variante nord au départ du camping de l’Ouradou.
Du fait d’une géologie défavorable, parce que particulièrement instable, l’impact foncier des deux tracés se traduit par une emprise de 10 ha pour la première, dont 80 % en zone boisée jusqu’au sommet de la ligne de crête de Montaurou et de 6 ha pour la seconde sur terres agricoles.
Le secteur présente un intérêt environnemental majeur avec deux Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Floristique et Faunistique - Znieff -, une zone Natura 2000 et la présence d’espèces protégées nombreuses dont la loutre d’Europe, le chabot, l’aigle botté, le faucon circaète Jean-Le-Blanc, le hibou Grand-Duc et le pic mar. Enfin, la forêt de Montaurou est également favorable aux espèces protégées suivantes : chiroptères, lucane cerf-volant, grand capricorne du chêne.
De plus, les deux tracés sont également en secteur inscrit aux monuments historiques (chapelle de l’Ouradou), nécessitant l’approbation de l’architecte des Bâtiments de France.
Une alternative à construire
La présentation s’est déroulée en interaction avec les participants et chacun, riverains du village, habitants de l’Ouradou, voisins du Nayrac et du plateau, a pu poser les questions sur les contraintes soulevées.
Tous les participants ont également rappelé combien les conditions de la traversée d’Estaing, actuellement, génèrent des nuisances qui restent entières : grande difficulté de croisement avec les véhicules lourds et les camping-cars, sécurité des piétons… Nathalie Couseran, maire, a indiqué que la circulation dans Estaing reste une problématique, notamment en période touristique.
Constatant les difficultés issues de ces études, elle a fait part de la décision du conseil municipal d’abandonner le projet de déviation d’Estaing, en indiquant qu’elle envisage de traiter ce sujet dans le cadre de l’opération Cœur de village, notamment en ce qui concerne la circulation piétonne.
Jean-Claude Anglars a souligné que les conclusions géotechniques et environnementales rendront très difficile la reconnaissance d’utilité publique du projet dont les coûts sont également à revoir (un surcoût de plusieurs millions d’euros est à prévoir pour un budget estimé initialement à 5.6 millions d’euros).
Il a néanmoins rappelé qu’il a toujours soutenu le projet, dont il a obtenu l’inscription dans le programme départemental, mais que le Département ne ferait pas le projet contre l’avis du conseil municipal.
Il a par ailleurs proposé que les services du conseil départemental accompagnent la mairie sur l’étude de solutions alternatives et la définition d’un plan de circulation, en lien avec les riverains et les communes voisines du Nayrac, de Florentin-la-Capelle et de Saint-Amans-des-Côts, directement impactées, et dont les élus présents ont exprimé la nécessité de trouver des solutions équilibrées.
Rendez-vous a été pris pour étudier un plan de circulation global après que la commune d’Estaing a saisi le conseil départemental en ce sens.
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