Football : un Rodez royal à Monaco
Le Rodez Aveyron football a signé l’un des plus beaux exploits de son histoire samedi 7 janvier, en se qualifiant chez le cinquième de Ligue 1 après avoir été mené de deux buts. Analyse.
Les chants ruthénois ont eu raison du calme feutré de Louis-II. La course pleine de joie des joueurs après la séance de tirs au but victorieuse et les célébrations devant la petite centaine de supporters aveyronnais ont salué la qualification obtenue à Monaco, ce samedi, et souligné un exploit immense.
Le Raf a signé l’un de ses plus beaux faits d’armes en allant se qualifier chez le 5e de Ligue 1, à l’issue d’une rencontre renversante. Quatorze ans après l’inoubliable victoire contre le Paris Saint-Germain (3-1 ap), les sang et or se sont offert le scalp d’un autre géant du football français, qui plus est sur sa pelouse. Bien que relégables en Ligue 2, ils ont éteint les espoirs d’une formation bâtie pour retrouver la Ligue des champions et qui nourrissait de grandes ambitions dans cette compétition. De quoi étirer une aventure née dans le prestige d’une qualification à Saint-Etienne (0-0, 4-3 tab), un autre lieu mythique du football français.
En attendant de savoir jusqu’où cette épopée mènera Rémy Boissier et ses partenaires, cet exploit prolonge l’état d’euphorie ambiant, huit jours après l’inauguration réussie du Paul-Lignon nouvelle version face à Dijon (2-1). Elle figure, aussi, un début de mandat réussi pour le nouvel entraîneur Didier Santini, qui a déjà laissé son nom dans le livre d’or du Raf après seulement trois rencontres sur le banc. D’autant que cet exploit porte sa patte, entre audace et ajustement tactique payant, qui ont rendu possible le renversement de situation.
Car la saveur de l’exploit réside aussi dans un scénario fou, durant lequel les Aveyronnais sont passés de trépas à vie, eux qui ont été menés de deux buts dans le jeu et ont compté un penalty de retard dans la séance fatidique. Deux erreurs punies par Maghnes Akliouche (23e) et Wissem Ben Yedder (37e) sont venues sanctionner une grosse demi-heure durant laquelle l’écart de niveau s’est rappelé à tout le monde. Didier Santini a revu ensuite ses plans en abandonnant le 3-4-3 initial pour un 3-5-2 plus habituel, en faisant reculer Wilitty Younoussa au milieu de terrain. Ce changement a permis d’apporter plus de densité dans le cœur du jeu et de rapprocher Andy Pembélé et Joseph Mendes, qui se sont bien trouvés par la suite. La meilleure illustration a été la réduction de l’écart, d’une tête victorieuse du second sur un centre du premier (42e). Ce but de l’espoir est venu balayer les doutes d’un début de rencontre passé dans le camp ruthénois et des difficultés à museler les individualités monégasques.
Folle dernière demi-heure
Les tourments n’ont pas été terminés pour autant, puisque la formation rouergate a été fortement secouée par les offensives adverses au retour des vestiaires. Mais avec de meilleures attitudes défensives et un Sébastien Cibois décisif, elle a tenu bon, malgré deux énormes occasions (51e, 54e).
Paradoxalement, la pression est retombée après l’heure de jeu, lorsque Philippe Clément a fait rentrer des joueurs cadres (Aleksandr Golovin, Krépin Diatta et Youssouf Fofana). Au cours d’une dernière demi-heure folle d’intensité, les Ruthénois ont progressivement mis la main sur le match et ont fait basculer le scénario en leur faveur. Dans le sillage d’un Pembélé intenable, et grâce à l’élan apporté par les entrants, à commencer par Bradley Danger et Clément Depres, ils ont fait vaciller Axel Disasi et ses partenaires.
Aymen Abdennour est venu punir son ancienne équipe à la suite d’un corner (80e), mais l’égalisation aurait pu venir plus tôt, entre la tête au ras du poteau du défenseur tunisien (60e), le face-à-face manqué de Pembélé (70e) ou encore le penalty qu’aurait pu obtenir le joueur prêté par le Paris FC (79e). Les visiteurs ont aussi eu la plus belle occasion de 3-2 dans les dernières minutes, mais Thomas Didillon a sorti un exploit devant Clément Depres pour laisser son équipe en course (88e).
Un arrêt pour rien, en quelque sorte, puisque la séance des tirs au but a souri au Petit Poucet, pourtant mal embarqué lorsque Killian Corredor a trop écrasé sa tentative. Aleksandr Golovin, d’un tir passé au-dessus de la transversale et probablement de la tribune, a manqué la qualification, revenue aux Ruthénois, après un exploit de Cibois et un dernier coup de patte de Pembélé. De quoi récompenser de la meilleure des manières leur courage, leur ardeur et leur abnégation. Un cocktail gagnant, qui pourrait être la recette d’autres bonheurs s’il est de nouveau appliqué dans les mois à venir.
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