Aveyron : pourquoi cet hiver trop doux complique-t-il l’élevage des ovins ?

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  • Cet été, Thierry Agrinier déplorait une saison historiquement sèche.
    Cet été, Thierry Agrinier déplorait une saison historiquement sèche. Michaël Esdourrubailh
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Alexis Roux

Après une année avec températures élevées, des éleveurs changent leurs habitudes.

Si vous arpentez régulièrement les chemins ou les routes du département, une chose a dû vous surprendre en jetant un œil sur les prés. Alors que nous sommes début janvier, des bêtes continuent de pâturer, comme à la belle saison, profitant d’une herbe plutôt généreuse pour la période.

Une situation rare, où traditionnellement, les mois de décembre et de janvier mènent les brebis sud-aveyronnaises dans les bergeries, pour y passer l’hiver au chaud. "C’est vrai qu’on n’est pas habitués à ça, reconnaît Thierry Agrinier, secrétaire général adjoint de la FDSEA. Il y a pas mal d’éleveurs qui effectivement, se servent de ces beaux jours pour profiter de l’herbe."

Un possible impact sur les prochaines récoltes

Mais ce petit coup de pouce est en réalité plutôt loin de représenter une bonne nouvelle. Déjà, car tout le monde ne peut pas en profiter. "Pour beaucoup d’exploitations, les brebis sont en période de mise bas, c’est mon cas par exemple, et à ce moment-là, elles ne peuvent plus se déplacer jusqu’aux champs", explique Bertand Bonnefous, éleveur d’ovins au Gaec des Vals, à proximité de Saint-Germain.

Mais également, ceci peut avoir un impact sur les prochaines récoltes. "Le passage des bêtes tasse le sol, ça peut freiner les productions", poursuit Bertrand.

Pour ces agriculteurs, plutôt exaspérés par l’année qu’ils viennent de vivre, les récentes conditions météo ont permis une première bonne nouvelle, celle de semis encourageants pour la suite. "C’est prometteur, avec la douceur du temps, les plantes ont bien germé", analyse Thierry Agrinier, basé a proximité de Roquefort.

Mais là aussi, la prudence est de rigueur. "Il nous faudrait un bon coup de froid", livre-t-il, et Bertrand Bonnefous en explique la raison. "Avec ce soleil, il ne faut pas que les céréales se croient au printemps, sinon la suite sera catastrophique, des gelées permettraient de freiner une pousse trop rapide."

En cette période difficile, conjuguant une météo de tous les records avec des coûts en hausse, liés à la conjoncture économique mondiale et aux récoltes moindres de l’an passé, les éleveurs ont dû s’adapter. "Ce qu’on remarque en premier lieu, c’est que les troupeaux ont diminué, avec une baisse des stocks, et des achats pour compenser le tout", résume le producteur de lait pour l’AOP roquefort.

En effet, la vente de certaines têtes de bétail a financé l’achat de fourrages. Car le coût global de production, englobant entre autres, l’énergie, les engrais et les aliments, a augmenté "entre 30 à 50 %" par rapport au début de l’année 2022.

Un phénomène qui inquiète du côté de Saint-Germain, "c’est la seule solution que l’on a, mais si on vend tous une partie de nos bêtes maintenant, on va manquer de lait", alerte Bertrand Bonnefous.

Face à une situation globale qui reste difficile, tous s’accordent sur un fait, "il nous faut une année normale".

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