Le Calendrier de l'Après : produire et stocker son électricité, rêve ou réalité ?

  • Même si elles demeurent encore confidentielles, il existe déjà quelques solutions pour générer sa propre énergie électrique chez soi.
    Même si elles demeurent encore confidentielles, il existe déjà quelques solutions pour générer sa propre énergie électrique chez soi. Riccardo Annandale / Unsplash
  • Vincent Schachter
    Vincent Schachter Courtesy of Vincent Schachter
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - En 2023, on pourra tous, ou presque, gérer sa propre électricité, que ce soit en la produisant, en la stockant ou bien les deux en même temps. Aujourd’hui, la technologie existe pour pouvoir produire de l'électricité, mais aussi et surtout la conserver et pouvoir ainsi l'utiliser en cas de besoin. Devant la hausse du prix de l’énergie et les risques de pénuries, de plus en plus de foyers franchissent le cap et se créent leur propre réserve d'électricité, même si ces solutions sont encore loin de permettre l’autosuffisance énergétique. Voici l'épisode 4 de notre Calendrier de l'Après, cahier de tendances 2023.

Produire de l’électricité avec des panneaux solaires

S’ils existent, les systèmes de productions locales d’énergie sont encore limités. Pour l’instant, seule l’utilisation de panneaux solaires permet de fournir assez d’énergie pour dépanner et faire quelques économies sur sa facture d’électricité. Vincent Schachter, chercheur spécialisé dans les technologies liées à la fourniture d’énergie, actuellement PDG de la startup Pelikan Mobility, prévient : "vous ne pouvez pas produire suffisamment d'électricité en local avec des panneaux solaires, d'autant qu'elle est réinjectée dans le réseau. Les gens peuvent imaginer qu'en produisant un peu d'électricité, tranquille chez soi, ils vont subvenir aux besoins de leur famille. Mais en fait, ce n’est pas vrai. Si vous produisez de l'électricité avec des panneaux solaires dans un pays moyennement ensoleillé comme la France, ça ne suffira pas".

En effet, même dans des conditions d'orientation et d'ensoleillement optimales, il faut compter près de 30m2 de panneaux solaires à fort rendement pour arriver à une production équivalente de 5000 kWh dans l'année, là où une maison de 100m2 va en consommer en moyenne aux alentours de 15000 par an, selon des données publiées par Engie.

Le défi n’est donc pas tant de produire sa propre énergie que de la stocker, pour pouvoir pallier une pénurie d’électricité ou répondre à un besoin exceptionnel.

Une batterie électrique à domicile

La meilleure solution pour stocker de l’énergie chez soi consiste à investir dans un système de batterie installé au coeur du foyer. Parmi les solutions les plus connues figure le Powerwall de Tesla, qui peut même être rechargée avec de l'énergie propre lorsqu'elle est associée à des panneaux solaires. Comme l'énergie est ici stockée, cela signifie que vous pouvez l’utiliser au moment où vous en avez besoin et que vous avez donc une certaine autonomie en cas de coupure.

Toutefois, ce type d’installation ne séduit pas encore beaucoup en France, où les mentalités ont du mal à changer, comme l’explique Vincent Schachter : "ce sont des solutions qui ne sont pas très développées chez nous, mais qui marchent déjà bien dans des pays qui ont une culture de l'autonomie, dans des grands espaces comme les Etats-Unis, le Canada ou l'Australie. Davantage en tout cas que dans les grandes métropoles où la majorité des gens vivent en appartement".

La batterie de sa voiture comme source d’énergie

En revanche, un autre mode de stockage pourrait rapidement dépanner particuliers et professionnels. En effet, avec l’essor de la voiture électrique, il est d’ores et déjà techniquement possible d’utiliser l’énergie stockée dans les batteries pour alimenter en électricité à proximité une maison ou simplement soutenir le réseau de distribution d'énergie local. C’est l'idée de charge bidirectionnelle (V2G). Pour le moment, cette technologie est encore en phase de test. Peu de modèles sont encore compatibles et les infrastructures sont rares.

Pour Vincent Schachter, cette solution n’est toutefois pas encore prête à se démocratiser : "d'un point de vue technologique, on sait faire des bornes de recharge bidirectionnelles, mais pour que tout fonctionne, il faut que vous ayez un gestionnaire de réseau et un système électrique qui sachent correctement gérer la réinjection de l'électricité dans le réseau. En France, c'est quelque chose qui se joue entre la Commission de régulation de l'énergie et les gestionnaires de réseau Enedis". Le point positif, c’est que le standard de prise de bornes de recharge (CCS) prend désormais en charge le bidirectionnel, ce qui pourrait considérablement accélérer son développement. "Le V2G lui aussi va finir par arriver parce que en réalité c'est pas très compliqué à mettre en œuvre, mais il faudra mettre beaucoup de gens d'accord pour sortir un business model qui tienne la route. C'est une idée sexy, mais ça ne va pas non plus révolutionner le monde".

"Ce n'est pas demain que l'on va pouvoir recharger son foyer à l'aide de cette technologie, explique Vincent Schachter. En revanche, pour des applications business, alors là oui, ça se fera peut-être plus rapidement, notamment dans les cas où vous avez des véhicules avec un parcours parfaitement prévisible, qui vont ensuite se garer au dépôt avec des bornes de recharge V2G et des grosses batteries, typiquement des bus par exemple. Cela commence déjà à se faire, notamment aux Etats-Unis". Outre-Atlantique, diverses expériences permettent en effet à des bus ou encore des cars scolaires électriques de réinjecter de l'énergie stockée dans leur batterie vers le réseau local.

Des apps pour contrôler sa consommation

Finalement, la solution qui existe déjà et qui peut permettre facilement de gérer sa consommation électrique, c’est le contrôle de la demande. Il s'agit ici d'optimiser le fonctionnement d'un équipement qui consomme beaucoup d’énergie en décalant son utilisation dans le temps. Il y a beaucoup d'équipements pour lesquels vous pouvez optimiser la consommation électrique avec un peu d'intelligence logicielle derrière, via une application dédiée. "Je pense que le contrôle de la demande va devenir plus général et il y aura une grosse compétition entre les différents fournisseurs de solutions pour proposer des solutions qui tiendront la route", explique Vincent Schachter.

Même si des solutions existent, "ce n'est clairement pas demain que tout le monde sera producteur de sa propre électricité, même si c'est un truc marrant à raconter'', conclut Vincent Schachter. "Culturellement, les Français n'ont pas l'habitude de penser à l'énergie comme quelque chose qu'ils doivent gérer personnellement".

Aujourd’hui, le système commence doucement, mais sûrement à se décentraliser, parce qu’il y a désormais davantage de ressources énergétiques, avec les voitures électriques, les panneaux électriques, etc., mais il est encore beaucoup trop tôt pour pouvoir affirmer que tout un chacun va pouvoir générer sa propre production d’électricité dans un avenir proche.

Le Calendrier de l'Après :

"Mieux, différemment, moins" n'a jamais pris autant de sens qu'en 2022. Dans un monde bouleversé par le dérèglement climatique, l'inflation ou la crise énergétique, la sobriété est de mise, dans nos armoires, nos déplacements ou nos assiettes. Et ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle. Car la sobriété peut être aussi choisie, heureuse et créative. C'est ainsi que nos tendances 2023 évoquent le kif d'arrêter ; la grosse flemme, le nouveau beau ; l'IA se prend pour un artiste ; la levure, l'ingrédient qui monte ou demain, tous producteurs de notre électricité, sans oublier nos 23 mots qu'on se surprendra à utiliser en 2023... Retrouvez toutes les tendances dans le Calendrier de l'Après 2023... Bonne lecture.

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